France

Bouches-du-Rhône : Un réseau pêche illégalement 24.000 tonnes de palourdes, même après l’alerte à la bactérie E.coli

Le chef d’escadron Didier Walinski le reconnaît. « Au départ, on a fait sourire beaucoup de monde en parlant de palourdes », confie-t-il à 20 Minutes. C’est pourtant un important réseau de pêche illégale de ce coquillage qui a été démantelé par les gendarmes après neuf mois d’enquête. Lundi, ils ont interpellé 25 personnes suspectées d’appartenir à un réseau qui aurait ramassé environs 24.000 tonnes de palourdes depuis le mois de février dans l’étang de Berre. Une affaire d’une telle ampleur, « c’est assez rare », souligne l’officier.

En début d’année, les gendarmes sont alertés par des professionnels de la pêche à Châteauneuf-les-Martigues qui se plaignent de voir des gens ramasser d’importantes quantités de palourde. « Un particulier n’a le droit d’en prendre que 2 kg, et que certains jours de la semaine », nous explique le numéro 2 de la gendarmerie maritime de Méditerranée. Les militaires vont effectuer des surveillances et remarquer, lors de contrôles, que certains en ramassent plusieurs dizaines de kilos.

« Risque sanitaire »

Au fil de leurs observations, ils remarquent que les contrevenants sont toujours les mêmes. Une quinzaine de pêcheurs ramassent environ une centaine de kilos de palourdes tous les deux jours. Les gendarmes découvrent que les coquillages sont ensuite vendus 6 euros le kilo à une société basée dans l’Hérault qui ne possède pourtant aucun agrément sanitaire. Elles étaient ensuite revendues à des particuliers ou des restaurateurs peu regardant sur la provenance.

Le préjudice économique et financier est estimé à 108.800 euros. « Il y a pourtant un risque sanitaire », souligne le chef d’escadron Didier Walinski. En octobre dernier, la pêche aux coquillages a été interdite sur l’étang de Berre, la bactérie Escherichia coli ayant été détectée. Ce qui n’a pas empêché ces pêcheurs d’aller ramasser des palourdes.

Lundi, les militaires sont passés à l’action. Une cinquantaine d’entre eux a été mobilisée pour interpeller les deux dirigeants de la société héraultaise et les pêcheurs. À l’issue des gardes à vue, le parquet d’Aix-en-Provence a poursuivi devant le tribunal correctionnel les huit principaux suspectés. Ils seront jugés en septembre 2025.

Dix autres personnes ont été convoquées pour une audience de reconnaissance préalable de culpabilité, deux autres pour une ordonnance pénale, et cinq pour une composition pénale. Enfin, deux véhicules et 159.000 euros ont été saisis.