C’est quoi ces « rails décarbonés » que SNCF Réseau a commandés pour un milliard d’euros ?

Un contrat d’un milliard d’euros de rails. SNCF Réseau, gestionnaire des infrastructures ferroviaires en France, vient de passer une commande « gigantesque » auprès de l’usine Saarstahl Rail d’Hayange (Moselle), pour la régénération de ses voies.
Surtout, pour la première fois, il s’agit de rails « décarbonés ». Comprendre que ces rails seront fabriqués à partir d’acier recyclé, provenant de l’usine Ascoval à Saint-Saulve (Nord), également propriété du groupe Saarstahl, et d’anciens rails de la SNCF.
Un « rail vert » qui serait « quatre fois moins carboné que le rail classique »
« Nous avons passé en tout un contrat d’1,3 milliard auprès de quatre fournisseurs, mais le plus important est celui passé à Saarstahl Rail, pour un milliard d’euros, précise à 20 Minutes Olivier Bancel, directeur général « Projets, Maintenance et Exploitation ». Il figure parmi les plus gros contrats jamais passés par SNCF Réseau. »
La commande à Saarstahl Rail porte sur l’achat d’un minimum de 110.000 tonnes de rails par an pendant six ans, ce qui couvrira 80 % des besoins de SNCF Réseau sur la période et assurera la pérennité de près de 800 emplois sur les sites d’Hayange et de Saint-Saulve. Elle participe aussi à la mise en place d’une économie circulaire entre ces différents partenaires, puisque l’acier utilisé vient à 65 % de ferraille recyclée et 35 % d’anciens rails de la SNCF.
« Saarstahl Rail bénéfice de matière première provenant de chez Ascoval, qui fabrique son acier à partir d’acier recyclé, via une énergie électrique », explique Olivier Bancel. Concrètement, le rail est fabriqué à partir de « blooms », des poutres en acier recyclé, fondues grâce à une énergie électrique « bien moins carboné que lorsque le rail est fondu à partir d’une énergie utilisant du gaz, du pétrole ou du charbon. »
De son côté, SNCF Réseau a décidé d’incorporer dans cette filière ses propres rails. Chaque année, quelque 150.000 tonnes d’acier sont en effet retirées (ou déposés) du réseau. « Environ un tiers de ces vieux rails sont ainsi revendus directement à notre partenaire industriel Saarstahl pour la production de rails neufs à partir d’acier 100 % recyclé. » Ce « rail vert » serait ainsi « quatre fois moins carboné que le rail classique » soutient Olivier Bancel.
Un processus lancé « sur à peu près tous les matériaux que nous utilisons »
Désormais, 100 % des anciens rails sont valorisés, puisque « 6 % sont directement réutilisés en voie et 94 % sont recyclés : une partie en fonderie, donc, l’autre étant revendue à des ferrailleurs » détaille Olivier Bancel.
La durée de vie d’un rail « varie entre 25 et 50 ans », selon qu’il s’agisse d’une ligne TGV ou TER, et selon la fréquence des passages des trains. « En règle générale, les rails de la grande vitesse peuvent être réutilisés, parce qu’on les retire plus tôt et ils sont encore en assez bon état au moment de la dépose. Globalement, nous essayons de faire durer nos rails au maximum, et nous leur donnons une seconde vie. »
Ce processus d’économie circulaire a été lancé « sur à peu près tous les matériaux que nous utilisons » poursuit Olivier Bancel. « Nous déposons ainsi 1,4 million de tonnes de ballast [structure qui permet de maintenir les voies] par an, 30 % sont réutilisées sur place, et 70 % sont triées dans des bases travaux pour être soit réutilisées sur d’autres lignes, soit envoyées dans des entreprises du BTP pour servir de sous-couches routières. Et nous allons nous attaquer prochainement aux traverses et au cuivre, pour avoir la même approche. »
SNCF Réseau est ainsi la seule entreprise ferroviaire en Europe « à avoir créé, à cette échelle, une filière d’économie circulaire » assure Olivier Bancel.