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Bordeaux : Une mosquée veut un abri extérieur pour faire face à l’afflux de fidèles, la ville refuse

L’association des Musulmans de Bordeaux nord(AMBN) pensait que ce serait une simple formalité administrative. Pour abriter des intempéries les fidèles, en trop grand nombre le vendredi, elle a adressé cet été une demande d’autorisation au service des bâtiments de la métropole pour installer des bâches amovibles. C’est in fine un dossier qui est arrivé dans les bureaux de la ville de Bordeaux, qui s’oppose fermement à cet aménagement.

Cour intérieure ou espace public ?

« C’est de l’espace public qui n’a pas vocation à servir de lieu de prière régulier et établi, explique Laurent Guillemin, adjoint au maire chargé des relations avec les cultes. Si le lieu de culte n’est pas en capacité de recevoir tout le monde, il fait comme tous les autres lieux de cultes, il organise plusieurs services. » Les locaux de la mosquée sont situés au rez-de-chaussée de l’ancien lycée Condorcet et plusieurs associations sont installées à l’étage du bâtiment. « La cour intérieure est complètement fermée et de l’école voisine on ne voit rien », argumente de son côté Djamel Ouazzani, le président de l’AMBN.

Si la mosquée qu’il dirige est si fréquentée depuis son implantation en 2015, c’est qu’elle est la seule pour plusieurs quartiers de Bordeaux (Le Grand Parc, Bacalan et les Aubiers) mais aussi deux villes de la Métropole (Le Bouscat et Bruges). En tant qu’établissement recevant du public, le local intérieur ne peut accueillir que 300 personnes maximum. « Or, en moyenne, j’arrive à 1.500 personnes le vendredi et dans l’islam, on fait cinq prières par jour qui dure chacune environ 45 minutes », explique Djamel Ouazzani. Pour lui impossible, le vendredi, de faire face à cette affluence sans recourir à l’espace extérieur et lorsque les conditions météo sont difficiles il y va de la « dignité » des personnes, souligne-t-il.

Inquiétude autour du ramadan

Le ramadan, période durant laquelle les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil, commencera cette année le 22 mars 2023. Pendant les années Juppé, le président de l’AMBN explique que le gymnase voisin était mis à disposition en soirée pour les prières nocturnes. « Des équipes sportives s’entraînent donc je n’ose même pas faire une demande en ce sens à la mairie cette année, avance Djamel Ouazzani. J’attends au moins 500 à 600 personnes tous les soirs pour 1h30 environ, entre 20h30 et 22 heures. » Dans ces conditions, il aurait aimé compter sur l’installation des bâches extérieures amovibles. « Ils ont répondu à leur problème d’affluence avec une extension extérieure, ce qui n’est pas la bonne réponse », martèle l’adjoint aux cultes.

De son côté L’AMBN ne comprend pas pourquoi on lui met des bâtons dans les roues de la sorte, faisant valoir qu’il n’y a jamais eu aucun problème avec les riverains de cette mosquée. « Et dans la loi de 1905 (de séparation de l’Eglise et de l’Etat) que je connais bien, avance Djamel Ouazzani, même si on considère que c’est une prière dans la rue, elle n’est pas interdite si elle n’entrave pas les démarches d’autres personnes. »