C’est quoi ce concept de café céramique qui fait des petits un peu partout ?
On a connu les bars à chats, les bars à sieste, les bars à jeux et tout un tas d’autres concepts plus ou moins inspirés. Depuis quelques mois, une nouvelle tendance, plus manuelle, a gagné les troquets des grandes villes. On ne parle pas là du lever de coude, toujours très en vogue, mais de l’engouement croissant pour la céramique. « Les gens ont besoin de se poser, de souffler et de fabriquer des choses par eux-mêmes », confirme Anaëlle Rouaud.
Cette ancienne éducatrice spécialisée dans la protection de l’enfance a ouvert en janvier L’Émaillerie, le premier café céramique à Rennes, où un deuxième a depuis vu le jour. Pratiquant la poterie en loisir, elle a découvert ce concept venu des pays anglo-saxons lors d’un séjour à Montréal il y a cinq ans. « J’ai tout de suite adoré l’idée du lieu qui allie créativité et convivialité », indique-t-elle.
« La peinture sur céramique est très accessible »
En ce jeudi neigeux de novembre, son café est bien bondé pour un début d’après-midi avec une quinzaine de personnes inscrites pour l’atelier qui durera deux heures. Après un petit briefing, les convives doivent d’abord choisir « un biscuit », autrement dit la pièce en céramique qu’ils souhaitent peindre. On retrouve sur l’étagère de la vaisselle comme des mugs, des pichets ou l’assiette tartine qui fait un carton. Mais aussi des objets de déco et même des gamelles pour animaux.
La partie créative peut alors démarrer, chacun y allant de sa technique pour peindre et personnaliser son objet avec les nombreux pinceaux et accessoires mis à disposition. « Contrairement à la poterie où il faut avoir pris des cours, la peinture sur céramique est très accessible, assure Anaëlle Rouaud. On n’a pas besoin d’avoir fait arts appliqués pour fabriquer quelque chose de sympa ». Accompagnée de sa fille, Jeannine customise avec du masking tape son pot de fleurs qu’elle peindra ensuite. « Je n’ai aucun talent artistique donc on verra bien le résultat », sourit-elle.
Après la création, place à l’émaillage et à la cuisson
A deux tables de là, Alice a opté pour un mug poussin qu’elle a dessiné elle-même. Avec une concentration maximale à chaque coup de pinceau. « Je me suis inspirée d’un modèle que j’ai vu sur Pinterest », indique la jeune femme, qui a découvert le concept de café céramique il y a deux mois et a « adoré ». « J’aime bien l’idée de faire une activité en allant dans un café, il y a quelque chose d’apaisant et cela me permet de passer un bon moment avec ma maman », confie-t-elle. A la fin de l’atelier, chaque participant remet son chef-d’œuvre à la maîtresse des lieux qui va se charger de plonger chaque pièce dans un bain d’émail « pour la vitrifier et la rendre imperméable » avant de la cuire dans un four à plus de 1.000 degrés.
Pour découvrir le résultat, rendez-vous une semaine plus tard. Venue avec des collègues de boulot lors d’un « team building », Lucie vient justement récupérer sa tasse personnalisée sur laquelle elle a peint une baleine et une raie manta et créé un effet bulles à l’intérieur. « C’est magnifique, je suis trop contente », s’exclame-t-elle devant ses amis, tous ravis aussi de découvrir leur création. « Beaucoup sont surpris car il y a une grosse différence entre le rendu et le résultat final car la couleur évolue à la cuisson », précise Anaëlle Rouaud.
A peine le premier atelier terminé, la trentenaire, qui sert aussi le café et les pâtisseries, doit déjà enchaîner avec d’autres convives. Preuve que le concept marche et dépasse le simple effet de mode. « Je suis complète jusqu’à mi-janvier et à chaque fois que je libère des créneaux, cela part très vite », assure la gérante de L’Émaillerie, ravie bien sûr que son lieu « chaleureux et bienveillant » ait trouvé ses artistes.