France

« Ce livre a changé ma vie », ces classiques scolaires que vous avez dans la peau

Lorsque Martine était au collège, elle a lu et joué en classe de français Les Fourberies de Scapin. Sans imaginer à l’époque que des années plus tard, encore sous le charme de cette pièce de Molière, elle appellerait son fils Léandre… Début avril, l’écrivain irlandais John Boyne publie La vie en fuite. C’est la suite du Garçon en pyjama rayé que beaucoup d’entre vous ont étudié à l’école, un best-seller vendu à 6 millions d’exemplaires et adapté au cinéma. L’occasion pour 20 Minutes de plonger avec vous dans les classiques scolaires qui ont marqué vos vies.

Une source d’inspiration

C’est un drôle de phénomène que les lecteurs de 20 Minutes sont fort nombreux à nous avoir rapporté : les livres qu’ils ont étudiés enfants les ont forgés en tant que parent. Ainsi, Léa se souvient de La promesse de l’aube qu’elle a lu dans la classe de la « fantastique » Madame David au lycée. « C’est une histoire d’amour incommensurable entre une mère et son fils qui inspire ma vie en tant que maman chaque jour », assure-t-elle.

Certains livres du programme scolaire font partie de ce que les parents tiennent à transmettre à leurs enfants. Ainsi, Angélique alors lycéenne dans un établissement chic et un peu trop traditionnel, avait été mise « K.-O., en larmes » par De sang-froid de Truman Capote. Plus de vingt ans après, elle a suggéré ce puissant plaidoyer contre la peine capitale à son fils de 17 ans, et aime à penser que celui-ci le fera lire un jour à son enfant…

Un autre regard sur le monde

De même, Sylvie a un rituel : offrir à chaque entrée en sixième de ses neveux, nièces et enfants et filleuls un exemplaire de Pieds nus sur la Terre Sacrée de Teresa Carolyn McLuhan. Son exemplaire à elle, « usé et jauni », elle l’a reçu pour son anniversaire en quatrième, quelques semaines après qu’un remplaçant le lui fait lire des extraits : « Jusqu’alors, les Indiens n’étaient pour moi que les méchants dans les films de cow-boy… Ce livre a changé ma vie, m’a ouvert des horizons insoupçonnés ». C’était en 1977. En 2014, elle s’est rendue à Monument Valley aux Etats-Unis, et, le livre serré contre elle, elle s’est mise à pleurer.

Certains de nos lecteurs n’arrivent pas à relire les livres qui les ont bouleversés quand ils étaient élèves. Trop peur d’être déçus, peut être. Camille, 38 ans aujourd’hui, se sentait différente quand elle était au collège, et Mon bel oranger de José Mauro de Vascincelos lui a permis de mettre des mots et des images sur ce sentiment. « Ce livre m’a donné espoir qu’un jour quelqu’un me comprenne », expliquait-elle en ajoutant qu’elle a finalement franchi le pas de la relecture l’été dernier. « J’ai ressenti la même chose qu’à l’époque », dit-elle.

Bien plus qu’un livre

Mais il est vrai que lorsqu’on devient adulte, on ne retrouve pas toujours dans le livre ce qu’on y lisait enfant. Ainsi Laurence redécouvre à chaque lecture Une vie de Maupassant : « L’étudier à l’école m’a obligée à retenir des choses qui n’étaient pas celles que je devais retenir pour moi. Je me suis rendu compte que le drame de cette terrible histoire était une histoire d’amour impossible et destructrice, telle que nous pouvons en connaître nous-même. »

A l’inverse, Betty n’est plus du tout aussi subjuguée que quand elle était adolescente par « le côté romantique et désabusé » de l’écriture de Francis Scott Fitzgerald dans Un diamant gros comme le Ritz et 26 autres nouvelles. Mais à chaque âge de sa vie depuis quarante ans, elle relit ce recueil et y découvre toujours de nouvelles sources d’émerveillement.

Et puis il y a les livres d’école sans qui la vie d’adulte aurait été carrément impossible. Anne, 53 ans, explique pudiquement que répéter L’Avare de Molière tous les samedis matin la « protégeait » de son père. Quarante ans plus tard, Anne est allée voir la pièce (dont elle connaît encore des tirades par cœur) à la Comédie Française : « fabuleuse et finalement très moderne ». Et elle compte bien y retourner, avec ses anciennes copines de « 3e 1 » et de « 3e 2 ».