Ce qu’il faut savoir sur le regain de tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda
La République démocratique du Congo (RDC) a annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali, la capitale rwandaise, après l’intensification des combats dans l’est de la RDC entre l’armée congolaise et le M23, groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda et son armée. Les ambassades américaine, allemande et française en RDC et le ministère des Affaires étrangères britannique ont aussi appelé leurs ressortissants à quitter Goma, capitale du Nord Kivu encerclée par les combats.
Dans une lettre adressée par le ministère congolais des Affaires étrangères à l’ambassade du Rwanda à Kinshasa, datée de vendredi et transmise samedi soir à la presse par la présidence congolaise, la RDC informe « du rappel des diplomates de l’Ambassade de la République Démocratique du Congo à Kigali avec effet immédiat », sans plus de précisions.
Pourquoi la situation à la frontière entre la RDC et le Rwanda s’est dégradée ?
Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 et 3.000 à 4.000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines. Ils encerclent désormais presque complètement la capitale de la province du Nord Kivu, Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés.
Dans l’est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s’enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet.
Le porte-parole de l’armée congolaise a affirmé samedi que « le Rwanda est déterminé à s’emparer de la ville de Goma », grande cité de l’est du pays quasi encerclée par le M23, groupe armé antigouvernemental soutenu par Kigali et son armée.
« Le Rwanda est déterminé à s’emparer de la ville de Goma », a déclaré lors d’un point presse le général Sylvain Ekenge, assurant que les forces armées congolaises sont déterminées à « repousser l’ennemi ».
Combien de victimes a fait le conflit ces derniers jours ?
Treize soldats étrangers dont trois Casques bleus ont été tués ces derniers jours dans des combats contre le M23. La Monusco, qui compte quelque 15.000 soldats, a annoncé vendredi être « activement engagés dans des combats intenses » contre le M23 avec une de ses unités d’élite.
Sept autres Sud-Africains et trois Malawites engagés dans la SAMIRDC, la force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont également été tués, toujours selon les armées nationales. La SAMIRDC est déployées dans l’est de la RDC depuis 2023 et compte notamment 2.900 soldats Sud-Africains.
Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier. L’ONG Human Rights Watch a mis en garde samedi contre une situation qui devient « de plus en plus dangereuse » pour les civils à Goma et évoqué des « besoins humanitaires énormes ».
Quelles sont les initiatives diplomatiques ?
Une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité sur la RDC initialement prévue lundi a été avancée à dimanche. Jeudi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’était dit « alarmé » par ce regain de violences qui pourrait aggraver « le risque d’une guerre régionale ».
Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais », lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants de République démocratique du Congo et du Rwanda, a annoncé l’Elysée.
« Le chef de l’Etat a exprimé sa très vive préoccupation quant à la situation dans le Nord Kivu, notamment autour de Goma et quant aux violations de l’intégrité territoriale de la RDC », dans un échange séparé avec Félix Tshisekedi, président de la RDC, et Paul Kagame, son homologue rwandais, alors que les combats s’intensifient dans l’est de la RDC.
Plus tôt dans la journée, l’Union africaine (UA) a exhorté à la « cessation immédiate » des combats et réclamé « la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties ». L’Union européenne a également appelé le M23 à « arrêter son avancée » et le Rwanda à « se retirer immédiatement » dans une déclaration signée par les 27 pays membres.