Budget 2026 : les radios associatives ne vont-elles pas être réduites au silence ?
Les radios associatives, telles que Radio Clapas créée en 1978 et écoutée par près de 100.000 auditeurs chaque semaine, assurent une mission d’intérêt général dans les territoires depuis plus de quarante ans. Le gouvernement prévoit de réduire le budget alloué au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) de 44 %, passant de 35 millions d’euros à 19 millions d’euros, ce qui pourrait entraîner la fermeture de plus de la moitié des radios associatives et menacer près de 80 % des emplois du secteur.

Depuis plus de quarante ans pour certaines, elles représentent la voix des territoires en donnant la parole aux acteurs associatifs, culturels, aux jeunes, élus ou citoyens engagés. Que ce soit en milieu urbain ou rural, les radios associatives constituent un pilier de la vie locale, remplissant quotidiennement une mission d’intérêt général. « On informe, on divertit, on éduque, on forme des stagiaires, on monte des projets. On sert vraiment à quelque chose », déclare Bruce Torrente, directeur de Radio Clapas, fondée en 1978 à Montpellier.
Radio Clapas fait partie des premières radios pirates en France et est située dans le quartier prioritaire Près d’Arènes. Elle est écoutée chaque semaine par près de 100 000 auditeurs, fonctionnant avec six salariés et une soixantaine de bénévoles. « C’est une grosse machine pour une radio associative », souligne Bruce Torrente. Toutefois, depuis quelques jours, ce « vieux de la vieille » s’inquiète pour l’avenir de sa radio, et il n’est pas le seul.
Plus de la moitié des radios pourraient fermer
Alors que le projet de loi de Finances pour 2026 est actuellement examiné à l’Assemblée nationale, tous les acteurs des radios associatives sont en émoi. En effet, le gouvernement, en coupant dans ses dépenses, prévoit de réduire le budget alloué au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) de 44 %, diminuant son enveloppe de 35 millions à 19 millions d’euros. « C’est un cataclysme budgétaire et un coup fatal porté à la démocratie locale », déplore Sylvain Delfau, président du Syndicat national des radios libres et co-président du réseau Les Locales, regroupant près de 770 radios associatives.
Sans ces aides publiques, qui représentent « entre 40 et 60 % » de leur budget, plus de la moitié de ces radios pourraient être contraintes de fermer, et près de 80 % des emplois du secteur seraient menacés. « On est déjà habitué depuis longtemps à se serrer la ceinture, mais là c’est sans précédent », indique Sylvain Delfau. « Ce n’est pas juste une coupe budgétaire, ils veulent clairement nous faire taire. »
« Plus personne n’a d’argent pour nos projets »
Bruce Torrente, écoeuré par cette « nouvelle attaque frontale », a fait le calcul. Si la réduction est confirmée, sa radio recevra l’année prochaine 35 000 euros de moins du FSER. « Donc soit je licencie, soit je ferme », admet le directeur de Radio Clapas, qui est conscient que la situation actuelle est difficile pour tous. « Plus personne n’a d’argent, même le secteur privé n’ose plus investir dans nos projets », fait-il remarquer, amer.
À plus de 350 kilomètres de Montpellier, Olivier Dutheil connaît également des temps meilleurs. Il préside Radio Pac, située à Pompadour en Corrèze. Dans un rayon de 40 kilomètres, cette station, fondée en 1982, est le cœur battant d’un territoire rural souvent oublié. Avec un budget annuel de 80 000 euros, Radio Pac doit sa survie au fonds de soutien, qui représente les deux tiers de son budget. « Si la réduction de 25 000 euros passe, cela sera très compliqué pour nous, même si je préfère ne pas penser au pire », indique Olivier Dutheil.
« Si ça ne nous tue pas, cela nous obligera à trouver de l’argent ailleurs », souligne-t-il. « Nous devrons chasser de la publicité et entrer en compétition avec les radios commerciales. Ou alors solliciter du mécénat, ce qui est très difficile actuellement. Nous devrons aussi réduire nos dépenses et engager moins d’animateurs et de prestataires. »
Le gouvernement avait fait machine arrière l’an dernier
Il y a un an, une réduction de 10 millions d’euros dans le FSER avait déjà été envisagée dans le projet de loi de finances 2025, mais le gouvernement avait fait marche arrière. Sylvain Delfau, reçu mardi par le cabinet de Rachida Dati au ministère de la Culture, espère qu’il en sera de même cette année. « Mais il faut que les parlementaires agissent pour déposer et voter des amendements », avertit-il.
Bruce Torrente compte également sur ce soutien. « Quand les politiques ont besoin de nous, ils savent où nous trouver, assure-t-il. Il faut vraiment qu’ils réagissent, sinon ce sera trop tard et beaucoup de radios vont fermer.

