« C’est insupportable »… Ces relous qui téléphonent en haut-parleur dans les transports en commun
Ce nouvel article sur les relous trouve son origine par un paisible dimanche de février, dans la mezzanine de la gare de Nantes. Un homme qui attend son train est au téléphone avec sa sœur. Son tort ? Il est en haut-parleur. Des agents de la SNCF l’entendent et décident de le verbaliser. Une amende de 150 euros majorée à 200 euros, car l’homme en question refuse de la payer.
Depuis sa publication sur notre site mercredi, cet article a fait l’objet d’un torrent de réactions. Si certains s’offusquent du montant de l’amende, une écrasante majorité applaudit face à ce fléau qui pourrit la vie de millions de voyageurs chaque jour. Car oui, disons-le clairement, les gens qui téléphonent, font des face-cam ou enchaînent les vidéos et shorts en haut-parleur, c’est super relou.
Pourquoi c’est méga relou
Doit-on vraiment argumenter du pourquoi ? Pour savoir ce que les gens en pensent, nous avons posé la question à plusieurs personnes attendant leur bus sur la place de la République, à Rennes. Et à l’unanimité, les relous ont tort. « C’est un truc qui m’agace parce que ça embête tout le monde. Tu n’as pas besoin d’entendre les problèmes et les histoires des autres », témoigne Claude, assise, téléphone en main, qui a l’impression « qu’on en voit de plus en plus. » Casquette sur la tête, Santos attend le bus C4. « J’en vois de temps en temps qui téléphonent comme ça dans le bus. C’est vraiment pénible parce que ça gêne tout le monde ». Assis un peu plus loin, Pierre est sur YouTube, écouteurs accrochés aux oreilles. « Je trouve ça insupportable. Franchement, tu n’as pas envie d’entendre la vie des gens. Tu as des types qui enchaînent les vidéos sur Insta ou sur TikTok et toi, tu entends tout. Je déteste ça ».
Daphné, 19 ans, nous accorde quelques instants pour parler de ce fléau grandissant avant de repartir bosser. « C’est tellement pénible les gens qui font ça. En plus, ils parlent toujours hyper fort à cause du bruit du bus ou du métro. Tu entends tout, tu connais toute leur vie ». L’occasion rêvée d’en savoir plus sur les relations intimes d’un couple inconnu ou sur l’état du compte en banque de parfaits étrangers.
Son amie Chimka est un peu plus mesurée sur la nuisance sonore. « Parce que j’ai toujours de la musique dans mes écouteurs, donc j’entends moins ». Ce qu’elle ne supporte pas, c’est de voir la personne en Facetime à l’écran. Ou pire, de voir qu’elle est elle-même filmée. « Tu as des gens, ils montrent tout ce qu’il se passe autour d’eux. Quand tu es assis à côté, tu te vois dedans. Mais, j’ai pas envie de ça moi ! Faites ça chez vous », s’agace la jeune femme de 22 ans.
Voilà ce qu’en pensent les quelques Rennais que l’on a croisés. Mais pour s’assurer qu’ils n’étaient pas les seuls à s’agacer de ces relous du haut-parleur, on a aussi posé la question aux plus fins connaisseurs des transports en commun : les Parisiens. « Ça m’arrive au moins une fois par jour dans le RER », confirme Lise. « Il y a les personnes qui appellent en Facetime comme s’ils étaient au milieu de leur salon alors qu’il y a à peu près 40 personnes autour d’eux. J’ai aussi vu beaucoup de jeunes femmes faire des vocaux interminables où elles racontent leur vie dans les moindres détails et n’ont manifestement pas de problème à la partager avec toute la rame. » Les Parisiens partagent donc le même constat.
Ce que dit la loi sur ce truc relou
Dans la rue, on ne peut pas vraiment dire grand-chose. Mais dans les transports en commun, vous pourriez être verbalisé si l’agent estime que vous nuisez à la tranquillité des autres voyageurs. Pour verbaliser le voyageur qui téléphonait en haut-parleur à Nantes, les agents de la SNCF se sont appuyés sur l’article R2241-18 du Code des transports qui dit ceci : « Dans les espaces et véhicules affectés au transport public de voyageurs ou de marchandises, il est interdit à toute personne de faire usage, sans autorisation, d’appareils ou instruments sonores, ou de troubler la tranquillité d’autrui par des bruits ou des tapages ». Montant de la verbalisation : 150 euros.
Mais les contraventions sont très rares. Un contrôleur de la SNCF explique que dans la pratique, on passe d’abord par « des remontrances pédagogiques », qui suffisent bien souvent à mettre fin à cette incivilité.
Les arguments des relous
On a eu beau chercher, on n’a trouvé personne qui osait nous avouer qu’il usait du haut-parleur dans les transports en commun. Mais on a quand même quelques pistes d’habitués qui peuvent nous permettre de mieux comprendre pourquoi l’usage du haut-parleur s’est tellement développé. « Quand je suis toute seule, ça m’arrive de le faire, même dans la rue. Je trouve ça plus confortable. Quand je mets le téléphone à l’oreille, j’ai l’impression de ne rien entendre », confesse Daphné. On peut aussi se tourner vers la tendance récente au vocal. Car si plus personne ne laisse de message sur les répondeurs, le fait d’enregistrer ses messages notamment via WhatsApp a explosé.

Un autre argument pour le haut-parleur : le fait d’avoir les mains libres. Pierre reconnaît que dès qu’il rentre chez lui, il bascule systématiquement en haut-parleur. « Parce que je vis seul et que je peux faire autre chose en même temps. Je fais à manger, je joue à la console avec des potes ». Voilà qui permet de se « rapprocher » un peu de ses amis, faire comme s’ils étaient là. A l’entendre, les oreillettes ou le casque n’apportent pas la même sensation.
Pour en savoir plus sur les relous du quotidien
C’est quoi le truc infaillible pour faire comprendre au relou qu’il est relou ?
C’est là que c’est plus compliqué. Alors, évidemment, on peut tout simplement demander gentiment à la personne de respecter les autres. Mais encore faut-il oser. « Je l’ai déjà fait remarquer à des gens et ils ont arrêté. Mais j’hésite toujours un peu, car je ne sais pas comment ils vont réagir », avoue Claude. « Ma première technique c’est de les fixer en leur faisant des gros yeux », explique Lise. Autre solution : « Des fois, je souffle très fort ou je dis à la personne en face de moi que c’est pénible », conseille la Parisienne. « J’ai conscience de paraître pour une vieille aigrie mais franchement si on faisait toutes et tous ça, ce serait invivable ». Soyons honnêtes, quand on n’ose pas le dire, on espère secrètement qu’un autre le fera pour mettre fin au brouhaha.