Budget 2025 : « Directement pour le consommateur » … Quel impact aura l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion ?
Un budget 2025 bien terre à terre, et le ciel risque d’être plus cher que jamais. Le budget Bayrou, qui devrait être validé puisque le Rassemblement national a annoncé ne pas voter la censure, comprend une augmentation de la « taxe de solidarité » sur les billets d’avion (TSBA). Le texte fixe à 7,40 euros par billet la taxe pour les destinations européennes, contre 2,63 euros actuellement.
Comptez 15 euros de taxe pour une destination intermédiaire et 40 euros pour les destinations lointaines (supérieure à 5.500 kilomètres), contre 7,51 euros actuellement. Et encore, on ne parle que de la classe économique, avec l’épaule du voisin qui dépasse sur votre siège. Car la taxe s’envole jusqu’à 420 euros pour un vol européen et 2.100 euros pour un long courrier si vous vous payez le luxe d’une classe affaires.
« Tax the rich » version français et aviation
Comment va se répercuter cette augmentation ? Bertrand Vilmer, expert en aéronautique au cabinet de conseil Icare interrogé par 20 Minutes, ne verse pas dans le suspense inutile : « Directement sur les billets d’avion et le consommateur. » C’est déjà le cas de la taxe actuelle, mise en place en 2006 et rehaussée en 2020.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, ne s’en cache d’ailleurs nullement au moment de défendre cette taxe : « Les 20 % de la population ayant le revenu le plus élevé sont responsables de plus de la moitié des dépenses consacrées aux voyages en avion. »
« Une taxe d’accès à la France »
Mais les conséquences pourraient être plus nombreuses et délicates qu’une simple hausse des billets. Les syndicats sont vent debout contre cette taxe, et Ben Smith, patron d’Air France, a dénoncé « le pays d’Europe où l’avion est le plus taxé » et « une taxe d’accès à la France ».
Ce qui pourrait poser problème. Alors que le pays reste pour le moment le plus visité du monde, « certaines compagnies pourraient déplacer leur hub. Par exemple ne plus faire Paris-New York mais Londres-New York ou Barcelone-New York, afin d’éviter cette taxe et de gagner en compétitivité », appuie Bertrand Vilmer, qui y voit « une distorsion de concurrence ».
Des répercussions sur l’emploi ?
L’expert rappelle que, précisément dans le but d’éviter de créer une concurrence déloyale, le kérosène n’est pas taxé sur les vols internationaux, « afin que toutes les compagnies luttent à arme égale sans subir les politiques tarifaires de leur pays ».
Il n’empêche, Ryanair a menacé de réduire de 50 % ses vols s’arrêtant en France si cette hausse de taxe venait à être adoptée. Ben Smith, lui, déplore, « le risque de déplacer la valeur que notre trafic génère dans d’autres pays. Depuis 20 ans, nous perdons 1 à 2 % de parts de marché par an au profit de compagnies étrangères ».
SI tel est vraiment le cas, « alors les conséquences se verront aussi sur l’emploi. Moins de vols transitant par la France, c’est forcément moins de chiffre d’affaires, moins de besoins de salariés ou d’argent pour les payer », conclut Bertrand Vilmer.