France

Cédric Jubillar condamné : ses « tout à fait », silences et sa mère, éléments clés.

Cédric Jubillar a été condamné à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Tarn après six heures de délibération. Le témoignage de Nadine Fabre, la mère de Cédric Jubillar, a suggéré qu’elle croyait son fils capable d’avoir commis des actes répréhensibles.

À la cour d’assises du Tarn,

Sans corps, sans indice direct, sans aveux, et une défense solide… Ce vendredi matin, la position des jurés au procès de Cédric Jubillar était particulièrement délicate. Pourtant, il a suffi de seulement six heures à la cour d’assises du Tarn pour condamner Cédric Jubillar, époux de Delphine Jubillar, née Aussaguel, à trente ans de réclusion criminelle.

Après un mois de débats, quels éléments ont pu convaincre la cour de la culpabilité de l’accusé, le renvoyant dans sa cellule de la prison de Seysses, près de Toulouse, avant son procès en appel ?

Un accusé sans émotion et économe de ses mots

Cédric Jubillar a-t-il été son propre ennemi ? « Il doit se tromper », « je ne sais pas », ainsi que ses désormais célèbres « tout à fait »… Enveloppé dans sa carapace de « coupable idéal » et de « vulgaire personnage », selon ses propres termes, Cédric Jubillar a rarement répondu par plus de quatre mots aux nombreuses questions posées. Même lors du verdict, lorsque la cour ou les parties civiles parlaient de ses enfants ou de son épouse disparue, il n’a montré pratiquement aucune émotion, si ce n’est des « impatiences » dans ses jambes qui l’ont fait tressauter. Pour un homme qui clame son innocence et qui est en détention isolée depuis quatre ans et demi, il ne s’est pas montré passionné pour sa défense. Même face à des témoins l’accusant, il est resté impassible.

Pour Laurent Boguet, l’avocat des enfants — Louis, 11 ans aujourd’hui, et Elyah, 6 ans — la sévérité de la peine reflète également « l’attitude de l’accusé durant l’instruction et le procès ». Pour l’appel, l’avocat toulousain exhorte l’accusé à prendre d’autres « dispositions », notamment à « indiquer où se trouve la dépouille de son épouse ».

Cédric Jubillar, qui a parfois contredit ses propres déclarations pendant l’enquête, a cherché tout au long de ce premier procès à parler le moins possible et a manqué de consistance.

Le témoignage à charge de Nadine, sa mère

Difficile de se présenter comme innocent lorsque votre propre mère vous croit coupable. Le témoignage de Nadine Fabre, que l’accusé cherchait souvent du regard dans le box, a constitué un moment décisif. À la barre, celle qui s’imposait une diète médiatique depuis des années a sous-entendu « en creux » qu’elle pensait son fils capable d’avoir commis l’impensable. À la télévision, le soir même, elle a été moins discrète.

Au moment des faits, Cédric Jubillar a refusé que ses avocats mettent sa mère sous pression. Cependant, cela n’a pas empêché ces derniers de lui conserver une rancœur tenace, illustrant l’importance qu’ils attachent à ce témoignage accablant. « C’est si difficile d’accuser son fils qu’elle le fait à nouveau le soir au 20 heures », a ironisé Emmanuelle Franck lors de sa plaidoirie. « Même lors du procès Merah, la mère Merah, tout aussi contestée, était venue pour défendre ses enfants sous les huées. Quelle mère ne défend pas son enfant ? », a renchéri son collègue de la défense, Alexandre Martin, quelques heures plus tard.

L’absence de coupable de substitution

Pendant près de 24 heures, les protagonistes et les spectateurs de ce procès, ainsi que toute la France, ont cru à un retournement de situation : le téléphone de Donat-Jean M., « l’amant de Montauban », rival de Cédric Jubillar, apparaissait dans les relevés des portables qui avaient été localisés à Cagnac-les-Mines la nuit fatidique.

Nos articles sur l’affaire Jubillar

Un gendarme a finalement reconnu le lendemain avoir commis une « erreur de copié-collé ». Cet incident a certes alimenté les arguments de la défense, qui n’a cessé de critiquer les erreurs et les biais des enquêteurs, au point d’être accusée de « complotisme » par l’accusation. Toutefois, cette situation a également privé l’accusé d’une échappatoire. « Si ce n’est pas lui [Cédric Jubillar], qui pourrait être le coupable ? » se sont inévitablement interrogés les jurés, sans pouvoir apporter de réponse à cette question.