Censure du gouvernement : Instabilité, hausse des impôts… L’essentiel de l’interview de Michel Barnier
C’était peut-être sa dernière interview en tant que Premier ministre. Michel Barnier était l’invité de France 2 et TF1 ce mardi soir à 20 heures. Au menu, l’instabilité politique de la France, l’article 49.3 et le vote de la motion de censure. Pendant une vingtaine de minutes, le chef du gouvernement, en sursis, a tenté de défendre sa position, prévenant des conséquences « graves » si le budget n’était pas voté. 20 Minutes vous résume son intervention.
« Ce n’est pas un vote pour ou contre Barnier »
Michel Barnier voulait assurer que la censure du gouvernement n’était pas une affaire personnelle. « Je sais que c’est une situation fragile et éphémère […]. Les voitures officielles, les ors de la République, je m’en fous, ce n’est pas le sujet, ce n’est pas moi qui suis en cause, a-t-il assuré. Ce qui se passe dépasse très largement ma condition. »
« Ce n’est pas une question de survie politique, a-t-il encore ajouté. Je suis arrivé dans ce bureau il y a trois mois en me disant que je pouvais partir le lendemain, parce que la situation politique est compliquée. » Il a tout de même reconnu que la mission qui lui a été confiée, former un gouvernement dans un Assemblée sans bloc majoritaire, était « difficile ». Il a aussi rappelé que la motion de censure concernait son projet de loi de finances de la Sécurité sociale, et que la session de mercredi ne serait pas « un vote pour ou contre Barnier ».
Le Premier ministre veut encore croire au sauvetage
Le Rassemblement national a répété ce mardi qu’il voterait toutes les motions de censure, y compris celle déposée par le Nouveau front populaire à gauche. Pourtant, Michel Barnier « souhaite que la motion de censure ne soit pas votée ». « Il se peut qu’il y ait un réflexe, un intérêt supérieur » de certains députés, a avancé le chef du gouvernement. Il pense qu’il reste encore une chance que son gouvernement ne soit pas censuré. Pour rappel, les motions de censure seront examinées à l’Assemblée mercredi, à partir de 16 heures.
Instabilité, chaos et hausse d’impôts
« Il ne faut pas faire de catastrophisme », a d’abord affirmé Michel Barnier, reprenant les propos rassurants du président, Emmanuel Macron. Ce dernier a commenté qu’« il ne [fallait] pas faire peur aux gens avec ces choses-là » en marge de son déplacement en Arabie saoudite.
Malgré cette phrase, Michel Barnier a brandi plusieurs menaces en cas de censure de son gouvernement : « L’impact de cette instabilité politique vous le verrez immédiatement sur les taux d’intérêt », « si je dois quitter ma place, il y aura des turbulences », ou encore « hausse d’impôts ». « Si la motion de censure passe tout sera plus difficile et grave », a répété le Premier ministre, après avoir utilisé cette formule lors des questions au gouvernement cet après-midi. Il a estimé ainsi que « 18 millions » de Français « verront leur impôt sur le revenu augmenter » si le budget n’était pas adopté. « Il faudra les députés qui vont voter demain aillent s’expliquer, rendent des comptes », a-t-il prévenu encore.
Et après ?
Michel Barnier semblait enfin partagé sur l’après. « J’ai envie de servir », a-t-il d’abord assuré, avant de tempérer : « Qu’est-ce que ça a comme sens si je tombe demain on me retrouve là comme si de rien n’était ? », a interrogé le Premier ministre, laissant penser qu’il ne s’imaginait pas rester à Matignon. Il a toutefois assuré qu’il restera à « l’écoute des propositions des partis sur le budget », mais aussi sur les chantiers à venir.
Enfin, il a écarté l’hypothèse d’une démission d’Emmanuel Macron – que le président lui-même a traité de « politique-fiction ». « Je pense que le président a été élu pour cinq ans. il a la légitimité populaire et il est l’un des garants de la stabilité », a-t-il exposé.