César 2025 : Qui va pouvoir en poser sur sa cheminée ?

Catherine Deneuve a bien choisi son année pour présider la cérémonie des César qui se déroulera ce vendredi à l’Olympia. Rarement la manifestation aura réuni autant de films plébiscités à la fois par le public et les professionnels. Le Comte de Monte-Cristo avec ses quatorze nominations, L’Amour ouf, cité treize fois et Emilia Pérez, cité douze fois ont fait le plein de spectateurs avant d’être distingués par le monde du 7e Art.
Serait-ce enfin l’année où les César ne seront plus taxés de faire de « l’entre-soi » parce qu’ils réconcilieront les pros et le public ? On trouvera des éléments de réponse à cette question sur Canal+ en clair à partir de 21h. En attendant la grande fête présentés par treize maitresses et maitres de cérémonie, 20 Minutes s’est lancé dans les pronostics
Meilleur film : « Le Comte de Monte-Cristo »
Le cinéma français nous a gâtés cette année donc les concurrents sont nombreux. On miserait bien sur Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, gros succès commercial et divertissement populaire luxueux. Rappelons que le César du meilleur film récompense les producteurs. Dimitri Rassam et Jérôme Seydoux ont clairement eu du nez avec ce projet très « qualité française » à savoir efficace et solidement charpenté. Il serait tout à fait légitime qu’il remporte la statuette avant que son équipe se lance dans un nouveau projet ambitieux : Les Rois maudits.
Meilleure réalisation : Jacques Audiard pour « Emilia Pérez »
On voit mal comment le César n’arriverait pas entre les mains du réalisateur d’Emilia Pérez, donné très largement favori (et c’est mérité !). Les polémiques qui ont entaché la réputation du film ne vont dans doute pas peser dans la balance au point d’empêcher les votants de le favoriser. Du point de vue de la mise en scène, Emilia Pérez est vraiment dans la tête du peloton. Jacques Audiard, cinéaste septuagénaire, se renouvelle si brillamment qu’il semble difficilement contournable bien que Gilles Lellouche et son Amour ouf puisse faire figure d’outsider.
Meilleure actrice : Zoe Saldana pour « Emilia Pérez »
On a longtemps misé sur Karla Sofía Gascón pour le rôle-titre d’Emilia Pérez. L’actrice trans est époustouflante dans le rôle d’un narcotrafiquant qui fait sa transition avant de voir son passé le rattraper. Les nombreuses casseroles que traîne la dame risquent de lui coûter la statuette bien que les Français, frondeurs par nature, puissent décider de la lui décerner tout de même. Il est pourtant probable que le prix revienne à l’excellente Zoe Saldana qui incarne son avocate dans le film de Jacques Audiard.
Meilleur acteur : Pierre Niney pour « Le Comte de Monte-Cristo »
Il coche toutes les cases : Pierre Niney est populaire (très), c’est un excellent comédien et ses multiples transformations dans Le Comte de Monte-Cristo lui donnent un avantage certain sur ses rivaux. Il est épatant dans le film au point de damer le pion à Karim Leklou, bouleversant dans Le Roman de Jim et à Benjamin Lavernhe, également fort touchant dans En Fanfare. On voudrait pouvoir couper le César en morceaux.
Meilleurs seconds rôles : Sarah Suco dans « En Fanfare » et Alain Chabat pour « L’Amour ouf »
On n’aimerait pas avoir eu à voter pour cette catégorie car les belles performances se bousculent au portillon ! Il va donc falloir faire des prévisions au doigt mouillé. Sarah Suco apporte un élan de tendresse supplémentaire à En Fanfare ce qui devrait lui permettre de battre Catherine Frot dans Miséricorde. Quant à Alain Chabat, il est si touchant et si juste en papa dans L’Amour ouf qu’il semble difficile de plus préférer un autre comédien à part peut-être David Ayala, lui aussi épatant dans Miséricorde d’Alain Guiraudie.
Révélation féminine : Mallory Wanecque dans « L’Amour fou »
La catégorie « révélation » semble avoir été inventée pour elle cette année. Elle était déjà épatante au début de sa carrière dans Les Pires. Mallory Wanecque confirme son talent en jouant la version adolescente du personnage d’Adèle Exarchopoulos dans L’Amour ouf de Gilles Lellouche. Son charisme naturel la rend encore plus marquante que son aînée pour un rôle qui la met particulièrement en valeur. Dommage pour Megan Northam et sa composition brillante de djihadiste dans Rabia.
Révélation masculine : Abou Sangare dans « L’Histoire de Souleymane »
Bien qu’il soit étonnant, ce n’est probablement pas que pour sa prestation qu’Abou Sangaré va l’emporter avec L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine. Ce mécanicien guinéen a été régularisé grâce à son rôle de livreur en quête de papiers et parle maintenant de poursuivre sa carrière au cinéma. Ce conte de fées et sa récompense au Festival de Cannes le placent en favori. Mais on ne peut pas tout à faire écarter Malik Frikah, qui incarne François Civil jeune dans L’Amour ouf de Gilles Lellouche, des lauréats potentiels.
Meilleur premier film : « Vingt dieux »
C’était l’un des succès surprise de l’année avec près d’un million de spectateurs. Vingt dieux de Louise Courvoiser partait pourtant de loin : les aventures d’un jeune fermier décidé à imposer son comté à un concours agricole n’avaient, a priori, pas de quoi attirer des foules de spectateurs mais la fraîcheur de cette chronique a séduit le public et les professionnels. On me donne donc gagnant malgré la présence dans la même catégorie d’Un P’tit truc en plus, seule nomination pour le film d’Artus. Les votants favorisent rarement les triomphes au box-office estimant sas doute que leur triomphe commercial constitue une récompense suffisante.
Meilleur(s) scénario(s) : « En fanfare et « La Plus précieuse des marchandises »
C’est là qu’En Fanfare, l’excellent film d’Emmanuel Courcol rencontre de fort bonnes chances d’être récompensé. L’intelligence et la sensibilité d’un scénario original, coécrit par le réalisateur et Iris Musacari, sont un autour majeur pour le film. Les retrouvailles de deux frères séparés à la naissance célèbrent la musique autour de Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin et Sarah Suco. Le public les a suivis et c’est mérité.
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Le César de la meilleure adaptation pourrait revenir Michel Hazanavicius et à Jean-Claude La Plus précieuse des marchandises. Ce conte animé livre un message de solidarité en montrant comment un bébé a été sauvé des camps de la mort par une paysanne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Meilleur film étranger : « Les Graines du figuier sauvage »
Là aussi, la concurrence est rude. Le fort drôle Anora de Sean Baker, Palme d’or cannoise, a été beaucoup vu ce qui lui permet d’attirer les suffrages. The Substance de Coralie Fargeat donnerait une chance de récompenser la réalisatrice française qui a réalisé aux Etats-Unis ce film archi gore et féministe pour lequel Demi Moore devrait décrocher un Oscar. On penchera cependant pour le magnifique Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof. Ses portraits de femmes iraniennes se révoltant contre les persécutions qu’elles subissent méritent d’être mis en avant.