France

Carburants : Les prix du pétrole flambent après une réduction drastique de la production de l’Opep +

Réduire la production pour augmenter le coût de l’or noir. C’est ce que sont soupçonnés de faire les pays de l’Opep + qui ont annoncé des coupes drastiques dans leur production de pétrole. Ce lundi, au lendemain de cette annonce, les prix du pétrole ont bondi. Au total, huit des 23 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, sont concernés, avec, au premier rang, l’Arabie saoudite.

L’alliance a pris note, ce lundi, de ces « ajustements volontaires » de production, à l’issue d’une réunion technique par visioconférence (JMMC) prévue de longue date. A l’unisson de ses membres, elle a assuré qu’il s’agissait « d’une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ». Mais pour les analystes, il s’agit surtout d’engranger « des revenus » supplémentaires, a commenté dans une note Jorge Leon, de Rystad Energy. Ces coupes montrent que l’Opep + fera tout pour « défendre un prix plancher bien supérieur à 80 dollars le baril », dit-il, sans se soucier des critiques des Etats-Unis et autres pays consommateurs, inquiets de l’inflation galopante.

Les cours du brut sont en effet tombés en mars au plus bas en plus d’un an, « un niveau inacceptable pour les membres de l’Opep + », explique à l’AFP Ibrahim al-Ghitani, expert du marché pétrolier, basé aux Emirats. Ils avaient subi le contrecoup de la crise bancaire aux Etats-Unis, qui a éloigné les investisseurs des matières premières et autres actifs à risque, plus volatils.

Plus forte hausse depuis la guerre en Ukraine

Après cette action concertée des gros producteurs d’or noir, la réaction des marchés a été immédiate : les deux références mondiales ont décollé d’environ 8 % en début de séance, renouant avec leur niveau d’avant les tumultes du secteur bancaire. Des deux côtés de l’Atlantique, les cours étaient en bonne voie pour signer leurs plus fortes hausses quotidiennes depuis les envolées des premières semaines de l’invasion russe de l’Ukraine, en mars 2022.

L’Irak, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et le Gabon vont donc procéder à partir du mois prochain à d’importantes réductions, et ce jusqu’à fin 2023. Elles vont de 500.000 barils par jour (bpj) pour Riyad à 8.000 bpj pour Libreville. Moscou a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu’à fin 2023.

Au total, le volume laissé sous terre sera « d’environ 1,66 million de barils quotidiens », a précisé l’Opep +. «La plupart des réductions seront effectuées par des pays qui produisent au niveau ou au-dessus des quotas » fixés, ce qui implique « des réductions réelles de l’offre » et un resserrement du marché, ont souligné les analystes de DNB. D’autres pays pourraient également « annoncer leurs propres coupes s’ils le jugent (…) nécessaire », selon le vice-Premier ministre chargé de l’Energie Alexandre Novak, interrogé par la télévision russe Rossiya 24.

Une demande en augmentation

Et contrairement aux mesures similaires prises par l’Opep + devant la pandémie ou les craintes de récession, cette fois la demande mondiale de pétrole augmente : la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie après avoir levé les restrictions sanitaires.

Cette annonce vient s’ajouter à ce qui avait déjà été décidé en octobre, à savoir une baisse du volume de deux millions de bpj. Il s’agissait alors de la plus importante réduction depuis l’émergence du Covid-19. C’est un nouveau revers pour Washington, qui plaide pour une ouverture des robinets d’or noir afin de contenir les prix, estime Caroline Bain, de Capital Economics.

D’un point de vue géopolitique, ces réductions témoignent en outre « du soutien du groupe à la Russie », qui bénéficiera ainsi de meilleurs prix pour compenser l’impact des sanctions occidentales. Le Kremlin a défendu lundi une décision prise « dans l’intérêt » du marché mondial, pour maintenir les cours « au bon niveau », selon le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Que les autres pays soient satisfaits ou pas, c’est leur affaire », a-t-il déclaré à la presse.