Cambriolage du Louvre : comment éviter le vol dans nos musées ?
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a reconnu ce matin une défaillance dans le système de sécurité du Musée du Louvre, où des voleurs ont réalisé un cambriolage en 7 minutes en s’introduisant par un monte-charge. Selon la Cour de comptes, un tiers des salles de l’aile Denon ne sont pas équipées de caméras de vidéosurveillance, et l’institution estime que la part du budget annuel de 323 millions d’euros allouée à la sécurité est « faible, aux regards des besoins estimés ».
« Nous avons failli », a admis ce matin le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, sur France Inter. Interrogé par Benjamin Duhamel, le garde des Sceaux a reconnu une faille dans le dispositif de sécurité du Musée du Louvre.
Les voleurs, particulièrement bien organisés, ont réussi leur braquage grâce à un simple monte-charge situé sur la voie publique. Avec cet équipement, ils ont accédé à l’une des fenêtres de la galerie Apollon, dans l’aile Denon, côté Seine. Armés d’une disqueuse, ils ont brisé la vitre, puis scié deux vitrines pour dérober huit bijoux des joyaux de la couronne de France. Le cambriolage s’est déroulé en un temps record de seulement sept minutes.
### Des failles de sécurité au Louvre
La sécurité des musées français est un sujet qui suscite régulièrement des débats. Gérald Darmanin concède que certains éléments de la sécurité du Louvre laissent à désirer : « Le fait que les vitres n’aient pas été sécurisées, c’est une question qu’on peut se poser. Le fait qu’il y ait un monte-charge sur la voie publique, c’est une question qu’on peut se poser. »
Les membres de la Cour des comptes soutiennent les propos du ministre de la Justice. L’institution note que dans l’aile Denon, où se trouve la galerie Apollon récemment cambriolée, ainsi que la Joconde, un tiers des salles ne sont pas dotées de caméras de vidéosurveillance. Dans l’aile Richelieu, de l’autre côté de la pyramide de verre, trois quarts des salles manquent également d’équipement de sécurité. La Cour des comptes estime que la part du budget annuel de 323 millions d’euros dédiée à la sécurité est « faible, au regard des besoins estimés ».
Selon l’AFP, en janvier dernier, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait elle-même alerté la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur « un niveau d’obsolescence inquiétant » et une « multiplication d’avaries », nécessitant des travaux conséquents.
### Tous les musées menacés ?
Deux autres musées importants ont déjà été la cible de tels cambriolages le mois dernier : le Musée d’Histoire naturelle à Paris, où près de six kilos d’or ont été dérobés la nuit, et le Musée Adrien-Dubouché à Limoges, où deux pièces de porcelaine d’une valeur de 6,5 millions d’euros ont été volées durant la nuit.
Cependant, le ministère de la Culture affirme que ce phénomène n’est pas en forte augmentation. De 2011 à 2018, on recensait en moyenne 25 vols par an, et seulement 13 entre 2019 et 2024, selon l’OCBC (Office Central de lutte contre le trafic des biens culturels).
Yvan Assioma, membre de l’Alliance Police Nationale Ile-de-France, estime que les musées doivent renforcer leurs efforts en matière de sécurité. « Il faut qu’ils mettent le paquet sur la sécurité. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à voler dans les banques, et les bijouteries de luxe sont de plus en plus difficiles à cambrioler. Les voleurs vont donc se tourner vers les sites les moins protégés. Et pour l’instant, ce sont les musées. »
### Des solutions plus modernes à mettre en place ?
Face aux critiques, Laurence des Cars a promis un renforcement de la sécurité avec le projet Louvre Renaissance, annoncé par Emmanuel Macron en janvier 2025. Le président de la République a déclaré sur Twitter que le projet serait « le garant de la préservation et de la protection de ce qui constitue notre mémoire et notre culture ».
Pour l’heure, les détails des nouvelles mesures de sécurité restent inconnus. Certaines entreprises, comme AKIDAIA, offrent des solutions qui permettraient de pallier les défaillances actuelles. Avec un système de contrôle des accès sans connexion Internet, la société entend éviter les problèmes d’avaries ou de cyberattaques, tout en sécurisant les accès à des zones moins fréquentées du musée, comme les caves, souvent vulnérables aux effractions. Le dirigeant de la start-up précise cependant que « notre solution n’aurait pas permis d’empêcher le cambriolage de dimanche dernier, étant donné qu’elle ne concerne que les accès officiels. » Néanmoins, cette méthode pourrait combler certaines lacunes, avec un coût réduit et une logistique simplifiée.
### Vers la création d’une commission d’enquête sur « la sécurisation des musées » ?
Le président LR de la commission des Affaires culturelles à l’Assemblée nationale, Alexandre Portier, a annoncé qu’il proposerait mercredi à ses collègues la création d’une commission d’enquête sur « la sécurisation des musées » et la « protection du patrimoine », à la suite du spectaculaire cambriolage au Louvre. « Ce qui est en jeu, c’est la capacité à transmettre l’héritage que nous avons reçu à travers les siècles », a déclaré M. Portier à l’AFP. « Cet héritage-là, aujourd’hui, il est menacé par des dégradations, par des vols, par la destruction par des volontés malveillantes. » La commission d’enquête devra établir ce qui doit être protégé, les moyens financiers nécessaires, et le rôle des nouvelles technologies dans cette mission. Concrètement, la commission des Affaires culturelles, composée de plusieurs dizaines de députés, devra décider de se constituer elle-même en commission d’enquête, et le sujet sera débattu dès mercredi matin.

