France

Certification, charte… Les tentatives du cinéma français pour mettre fin au harcèlement et violences sur les plateaux

Le changement c’est maintenant ? La multiplication des révélations concernant des cas d’abus sur les tournages oblige les professionnels du cinéma à imaginer des solutions pour garantir la sécurité des salariés et intervenants sur les plateaux. Aux Rencontres de l’ARP (Société civile des Réalisateurs et Producteurs), le sujet est pris très au sérieux et est au cœur de l’un des nombreux débats prévus pendant trois jours au Touquet dans les Hauts-de-France.

Ce mercredi en fin de journée, les cinéastes Céline Sallette et Jérôme Enrico ont mené une conversation nourrie sur le phénomène #MeToo et les solutions à adopter pour contrer les comportements toxiques. Le débat « Cinéma sans violences, un autre scénario possible ? » a réuni des personnalités impliquées dans ce combat. Parmi elles, les productrices Caroline Bonmarchand et Alice Girard, fondatrices du Groupe Respect ( « Réactivité, Éthique, Sécurité, Professionnalisme, Efficacité, Confiance, Transparence ») à l’automne 2023, sont particulièrement actives.

De la création à la distribution

C’est parce qu’elles se sont senties bien seules après avoir vécu des expériences problématiques sur leurs tournages que les deux productrices ont consulté d’autres professionnels pour chercher des solutions. Le groupe Respect a donné la parole à divers membres de la profession, tous métiers et corporations confondus, pour entendre les divers sons de cloches. Après six mois de rencontres hebdomadaires, une charte a été établie.

« Le droit du travail protège d’un certain nombre choses, mais il ne correspond pas forcément à la temporalité du cinéma, explique Caroline Bonmarchand. La Charte est un rappel à la loi qui ne concerne pas que le producteur : tous les membres de l’équipe s’engagent à la respecter. Nous nous sommes livrés à une réflexion transversale et avons articulé notre réflexion sur trois axes qui la prennent en compte. » La charte ne cible pas que le tournage mais aussi sa préparation et l’après (quand une œuvre a été endommagée par un scandale). L’action du groupe Respect englobe les projets de leur création à leur sortie.

Création d’un label « Respect »

« La violence est parfois invisible, précise Céline Salette. Il faut aussi parler du harcèlement quand il n’est pas sexuel ». Message reçu par le groupe Respect qui souhaite faire du cinéma un milieu exemplaire. « Il est temps de lutter contre le mythe du sacro-saint cinéaste et de se souvenir qu’un film est un processus collectif », martèle Alice Girard. Car un scandale ne touche pas que la victime. Il implique toute l’équipe et l’avenir du film. « Ce qui fait que les gens hésitent encore à parler, parce qu’ils savent qu’ils peuvent mettre en péril non seulement leur carrière mais aussi le projet tout entier », insiste Alice Girard.

D’où l’idée judicieuse de mettre toute l’équipe dans la boucle en amont. « Un label Respect qui impliquerait tout le monde serait une bonne façon de responsabiliser la filière de » précise Caroline Bonmarchand. Un travail de formation est aussi prévu, notamment pour les élèves des écoles de cinéma. Des mesures qui devraient rendre le monde du cinéma plus sûr et épanouissant sur les plateaux et en dehors.