Cambriolage à Roissy : Ils tentent de récupérer 23 kg de cocaïne… que les policiers venaient de leur saisir
Les narcotrafiquants ont-ils voulu récupérer la drogue saisie ? C’est laquelle que se posent les policiers du service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Selon des sources concordantes, les enquêteurs ont été chargés, par le parquet de Bobigny, de retrouver les auteurs d’une tentative de cambriolage dont ont fait l’objet les locaux de l’Ofast (office antistupéfiants de la police judiciaire), à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
Les faits ont eu lieu dans la soirée du vendredi 22 novembre, indique le parquet, contacté par 20 Minutes. Les forces de l’ordre sont intervenues après que l’alarme se soit déclenchée. Les malfaiteurs ne sont pas parvenus à entrer et ont pris la fuite avant l’arrivée des fonctionnaires. Les enquêteurs de la PJ les soupçonnent d’avoir voulu récupérer 23 kg de cocaïne qu’ils avaient découverts plus tôt dans la journée dans la valise d’une voyageuse de nationalité colombienne.
Des « conditions de sécurité » préoccupantes
Les trafiquants ont dissimulé dans la cargaison des airtags, ce dispositif de localisation développé par Apple qui permet de retrouver ses affaires. C’est ce qui leur aurait permis d’organiser cette opération de récupération de la marchandise, dont le prix à la revente est estimé à plusieurs millions d’euros.
Julien Adubeiro, secrétaire régional adjoint du syndicat Un1té pour les services centraux dénonce, depuis plusieurs années, la vulnérabilité des locaux de l’Ofast qui se trouvent à Roissy et Orly. C’est ici, dans ces bâtiments situés dans la zone de fret de ces aéroports, que sont placées en garde à vue les mules qui sont arrêtées à la descente de l’avion en possession de quantité importante de drogue. Les stupéfiants saisis y sont stockés dans des armoires fortes en attendant leur destruction. « On demande depuis quatre ans que nos collègues de Roissy soient transférés dans les locaux qui accueillent déjà la PAF (police aux frontières) et que nos collègues d’Orly quittent aussi la zone de fret », explique le syndicaliste qui « s’inquiète des conditions de sécurité » des policiers affectés dans ce service.
« Je pense que l’administration attend qu’il y ait un drame pour réagir aux locaux qui ne sont pas adaptés à un service de police judiciaire et encore plus quand on traite de la matière stupéfiante, autrement dit de la cocaïne », indique pour sa part Freddy Brossard, porte-parole du SNUIPN-FSU. Ce dernier a travaillé au bureau d’Orly de l’Ofast, un hangar de 200 m2 dont l’insalubrité a été épinglée en avril dernier par deux sénateurs communistes lors d’une visite surprise.
« Des kilos » de cocaïne stockés avant leur destruction
« C’est un entrepôt de fret, ce ne sont pas des locaux adaptés à un travail de police judiciaire », insiste-t-il, dénonçant les « conditions de travail pour les fonctionnaires », mais aussi celles « de détention de détention des gardées à vue qui sont inhumaines et insalubres ». Il pointe surtout la vulnérabilité « des moyens de protection, des coffres-forts, des armoires fortes ». « Vous avez régulièrement des kilos et des kilos qui sont saisis. Sauf qu’ils ne sont pas forcément détruits dans l’heure, il faut parfois attendre plusieurs jours. »
Freddy Brossard s’inquiète, lui aussi, pour la sécurité des fonctionnaires qui y travaillent. « En pleine zone aéroportuaire, il n’y a plus d’activités à partir de 17 heures. On n’est pas à l’abri que le dernier fonctionnaire de police qui va quitter son bureau se fasse braquer et qu’on lui demande d’ouvrir les coffres coffre auxquels il n’a pas accès. » Et le syndicaliste de s’interroger : « faut qu’on en arrive à ce que des collègues se fassent braquer pour qu’enfin cette problématique soit prise au sérieux par l’administration, par directeur général de la police nationale, par le ministre de l’Intérieur ? »