Canicule : Mais qu’est ce qui rend cet épisode de chaleur plus exceptionnel qu’en 1947 et 2003 ?

A chaque événement climatique vendu comme exceptionnel par Météo-France et les médias, les climatosceptiques se réveillent. Avec toujours le même discours : c’était pareil avant, il n’y a pas de quoi s’alarmer, le réchauffement climatique n’existe pas…
Alors que la France suffoque – exception faite de la Bretagne qui résiste contre vents et marées – difficile de croire que certains tiennent toujours ces discours. Pourtant, cette canicule en a encore été l’occasion. Les comparaisons vont bon train avec les chaleurs de 1947 ou encore de 2003.
« En 1947, 40 °C à Paris, sans clim, sans ventilo, sans Deliveroo pour livrer des glaçons. Et pourtant, les Parisiens ont survécu… sans story Insta, sans bouteille d’eau smart, sans hashtag Canicule », écrit un internaute.
FAKE OFF
Même Evelyne Dhelia y a fait référence dans son passage sur LCI : « Ce 30 juin 2025 est le jour du mois de juin, à l’échelle nationale, le plus chaud jamais enregistré depuis 1947. »
Pour ce lundi, Guillaume Woznica, météorologue et présentateur météo sur LCI évoque, lui, : « Cette journée prendra probablement la troisième place des journées les plus chaudes en France, seulement dépassées par le 5 août 2003 et le 25 juin 2019… » Nul doute que ce 1er juillet n’y échappe pas non plus. Mais alors qu’est ce qui fait le caractère exceptionnel de cette canicule ?
Canicule plus longue, plus tôt et plus intense
Il a fait plus de 40 degrés dans un bon nombre de villes ce 1er juillet : 42 °C dans l’Aude, 41 °C dans l’Hérault… Alors oui, ces températures sont semblables à celles rapportées par les internautes pour l’été 1947, mais comme l’explique Patrick Marlière, météorologue et directeur général chez Médias-Weather : « Il y a toujours eu des canicules et des épisodes de fortes chaleurs, depuis des dizaines et des dizaines d’années, mais pas de cette intensité-là. »
Ce qui diffère ici, c’est « la durée de cet événement » notamment, mais aussi, « aujourd’hui l’air chaud qui vient du Sahara n’est plus à la même température ». Et la chaleur ne s’est pas installée que pour quelques jours, mais bien pour plusieurs semaines cette fois-ci.
Et ces vagues de chaleur sont aussi de plus en plus fréquentes. Comme le montrent les graphiques publiés par Météo-France, depuis 1947, on recense 49 vagues de chaleur à l’échelle nationale. Elles sont 17 à avoir eu lieu avant 2000, soit sur cinquante-trois ans, tandis que 32 avaient été constatées après 2000, jusqu’à celle-ci.
Egalement, ces canicules s’étalent davantage sur l’année. Là où avant elles se concentraient sur juillet et août, comme c’était le cas en 1947 et en 2003, aujourd’hui elles sont plus fréquentes dès le mois de juin.
Une meilleure préparation
« La canicule de 2003 on s’en souvient tous très bien, elle avait fait environ 15.000 victimes. Et justement, c’est celle-ci qui a permis la mise en place des cartes de vigilances qui entraînent de nombreuses précautions mises en place par l’Etat et les collectivités locales », ajoute Patrick Marlière.
Par exemple, la fermeture des écoles, l’arrêt des chantiers, la distribution d’eau et la surveillance des personnes à risque comme les personnes âgées ou malades. Au 2 juillet, le bilan provisoire est de deux morts. Du fait d’une meilleure préparation aujourd’hui – bien loin d’être parfaite, on vous l’accorde –, le bilan ne peut pas être utilisé pour juger du caractère exceptionnel des canicules.
Alors oui la chaleur qui étouffe la France pour encore quelques heures est en Une de tous les médias. Le gouvernement ne cesse de marteler le caractère exceptionnel de ces quelques jours et de sensibiliser. Et à juste titre : personne ne veut revoir un bilan comme celui de 2003.

