Budget de la Sécu : Vote très serré, enjeux pour le Premier ministre.
Sébastien Lecornu a récusé mardi tout « chantage » au vote des écologistes par son gouvernement, et promis de « saisir la justice » contre un « groupe d’intérêts » qui aurait « tenté de s’immiscer » dans les discussions entre l’exécutif et les Verts. Le projet de budget de la Sécu pour 2026, qui sera soumis ce mardi au vote des députés, prévoit un déficit de la Sécurité sociale de 19,6 milliards d’euros, a indiqué mardi la ministre de la Santé, Stéphanie Rist.
Sébastien Lecornu a rejeté, ce mardi, toute accusation de « chantage » concernant le vote des écologistes, promettant de « saisir la justice » contre un « groupe d’intérêts » qui aurait tenté de s’immiscer dans les discussions entre le gouvernement et les Verts.
Le Premier ministre a été interpellé par la cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, peu avant un vote très serré sur le projet de budget de la Sécurité sociale, pour lequel les voix de ce groupe sont cruciales.
Cyrielle Chatelain a dénoncé un « chantage politique », évoquant le cas d’un conseiller de Matignon qui aurait « contacté de nombreux chefs d’entreprises du secteur des énergies renouvelables » pour leur indiquer que « les objectifs » du gouvernement en matière énergétique seraient « conditionnés (au) vote » des écologistes sur le budget de la Sécu.
Le chef du gouvernement, ayant discuté de ce sujet avec Cyrielle Chatelain la veille, a répondu avoir mené « une enquête interne pour savoir ce qui avait pu se passer ». « De toutes les évidences, un groupe d’intérêts a tenté de s’immiscer dans les discussions politiques entre le gouvernement et votre groupe politique », a-t-il déclaré.
Chaque vote sera crucial et tous les calculs indiquent un scrutin particulièrement serré. Sébastien Lecornu espère faire adopter ce mardi le projet de budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, une étape clé de sa stratégie qui privilégie le dialogue avec le parti socialiste.
Si le texte est rejeté, cela ne sera pas dû à Olivier Faure, le dirigeant du PS, qui a appelé à voter « pour » et avec lequel le Premier ministre a négocié, mais à son propre camp. Les Républicains et Horizons refusent de soutenir un budget qu’ils jugent trop conciliant avec la gauche.
Le vote en deuxième lecture du projet de loi, dans lequel le chef du gouvernement a accepté de suspendre l’emblématique réforme des retraites, est attendu en fin d’après-midi ou en début de soirée.
Laurent Wauquiez, à la tête du groupe des Républicains, a demandé mardi à ses députés de ne pas devenir « un facteur de blocage » pour le budget de la Sécurité sociale soumis au vote à l’Assemblée, et a encouragé à ce que la position d’abstention soit « majoritaire », d’après un participant à une réunion de groupe.
Pour appuyer sa demande d’abstention, Wauquiez a évoqué une « suppression de la quasi-totalité des hausses d’impôts », une « défiscalisation des heures supplémentaires », et « la revalorisation des retraites ». Cependant, il a aussi noté des points négatifs, comme « de nouvelles taxes », des réductions d’allégements de cotisations patronales et la « suspension de la réforme des retraites », parlant d’un manque de « sérieux budgétaire ».
Le groupe des députés Républicains « ne doit pas être un facteur de blocage, vu les avancées obtenues », a affirmé le député de la Haute-Loire, se prononçant lui-même « assez fortement en direction de l’abstention ». « Je comprends qu’il y ait une diversité de positions, de votes, mais il faut qu’il y ait une tendance majoritaire sur l’abstention », a-t-il ajouté.
L’adoption d’un budget de la Sécurité sociale est jugée « une nécessité absolue » pour le secteur hospitalier, qui nécessite une augmentation du financement d’au moins 3 %, estiment les grandes fédérations représentant les établissements publics, privés et à but non lucratif.
« Pour les hôpitaux, les cliniques, les structures médico-sociales et l’hospitalisation à domicile, l’adoption d’un budget de la Sécurité sociale est une nécessité absolue », déclarent la FHF (hôpitaux publics), la FHP (hospitalisation privée), la Fehap (hôpitaux privés à but non lucratif), Unicancer (centres de lutte contre le cancer) et la Fnehad (hospitalisation à domicile).
« Une autre nécessité tout aussi impérieuse s’y ajoute : que ce budget finance réellement les coûts que les établissements doivent supporter », ajoutent-elles.
« Ce sera très serré dans un sens comme dans l’autre. L’adoption ou le rejet de ce budget de la Sécurité sociale se jouera à quelques voix », prédit Laurent Panifous, le ministre des Relations avec le Parlement, dans les colonnes de Ouest France.
À son arrivée au Palais Bourbon, Marine Le Pen s’est exprimée sur la position de son groupe concernant le vote du budget à l’Assemblée nationale. La cheffe de file de l’extrême droite a déclaré qu’il est « tout à fait probable » que le Rassemblement national vote contre le budget.
Elle a également affirmé qu’elle « appelle tous les jours » à une dissolution de l’Assemblée nationale, considérant que « c’est la seule solution pour arriver à une majorité stable et à une direction donnée dans notre pays ».
Invité sur ICI Lorraine le même jour, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a indiqué qu’il y avait « une forte probabilité pour que nos députés votent majoritairement contre ce projet de loi de la Sécurité sociale ». Il a précisé que, bien que beaucoup de mesures toxiques aient été supprimées, le gouvernement a « maintenu ce gel pour les pensionnés de plus de 1.400 euros ».
Ce mardi matin, sur France Info, Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l’Assemblée nationale, a estimé qu’il serait « normal » que le Premier ministre Sébastien Lecornu démissionne en cas d’échec sur le vote du budget, appelant également à une « nécessaire » dissolution de l’Assemblée nationale.
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a exhorté à « absolument » voter ce mardi le budget de la Sécurité sociale, qui prévoit la suspension de la réforme des retraites de 2023. « Il faut absolument qu’il puisse y avoir l’adoption de ce budget parce qu’il y a la suspension de la réforme des retraites […] ça concerne des centaines de milliers de personnes qui pourraient partir plus tôt. Il faut pouvoir répondre à cette attente sociale qui est extrêmement forte », a-t-elle déclaré.
Sur BFM TV, Cyrielle Chatelain a accusé le cabinet du Premier ministre de « chantage », affirmant que le cabinet a contacté « les responsables et chefs d’entreprise dans les énergies renouvelables pour établir un lien entre le vote du budget de la Sécurité sociale et les objectifs que le gouvernement intégrerait dans la programmation pluriannuelle de l’énergie ». Elle a précisé que les entreprises auraient été averties que « selon les votes, vous pourriez être puni et qu’on pourrait baisser les objectifs sur les énergies renouvelables ».
L’ancien président, François Hollande, a appelé ce mardi Sébastien Lecornu à utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget de l’État sans vote, considérant « impossible » que les socialistes s’abstiennent. Pour le budget de l’État, qui n’a pas fait l’objet de nombreuses négociations, Hollande estime qu’il est « impossible de demander à une opposition de s’abstenir ».
Les députés écologistes, dont le vote est essentiel, pourraient s’abstenir lors du scrutin de mardi en deuxième lecture du projet de budget de la Sécurité sociale si le gouvernement confirmait certains engagements. Cyrielle Chatelain a déclaré : « Nous ne voterons pas pour, puisque ce budget, dans ses fondations, est profondément déséquilibré », mais a reconnu que « l’abstention est une possibilité ». Pour faire adopter son texte, le gouvernement s’efforce d’obtenir l’abstention des écologistes en proposant un amendement qui augmenterait l’objectif des dépenses de l’assurance maladie (Ondam) de 3 % au lieu de 2 %.
Le gouvernement prévoit également d’annoncer une enveloppe de « 8 milliards de plus pour l’hôpital et la santé des Français », une décision attendue par les écologistes, dont le vote sera déterminant cet après-midi.
Selon la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, soumis au vote mardi, prévoit un déficit de 19,6 milliards d’euros. Elle a précisé que sans budget, le déficit serait « au minimum de 29-30 milliards ».
Le scrutin de ce mardi à l’Assemblée nationale promet d’être extrêmement serré sur la deuxième lecture du projet de loi sur le budget de la Sécurité sociale pour 2026, incluant la suspension de la réforme des retraites. Son rejet pourrait entraîner la chute de Sébastien Lecornu, bien que la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, ait déclaré dimanche qu’une démission « n’aurait pas de sens ».
Le groupe Ensemble pour la République (EPR) de Gabriel Attal et le groupe MoDem devraient voter pour le texte, avec quelques abstentions possibles. Le groupe PS votera lui aussi majoritairement en faveur, suite à l’appel d’Olivier Faure. Le groupe indépendant Liot espère également un bon nombre de voix « pour » sans vote contre.
En revanche, le Rassemblement national devrait voter contre l’ensemble du texte, tout comme le groupe Union des droites pour la République. La France insoumise rejette également massivement le projet.
Édouard Philippe et le groupe Horizons, bien que faisant partie de la coalition gouvernementale, devraient majoritairement s’abstenir. Philippe, sur LCI, a réaffirmé qu’il conseillerait à son parti de s’abstenir, ayant jugé le texte « non satisfaisant ».
Finalement, la rédaction de 20 Minutes se mobilise pour suivre cette journée politique cruciale. Sébastien Lecornu tente d’obtenir l’adoption, sans majorité, du projet de budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, où il a obtenu le soutien des socialistes tout en risquant de perdre celui de son propre camp.

