Cancer : C’est quoi la « thérapie cellulaire dendritique » qui inquiète les autorités ?
Un traitement efficace contre le cancer, non invasif, sans douleur ni effets secondaires. C’est prometteur. Mais l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en garde jeudi contre ce traitement alternatif appelé « thérapie cellulaire dendritique » (TCD). L’agence demande la suspension de la promotion illégale de ce traitement sur Internet et les réseaux sociaux.
« Les sociétés Immucura, Immunyo et Iaso Health GmbH présentent de manière infondée leur traitement comme une solution efficace contre le cancer et comme ayant un profil de sécurité très favorable et non invasif », explique l’ANSM. L’institution envisage de saisir le procureur de la République et d’effectuer un signalement sur le portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet (Pharos). Mais en quoi consiste exactement ce traitement ? Et pourquoi l’ANSM a-t-elle tiré la sonnette d’alarme ? On vous explique.
En quoi consiste cette thérapie ?
La TCD fait partie des thérapies alternatives contre le cancer, en l’occurrence l’immunothérapie. « Les cellules dendritiques sont des cellules immunitaires dont le rôle est d’initier et activer la réponse immunitaire », résume l’ANSM auprès de 20 Minutes. Pour cela, du sang est prélevé chez le malade, puis envoyé en laboratoire. Des globules blancs sont ensuite isolés et vont se différencier en cellules dendritiques. « Ces cellules dendritiques sont ensuite amorcées avec des informations personnalisées concernant le type de cancer spécifique de chaque patient, précise la société Immunyo. Enfin, les cellules immunitaires reçoivent l’instruction de discerner et d’éradiquer les cellules cancéreuses. » Ces cellules sont ensuite injectées chez le patient, donnant lieu à une « activation de la réponse immunitaire ».
L’entreprise Immucura l’assure : « comme il s’agit d’un procédé naturel, la TCD n’a pas d’effets secondaires. » Le traitement peut être effectué dans l’une des cliniques européennes associée aux sociétés ou réalisé à domicile, comme le propose la société Immucura. Si cette dernière n’affiche pas ses prix, Immunyo, elle, est plus cash : il en coûtera 18.950 euros aux volontaires.
Pourquoi l’ANSM s’y oppose ?
« En dehors du cadre d’essais cliniques, il n’y a pas de médicaments de thérapie cellulaire à base de cellules dendritiques autorisés en France, explique l’ANSM auprès de 20 Minutes. L’efficacité de ce type de traitement est en cours d’évaluation dans le cadre d’essai clinique. » Selon l’agence, les patients visés, atteints de pathologies graves, doivent être pris en charge avec des traitements « qui ont fait leurs preuves et dont les bénéfices et les risques ont été évalués par les autorités sanitaires ».
Aucune autorisation de mise (AMM) sur le marché n’a été accordée par la Commission européenne ou par l’ANSM à ces sociétés pour leur traitement anticancéreux. Aucun visa préalable n’a non plus été donné pour leur publicité. Pourtant, ils répondent à la définition de médicament et doivent donc obtenir une autorisation de mise sur le marché. « Un traitement ne disposant pas d’une AMM peut présenter des risques pour la santé et constituer une perte de chance pour le patient qui renoncerait dans ce contexte à des traitements validés », souligne l’agence, estimant que l’efficacité et la sécurité des TCD n’ont pas été démontrées.
Que faire si on y a eu recours ?
L’ANSM recommande aux malades de ne pas utiliser le traitement de thérapie cellulaire dendritique. Mais si c’est déjà fait, elle conseille de contacter son oncologue et de lui détailler les traitements pris et les actes pratiqués. L’agence invite également les personnes ayant opté pour cette alternative à déclarer tout effet indésirable lié au traitement. Dernier conseil de l’agence : ne pas arrêter le traitement mis en place avec son oncologue sans avis médical.