Catastrophes naturelles : Cyclones, tsunamis… Les Antilles françaises s’inquiètent des coupes budgétaires de Trump

Les Antilles françaises pourraient-elles se retrouver aveugles face aux tsunamis ? La détection des phénomènes marins extrêmes dépend en grande partie des infrastructures américaines, sauf que celles-ci sont particulièrement fragilisées par les coupes budgétaires décidées par l’administration Trump.
Chaque année, les Caraïbes participent à Caribe Wave, un exercice organisé par l’UNESCO de simulation grandeur nature qui permet de tester les systèmes d’alerte aux tsunamis. Mais cette année, l’exercice se déroule dans un contexte préoccupant.
Une dépendance totale du système américain
« Dans les Antilles françaises, nous dépendons du Pacific Tsunami Warning Center, basé à Hawaï », rappelle à l’AFP Gaël Musquet, hacker « éthique » et spécialiste des systèmes d’alerte. Problème : cet organisme, comme la NOAA, fait partie des agences ciblées par les restrictions budgétaires américaines. « Nous ne sommes pas à l’abri d’une rupture des capacités de détection des tsunamis », alerte Musquet.
La France dispose bien de son propre centre, le Cenalt, mais il ne couvre « que » la Méditerranée et l’Atlantique nord-est. Pour l’instant, aucune infrastructure nationale ne permet de surveiller efficacement la zone Caraïbes. « Seuls l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon et les Etats-Unis disposent d’un système de détection de tsunamis de type DART », via un réseau de bouées de détection connu sous le nom de Deep-Ocean Assessment and Reporting of Tsunami, précise Gaël Musquet.
Consulter nos articles sur les Antilles
Des tests, mais des lacunes persistantes
En Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Caribe Wave 2025 sert notamment à évaluer FR-Alert, un dispositif d’alerte cellulaire opérationnel depuis 2022. Mais une source préfectorale pointe une faille : « La cartographie précise des moyens d’alerte locaux (sirènes, porte-voix, porte-à-porte) n’existe toujours pas ».
Une ville sur l’île de Basse-Terre (Guadeloupe) semble prête, la commune de Deshaies est labellisée « Tsunami Ready » grâce à ses investissements. Ailleurs, les itinéraires d’évacuation et les procédures d’alerte restent flous pour la population.
Une coopération scientifique fragilisée
Le contexte international aggrave la situation. Depuis février, les chercheurs américains ne communiquent plus avec l’Ifremer (Institut français de recherche sur l’océan). « Pour l’instant, nous n’avons pas constaté d’impact direct sur les alertes météorologiques », tempère Thierry Jimonet, chef de service à Météo-France Guadeloupe. « Mais on sait que des chefs de service américains ont été licenciés, notamment ceux qui envoyaient les avions de reconnaissance au cœur des ouragans ».
Face à ces incertitudes, certains acteurs locaux prennent les devants. Cédric Coco-Viloin, fondateur d’un makerspace en Guadeloupe, développe un réseau autonome basse consommation pour relayer les données environnementales, comme la hauteur des crues ou la force des vents. Mais ces initiatives ne remplaceront pas un système d’alerte robuste. « La France doit investir dans des infrastructures indépendantes si elle veut garantir la sécurité des populations antillaises », conclut Gaël Musquet.