Censure du gouvernement : Quels noms sont évoqués pour succéder à Michel Barnier ?
Emmanuel Macron affirme ne « pas croire » à la chute de Michel Barnier, tout en lui cherchant discrètement un successeur. Mais aucune solution ne garantit la stabilité. Discrètement, il interroge ses différents cercles, « teste large », y compris avec des « trouvailles provocatrices », selon un de ses amis. Même si globalement, les mêmes noms que l’été dernier reviennent.
Sébastien Lecornu
Le ministre des Armées avait déjà été pressenti début 2024, quand Gabriel Attal avait débarqué à Matignon. Une partie de l’entourage d’Emmanuel Macron pousse cette option, notamment son conseiller de l’ombre Thierry Solère. « Ce n’est vraiment pas le sujet », répond mardi le ministre dans Le Parisien, évoquant « le jeu pas toujours bienveillant » de ceux qui font circuler son nom.
Nommer un fidèle macroniste, au gouvernement depuis 2017, ne correspond en tout cas pas au « parfum de cohabitation » recherché par les stratèges présidentiels après la défaite aux législatives. Et Sébastien Lecornu serait, a priori, confronté aux mêmes difficultés pour faire adopter le budget.
François Bayrou
Le nom du patron du Modem revient aussi à chaque remaniement — souvent promu par l’intéressé lui-même. « Evidemment que François Bayrou est dans cette disposition d’esprit », souligne le chef des députés du parti centriste, Marc Fesneau.
Cette fois, des proches de l’allié historique du président pensent que « l’alignement » des astres est peut-être propice, si Emmanuel Macron fait le choix d’un poids lourd politique. Relaxé, en février, dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, il n’a plus d’obstacle juridique sur sa route.
Pour ses partisans, le centriste ne serait pas le plus mal placé pour convaincre au moins une partie des socialistes de ne pas censurer d’emblée le futur exécutif, tout en n’étant pas un irritant pour le RN.
Bernard Cazeneuve
Il y a trois mois, le président n’avait pas voulu désigner l’ancien Premier ministre, faute de garanties de la part du PS. Cette fois, le risque serait de perdre le soutien de LR sans avoir l’assurance de gagner celui d’une partie de la gauche.
Bernard Cazeneuve n’a pas non plus l’aval de toute la gauche. « Il n’a soutenu ni Raphaël Glucksmann aux élections européennes ni le NFP aux législatives. Il ne s’est jamais exprimé sur ce qu’il voudrait faire s’il arrivait à la tête du gouvernement. Ce serait paradoxal de nommer quelqu’un au nom d’une victoire, celle du NFP, à laquelle il n’a pas voulu contribuer », évoque le patron du PS, Olivier Faure.
Lucie Castets
« Il ne reste que deux choix au président de la République » en cas de censure : « nommer Lucie Castets […] ou s’en aller ». La sentence est signée Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale.
Lucie Castets, dont le nom avait déjà été proposé par LFI à l’issue des élections législatives anticipées, a affirmé, mardi, être « préparée à gouverner ». Si le président « souhaite respecter l’esprit des institutions », il doit se « tourner vers le Nouveau Front populaire qui a obtenu les meilleurs scores aux législatives et a désormais une majorité relative », estime-t-elle.
Notre dossier sur la possible censure du gouvernement
François Villeroy de Galhau
Le gouverneur de la Banque de France est inconnu du grand public. Sa nomination marquerait le choix d’un profil technique, celle d’un grand commis de l’Etat. Elle semble avoir encore moins la cote qu’en septembre auprès des dirigeants politiques. « Il y a toujours de la politique derrière le technique », estime un chef macroniste.
Michel Barnier
Personne, en macronie, n’imagine le chef de l’Etat renommer l’ex-commissaire européen. « Non seulement il a perdu, mais il est affaibli », souffle un cadre parlementaire. Une variante serait de choisir une autre personnalité du parti Les Républicains, comme le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui avait failli avoir les faveurs de l’Elysée en septembre. Mais rares sont ceux qui l’imaginent capable d’apporter plus de garanties que Michel Barnier.