Censure, accusation de plagiat… Ce que l’on sait sur « l’affaire Houris » qui vise Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024
Alors que l’obtention du Prix Goncourt 2024 aurait dû combler l’écrivain Franco-Algérien Kamel Daoud, une cascade d’événements a terni son sacre : visé par plusieurs plaintes, l’auteur a vu son livre Houris, récompensé le 4 novembre 2024, « interdit » dans son pays natal…
Alors que sait-on, au juste, sur cette « affaire » aux multiples rebondissements ?
Pourquoi ne peut-on pas trouver Houris en Algérie ?
Le livre ne peut pas être édité en Algérie car il y tombe sous le coup d’une loi interdisant tout ouvrage sur la « décennie noire » (durant laquelle l’Algérie a connu, entre 1992 et 2002, une guerre civile), cette période sanglante qui a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels.
« Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile […], son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels », a pourtant affirmé Antoine Gallimard, son éditeur, après s’être vu, mi-novembre 2024, interdire de présenter ses ouvrages lors du salon international du livre d’Alger.
Pourquoi Kamel Daoud fait-il l’objet de plaintes ?
Deux plaintes ont été déposées, en Algérie, contre Kamel Daoud et son épouse, la psychiatre Aicha Dehdouh, pour avoir dévoilé et utilisé l’histoire d’une patiente pour l’écriture de Houris : Saâda Arbane, survivante d’un massacre lors de la guerre civile algérienne, accuse en effet l’auteur d’avoir « calqué » l’histoire de son héroïne sur la sienne… sans son autorisation.
« La première plainte a été déposée au nom de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme » et « la seconde au nom de la victime elle-même », a précisé l’avocate de la plaignante, assurant que leur dépôt remontait au mois d’août 2024, soit « quelques jours après la parution du livre ».
Quelle a été la réaction de Kamel Daoud ?
Dans un premier temps, Kamel Daoud n’a pas répondu à ces accusations. Seul son éditeur français Gallimard a dénoncé, le 18 novembre 2024, de « violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature ».
Notre dossier « Littérature »
L’écrivain a fini par déplorer, mercredi 11 décembre 2024, la plainte de Saâda Arbane, affirmant sur France Inter que « tout le monde connaît son histoire en Algérie […] La mère adoptive de cette jeune femme est l’ex-ministre de la Santé algérienne, elle a raconté son histoire partout […] C’est une histoire publique ».