Brésil : On vous résume les programmes présidentielles de Lula et de Bolsonaro

Lula versus Bolsonaro, c’est une opposition de style complète, façon Messi et Ronaldo, Carapuce ou Bulbizarre et Nintendo-Sega. A une semaine de l’une des élections présidentielles les plus polarisées de l’histoire du Brésil, les programmes des deux favoris restent flous sur certains aspects, mais se démarquent clairement sur des questions comme le pouvoir d’achat, l’environnement ou la sécurité.
Selon un sondage de l’institut Datafolha publié jeudi, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a accru son avance sur le chef de l’Etat actuel Jair Bolsonaro (extrême droite), de 12 à 14 points, et relance ses chances de l’emporter dès le premier tour. Vu qu’on est gentil, on vous récapitule les principales mesures annoncées des deux candidats.
Le pouvoir d’achat
On commence par le plus important en cette période d’inflation, le pouvoir d’achat dans un pays de 213 millions d’habitants aux inégalités monstres, avec plus de 33 millions de personnes souffrant de la faim et 9,9 millions d’individus au chômage.
Pour améliorer le pouvoir d’achat des plus pauvres, Bolsonaro mise sur les allocations de l’ « Auxilio Brasil », nouvelle version du « Bolsa Familia », programme social phare des années Lula (2003-2010). Le montant de cette allocation est passé de 400 réais (environ 80 euros), à 600 réais cette année. Dans son programme officiel, il fait la part belle à la création d’emplois, surtout pour les jeunes et les femmes. Le président d’extrême droite promet par ailleurs d’augmenter la part de la population exonérée d’impôt sur le revenu, d’améliorer encore les infrastructures de zones moins développées et de mettre en oeuvre davantage de privatisations.
Lula, pour sa part, s’engage à lancer un nouveau « Bolsa Familia » : en plus de 600 reais de l’ « Auxilio Brasil », les familles recevraient 150 reais pour chaque enfant de moins de six ans. Pour améliorer le pouvoir d’achat, il mise notamment sur une augmentation du salaire mensuel minimum (actuellement à 1.212 réais, 240 euros) « au-dessus de l’inflation », sans préciser de montant. Il s’engage par ailleurs à mettre en place un programme pour aider les 70 % de familles brésiliennes endettées à rééchelonner leurs remboursements. Lula compte également « renforcer la protection sociale » en revenant sur la réforme du code du travail adoptée en 2017.
Environnement et Amazonie
Très critiqué par la communauté internationale pour sa politique environnementale, Bolsonaro s’engage à poursuivre les opérations militaires censées lutter contre la déforestation et les feux de forêt en Amazonie, qui ont fortement augmenté sous son mandat. Son programme évoque « des mesures de réduction de gaz à effet de serre », tout en reconnaissant que le combat contre le changement climatique est « inexorable » pour préserver l’avenir de la planète.
Des affirmations accueillies avec scepticisme par les experts : le chef de l’Etat est ouvertement favorable à l’expansion des activités minières en Amazonie, y compris dans des zones protégées comme les réserves indigènes.
Lula s’engage pour sa part à mettre en place une politique de tolérance zéro contre l’orpaillage illégal, la déforestation et les incendies dans la plus grande forêt tropicale de la planète. Il compte notamment s’appuyer sur des organes publics de préservation de l’environnement comme l’Ibama, affecté par d’importantes coupes budgétaires sous Bolsonaro.
Relations internationales
Lula promet de « restaurer » l’aura internationale de Brésil, en renforçant la coopération « « Sud-Sud » avec l’Amérique Latine et l’Afrique, ainsi que les liens avec les Brics et les autres pays du Mercosur. Il s’engage également à voyager pour « rétablir les liens avec tous les pays européens (…), la Chine et les Etats-Unis ».
Bolsonaro, lui, mise sur de nouveaux accords « bilatéraux et multilatéraux » et sur l’entrée du Brésil dans l’OCDE.
Sécurité
Bolsonaro s’engage à augmenter le budget de l’armée et de la police, tout en assouplissant encore l’accès aux armes à feu. Lula promet une « nouvelle politique de lutte contre les drogues », pour en finir avec la stratégie de « guerre » perpétuelle contre les gangs. Il veut privilégier les enquêtes approfondies et les actions ciblées pour démanteler le crime organisé.
Minorités
Lula promet de défendre « les droits et les territoires des peuples indigènes ». Il s’est d’ailleurs engagé à créer un « ministère des Peuples autochtones » et à nommer à sa tête une personnalité indigène.
Son programme prévoit également des mesures sociales et de sécurité pour défendre la communauté LGBT+ dans un pays fortement touché par les violences homophobes, ainsi qu’une augmentation des quotas raciaux et sociaux dans les universités.
Bolsonaro, en revanche, ne mentionne pas la communauté LGBT+ dans son programme et défend un « usage responsable » des ressources naturelles, en « conciliant préservation de l’environnement et croissance durable », y compris dans les réserves indigènes.