« Ça m’a mis du plomb dans la tête »… Quand les chauffards écrivent aux policiers ou gendarmes pour les remercier

Des lettres de remerciement, les forces de l’ordre ont l’habitude d’en recevoir. Et le plus souvent, elles sont rédigées par des victimes qui ont été secourues. Pourtant, il arrive aussi que des personnes interpellées par les policiers ou les gendarmes leur écrivent plus tard pour exprimer leur reconnaissance. Dernier exemple, fin juin, dans l’Orne. Un père a adressé un message chaleureux aux gendarmes qui avaient arrêté leur fils après un excès de vitesse. Il a apprécié l’attitude des militaires qui ont « fait preuve à la fois d’autorité et de pédagogie » avec le jeune homme, « fortement marqué » par cet épisode. « Vous avez peut-être sauvé une vie », insiste l’auteur qui se dit « soulagé » et « rassuré ».
« On a été surpris par ce message, c’est quand même peu commun », reconnaît le chef d’escadron Stéphane Fournier, commandant d’escadron départemental de sécurité routière dans l’Orne. « Le père de ce jeune homme a compris l’intérêt de notre mission. On ne verbalise pour le plaisir mais pour sauver des vies. » Il faut, explique-t-il à 20 Minutes, « faire prendre conscience » aux chauffards « que la route n’est pas un jeu ». Les gendarmes, ajoute-t-il, reçoivent rarement ce type de message. « Mais il peut arriver que des personnes mises en cause reconnaissent notre action ou notre façon de les traiter humainement. Et ça, c’est quand même positif pour les personnels de l’institution. »
Un « électrochoc »
Un excès de vitesse. C’est également pour ce motif qu’un automobiliste avait été interpellé en août 2019 en Haute-Savoie. Là encore, le chauffard avait pris la plume pour écrire aux policiers qui ont publié son message sur les réseaux sociaux. « Je voulais simplement vous remercier de votre intervention », leur a-t-il expliqué. « Vous avez été, quelque part, « l’électrochoc » qui m’a fait prendre conscience que le danger sur la route, ce n’était pas les autres, c’était bien moi. Cela fait pourtant quinze ans que mon entourage a peur de monter avec moi en voiture, j’aurais dû m’en douter mais je pensais qu’ils maximisaient les choses. » Il a assuré avoir présenté ses excuses à ses proches « pour avoir mis leurs vies en danger ». « Nous ne pouvons que nous féliciter que la leçon a porté pour le plus grand bénéfice de la Sécurité routière », avait alors commenté la police nationale sur X.
En mai 2018, un automobiliste a écrit aux gendarmes du peloton motorisé de Châteaulin dans le Finistère pour les remercier de l’avoir placé en garde à vue. Les militaires l’avaient interpellé alors qu’il circulait en voiture sous l’empire d’un état alcoolique. « Je n’étais pas prêt à être rendu à la liberté mercredi soir. Le maintien de la garde à vue était nécessaire, même si celle-ci a été pour moi une grande souffrance », a écrit le chauffard qui a remercié les gendarmes pour leur « humanité collective », leur « écoute » et leurs « échanges ». « J’étais très abattu et vous m’avez donné la force de rebondir. » Sur Facebook, la gendarmerie a salué « une démarche honnête de la part de cet automobiliste ». Elle témoignait, selon eux, « de l’importance de la prévention et parfois… de la sanction ».
« Ça m’a mis du plomb dans la tête »
Les gendarmes de la communauté de brigades de Fère-Champenoise (Marne) ont reçu, en novembre 2017, une carte postale envoyée depuis la Croatie. Un automobiliste en vacances voulait les remercier de lui avoir retiré le permis de conduire « pour alcoolémie » après un accident. « Aujourd’hui, je l’ai récupéré, et je tenais à vous remercier car ça m’a mis du plomb dans la tête et ma femme m’aime beaucoup plus maintenant », leur a-t-il expliqué. « Une histoire qui prête à sourire mais qui témoigne d’une remise en question ou plutôt d’une prise de conscience d’un automobiliste », ont salué sur Facebook les gendarmes qui ont aussi tenu à « le féliciter pour son engagement ».
Parfois, les policiers ne se rendent pas compte des conséquences positives de leurs interventions. Ceux de Morlaix ont reçu, en août 2017, une carte postale envoyée de l’Italie par une automobiliste qui avait perdu son permis… et rencontré le grand amour. « Contrôle alcoolémique positif fin 2015 -> covoiturage (because suspension de permis) -> rencontre amoureuse -> deux ans plus tard vacances en famille à Milan », a résumé l’autrice de ce message. « Des remerciements pour un sauvetage, c’est déjà arrivé. Mais pour un retrait de permis, c’est vraiment une grande première ! », avait témoigné le chef du commissariat auprès de Ouest-France.
Un chauffard « plein d’humour » mais « un peu frustré »
Les gendarmes du peloton motorisé de Mios (Gironde), eux, ont reçu en janvier dernier une carte postale de Thaïlande, « vraisemblablement de la part d’un client de l’unité », ont-ils indiqué sur leur page Facebook. « Cet automobiliste plein d’humour mais encore un peu frustré nous fait savoir qu’il passe ses quatre mois de suspension de permis de conduire au soleil, en Thaïlande, ont-ils ajouté. Grand bien lui fasse, très bonne décision, au moins il est sûr de ne pas conduire en France. » Les militaires, qui ont publié son message, lui ont fait savoir qu’ils attendraient de pied ferme son retour sur le territoire. « Bien équipés avec nos jumelles, notre éthylotest et notre kit de dépistage stupéfiant », précisaient-ils non sans malice.