Budget 2025 : Une nouvelle partie de poker s’annonce, mais avec quelles cartes en main pour Bayrou et les autres ?

Une nouvelle année, un nouveau gouvernement, mais toujours la même problématique. François Bayrou va s’atteler au défi qui a fait chuter son prédecesseur, Michel Barnier. Faute de majorité à l’Assemblée nationale, le Premier ministre est contraint de s’assoir à la table des négociations avec les autres partis politiques pour tenter de trouver un compromis sur les textes budgétaires. Entre le bluff et les coups du sort, on peut s’attendre à une nouvelle partie de poker. Petit tour d’horizon des cartes en main dans chaque camp.

Le gouvernement : Une paire de 7 (on attend le turn)

Eric Lombard reçoit les forces politiques jusqu’à la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier. Le nouveau ministre de l’Economie garde la priorité sur l’écriture du texte budgétaire, mais devra compter sur d’autres groupes pour le faire adopter. Une main forte au départ, mais qui peut s’avérer très vite en difficulté, comme une paire de 7 au poker. Pour le gouvernement, la donne reste donc la même… à quelques milliards près. « On a un peu assoupli le sujet, on est plutôt autour de 50 milliards d’euros » d’économies, a indiqué Eric Lombard ce lundi sur France inter. C’est 10 milliards de moins à trouver que pour le précédent texte. Une main fragile, mais un poil plus forte que celle du gouvernement Barnier tout d emême

Le bloc central : paire de 3 (l’espoir fait vivre)

Côté macroniste et Les Républicains, pas vraiment de changement, même si c’est désormais le patron du MoDem qui est à Matignon. Les élus de la coalition gouvernementale devraient donc soutenir sans surprise les mesures proposées par l’exécutif, en tentant de faire avancer leurs propres pions. Une main correcte, mais qui ne fait peur à personne, comme une paire de 3. Car tout le monde sait que les députés du socle commun n’iront jamais jusqu’à censurer le gouvernement. Bref, ils finiront par se coucher quand la partie va se tendre, as always.

Le Parti socialiste : Un roi et une dame (on reste pour voir)

Une fois encore, le PS se retrouve au centre des discussions, puisque Matignon semble vouloir négocier avec les partis à gauche de l’hémicycle. Une « proposition de modification, d’évolution de la réforme de la retraite » a ainsi été avancé par le gouvernement lors de la rencontre. Les responsables du parti sont donc sortis plutôt satisfaits de la rencontre, ce lundi à Bercy, tout en se disant prêt à censurer de nouveau s’ils n’obtenaient pas de « concessions remarquables ». Le PS a donc une main intéressante… si elle est bien jouée, comme un roi et une dame. L’objectif : maintenir la pression à la table en attendant de toucher gros.

Le RN : 9 et 10 de même couleur (on joue la quinte flush en 2027)

Avec la redistribution des cartes, le Rassemblement national n’a pas gagné au change. Influent sous le gouvernement Barnier, le parti de Jordan Bardella semble mis à distance par la nouvelle équipe. Le ministre de l’Economie a déjà prévenu qu’il ne s’alignerait « pas nécessairement » sur les lignes rouges de Marine Le Pen. Mais le parti à la flamme reste à l’affut. En cas d’échec des négociations entre la gauche et le gouvernement, il redeviendrait incontournable. Il pourrait aussi faire basculer de nouveau la majorité en cas de censure. C’est une main à long terme, comme un 9 et un 10 appareillé. Peu de chances de l’emporter sur le papier, mais l’espoir d’obtenir une suite ou une couleur et d’emporter la mise en fin de partie.

La France insoumise : un As (tentant mais ça peut flopper très fort)

Les insoumis n’ont pas attendu la nouvelle année pour prédire la chute de François Bayrou. Les députés LFI ont déjà indiqué qu’ils déposeraient – quoi qu’il arrive – une motion de censure pour faire tomber le gouvernement, comme ils l’ont fait avec Michel barnier. Une main forte au départ, comme un As, mais qui peut être battue par n’importe quelle paire selon ce qui se passe ensuite. Ce n’est qu’à la fin de partie, si toutes les stratégies adverses ont échoué, qu’on appréciéra la valeur de la main insoumise.