Brigitte Bardot, sex symbol français, est décédée à 91 ans.
Brigitte Bardot est morte ce dimanche à l’âge de 91 ans, a annoncé sa fondation, sans préciser le jour ou le lieu du décès. Entre 1997 et 2021, elle a été condamnée cinq fois, à des amendes, pour « incitation à la haine raciale ».
Elle a été une certaine idée de la France, et chaque Français avait son propre avis à son sujet. Brigitte Bardot est décédée ce dimanche à l’âge de 91 ans, a annoncé sa fondation, sans indiquer le jour ou le lieu précis de son décès. Le 16 octobre, il a été rapporté qu’elle avait été hospitalisée pendant trois semaines en raison d’une intervention « liée à une maladie grave ». Bien qu’elle ait pu rentrer chez elle, son état de santé était considéré comme préoccupant.
Née en septembre 1934 à Paris, au fil des décennies, elle est devenue l’incarnation de l’émancipation féminine, un symbole du *sex-appeal* à la française, une défenseure des droits des animaux, mais aussi une figure ayant des prises de position controversées qui lui ont valu cinq condamnations pour incitation à la haine raciale. Elle a suscité autant d’admiration et été célébrée comme une source d’inspiration que décriée en provoquant la controverse.
Concernant sa vie privée, elle a été mariée quatre fois, d’abord avec Roger Vadim (de 1952 à 1957), puis Jacques Charrier (de 1959 à 1962), Gunter Sachs (de 1966 à 1969) et depuis 1992, avec Bernard d’Ormale. En 1960, elle a eu un fils, Nicolas-Jacques, avec Jacques Charrier.
Elle entre dans la légende avec « Et Dieu… créa la femme »
Le public la découvre d’abord comme mannequin. À 15 ans, elle apparaît dans les pages de *Elle*, devenant même en couverture. C’est ainsi qu’elle est repérée par le cinéma, et fait sa première apparition sur grand écran dans *Le Trou normand* de Jean Boyer, aux côtés de Bourvil, en 1952.
Des petits rôles s’enchaînent, mais c’est en 1956, grâce au rôle principal au charme sulfureux de *Et Dieu… créa la femme* de Roger Vadim, qu’elle entre véritablement dans la légende. Bien que le film – dont les scènes dénudées sont censurées dans certains pays – soit d’abord accueilli sans grande enthousiasme, voire avec méfiance en France, son succès international (8 millions d’entrées aux États-Unis, 4,8 millions en Allemagne…) lui offre une seconde chance dans les salles françaises, attirant plus de 4 millions de spectateurs.
Durant les années 1960, son image de sex-symbol se renforce. Elle enchaîne les longs-métrages tout au long de cette décennie, notamment *La Vérité* d’Henri-Georges Clouzot en 1960, *Le Mépris* de Jean-Luc Godard en 1963 – avec la célèbre scène où son personnage détaille son anatomie (« Et mes chevilles, tu les aimes ? ») sous le regard de Michel Piccoli – et *Viva Maria !* de Louis Malle en 1965.
Elle abandonne le cinéma pour se consacrer aux animaux
En parallèle, elle fait entendre sa voix dans la chanson. *La Madrague* (parfois titrée à tort « Sur la plage abandonnée » ou « Coquillages et crustacés »), du nom de sa propriété à Saint-Tropez, et *Harley Davidson*, dont les paroles et la mélodie sont signées Serge Gainsbourg, resteront ses succès les plus marquants.
Le désamour avec le cinéma se profile rapidement. Brigitte Bardot, ayant vécu trop de mauvaises expériences sur les tournages, déclare en juin 1973 se sentir « mise en avant comme dans un cirque ». Elle met alors un terme à sa carrière d’actrice cette année-là.
La star se consacre alors à la cause animale, dans laquelle elle s’implique activement depuis 1962. Les images la montrant secourant des bébés phoques font le tour des médias et s’inscrivent dans l’inconscient collectif. En 1986, elle crée la Fondation qui porte son nom. Un an plus tôt, elle refuse la Légion d’honneur, préférant dédier cet honneur « aux animaux qui souffrent ».
Habituée à réagir et militer par communiqués, Brigitte Bardot a par exemple envoyé, au printemps 2025, un sonotone à Emmanuel Macron pour se « faire entendre » sur la question de la chasse à courre dont elle demande l’abolition.
« Quand je faisais du cinéma, ma vie ne correspondait pas à l’absolu que je recherchais. J’ai même fait, à cette époque, plusieurs tentatives de suicide. Heureusement, j’ai survécu. En consacrant ma vie aux animaux, ce sont eux qui m’ont sauvée. Ils ont donné un sens à mon existence, un sens tellement important qu’il n’a plus jamais été question par la suite de mettre fin à mes jours. Ils m’ont apporté la vérité, l’amour vrai », a-t-elle déclaré au magazine *Vogue* en 2021.
« La misanthrope »
Idéologiquement, Brigitte Bardot se montre réactionnaire. En 1973, dans le magazine *Illustré*, qui la met à la Une en titrant « BB la misanthrope », elle critique le Mouvement de libération des femmes (MLF) qu’elle juge « parfaitement comique et idiot ». « Les femmes laides se défoulent. Comme elles ne savent pas ce qu’est une vraie femme, elles cherchent un exutoire. Elles militent », déclare-t-elle.
En 2003, dans son livre *Un cri dans le silence*, elle exprime ses opinions sur les musulmans, estimant que la France était en train d’« islamisation ». L’année suivante, elle est condamnée à 5 000 euros d’amende pour ses propos sur l’islam. Dans cet ouvrage, elle s’attaque également au métissage – « nous voilà réduits à tirer une fierté politiquement correcte à nous mélanger, à brasser nos gènes […] », aux femmes au gouvernement – « est-ce vraiment leur place ? », aux personnes LGBTQ+ – qu’elle qualifie de « lopettes de bas étage » et de « travelos de tous poils ». En réponse aux accusations d’homophobie, elle affirme compter des personnes LGBTQ+ parmi ses « meilleurs amis », mais ne comprend pas pourquoi elles « revendiquent leurs droits », jugeant le Pacs « inutile ».
Condamnations
Brigitte Bardot, qui a désigné Marine Le Pen comme « Jeanne d’Arc du XXIe siècle », a longtemps été proche du Front national. Elle évalue les personnalités politiques principalement selon leurs actions en faveur des droits des animaux. Ainsi, elle reproche à Nicolas Sarkozy de ne pas avoir légiféré contre l’abattage rituel, et appelle à voter, en 2017, contre Emmanuel Macron qu’elle estime trop favorable aux chasseurs. Son opposition à la chasse l’a également amenée à soutenir, en 2022, Nicolas Dupont-Aignan plutôt qu’Éric Zemmour.
Ses déclarations, notamment à l’encontre de l’islam et des musulmans, l’ont conduite à plusieurs reprises devant la justice. Entre 1997 et 2021, elle a été condamnée cinq fois à des amendes pour « incitation à la haine raciale ». En décembre 2022, elle a été condamnée en deuxième instance à 2 000 euros d’amende pour injures publiques envers les Réunionnais.
L’heure des hommages post-mortem sonne avec une note d’ambivalence. L’icône des années 1960 est largement pleurée, tout en évitant de trop près l’examen de l’autre facette glaçante de l’image glamour.

