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« Cassandre » : Comment une autofiction aide à guérir d’un viol incestueux

Avec Cassandre, Hélène Merlin signe un premier long métrage qui marque durablement pour plusieurs raisons. Cette histoire de viol incestueux d’un frère sur sa sœur, à l’adolescence, dans une famille apparemment sans histoire, c’est la sienne. Elle a confié à Billie Blain, découverte dans Le Règne animal de Thomas Cailley, le rôle principal. Deuxième argument solide pour aller découvrir ce film puissant et pudique.

« On a travaillé sur ce qu’Hélène Merlin a vécu dans son passé bien que l’histoire soit évidemment fictive, explique Billie Blain à 20 Minutes. C’était une responsabilité énorme car c’était aussi la première fois que j’incarnais le rôle principal d’un film et que je ne voulais risquer ni de la blesser, ni de me planter. » Zabou Breitman et Éric Ruf jouent ses parents et Florian Lesieur devient le frère incestueux. Tous sont impeccables.

Quelqu’un qui connaît le sujet

« Je n’ai pas trop pensé à la dimension autobiographique que représente mon personnage de mère pour la réalisatrice, explique Zabou Breitman. Je me suis appuyée sur le scénario qu’elle a mis une dizaine d’années à peaufiner. Tout était là… » La maman libertaire et le papa psychorigide s’unissent pour maintenir l’adolescente dans un cercle étouffant. Elle le brisera par force de caractère avant de transposer son expérience à l’écran pour un film aussi solaire que son héroïne.

Billie Blain après l'interview de « 20 Minutes » pour « Cassandre »
Billie Blain après l’interview de « 20 Minutes » pour « Cassandre » - Caroline Vié

« C’était un soulagement de me dire que j’étais dirigée par quelqu’un qui connaissait bien le sujet, explique Billie Blain. Cela a aussi renforcé mon empathie pour l’héroïne de savoir qu’elle était inspirée d’Hélène ». Ce sentiment est largement partagé par le spectateur qui assiste à l’émancipation de la jeune fille dans un club équestre où elle s’initie à un environnement moins toxique et plus solidaire.

Entre le vrai et le faux

« En fait, ce que j’ai fait est assez représentatif du film, réfléchit Billie Blain. Je n’ai pas cherché à copier Hélène Merlin mais je me suis inspirée d’elle pour créer mon personnage ». Éric Ruf a suivi le même cheminement pour se glisser dans la peau d’un père militaire rigide convaincu que sa fille doit tout supporter en silence pour préserver l’honneur et la cohésion familiale.

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« Bien qu’il s’agisse d’une fiction, on mélange un peu ici le vrai et le faux ce qui a été facilité par l’intelligence du scénario, souligne-t-il. Hélène m’a aussi montré des photos de son père pour m’aider à trouver son maintien… » Entre le vrai et le faux Hélène Vincent a trouvé le chemin de la guérison sans pour autant gommer le traumatisme qu’elle a subi. « Elle est incroyablement forte, déclare Billie Blain. Quand elle m’a dit que j’étais Cassandre et qu’elle me faisait confiance, j’ai senti son énergie me galvaniser et me rassurer pendant tout le tournage. »

Libérer la parole

Les interprètes s’accordent à souligner l’importance de l’écriture qui a permis à la réalisatrice de transcender sa propre expérience pour toucher à l’universel. « Je suis fière d’avoir participé à ce film, insiste Billie Blain. Et j’espère qu’il conduira d’autres victimes à parler quand elles se rendront compte qu’elles ne sont pas seules ».

Hélène Merlin révèle une belle nature de cinéaste en donnant vie à Cassandre, alter ego de fiction qui l’a aidée à se reconstruire dans la vraie vie.