Bordeaux : Le procès de l’ex-compagnon de Sandra, tuée à coups de couteau chez elle, s’ouvre ce mercredi
Son meurtre avait provoqué un vif émoi et réunit tout un quartier pour un hommage, deux jours après les faits. Sandra, 31 ans, a été tuée à coups de couteau le 2 juillet 2021 à son domicile situé à Saint-Augustin, un quartier tranquille de Bordeaux. Son ex-compagnon, dont elle était séparée depuis six mois, fin décembre 2021, est soupçonné de l’avoir attendue sous l’appentis de sa maison, après qu’elle a déposé leur fille à l’école, pour la tuer.
L’homme, âgé de 36 ans au moment des faits, « a toujours expliqué qu’il n’était pas venu ce jour-là dans le dessein d’attenter à la vie de son ex-conjointe », fait valoir son avocate, maître Anaïs Divot. La préméditation a pourtant été retenue à l’issue de l’instruction, et il est renvoyé pour assassinat à compter de ce mercredi et jusqu’à vendredi devant les assises de la Gironde.
« Un moment attendu et redouté »
« Il aborde l’audience avec l’envie de s’expliquer mais aussi appréhension, car des faits graves lui sont reprochés », continue son conseil. La fille du couple, âgée de 4 ans au moment des faits, a été confiée à sa grand-mère, qui vit en Espagne. Cette dernière et son compagnon s’étaient installés au domicile bordelais de Sandra, de janvier à juin, devant le comportement inquiétant de son ex-gendre.
A cette époque là, juste avant les faits, il était sous contrôle judiciaire pour avoir harcelé Sandra « par la voie de communication électronique, messages malveillants réitérés ». Elle avait porté plainte le 6 janvier 2021 et il a été condamné le 18 janvier 2022 sur ce volet, six mois après le décès de la trentenaire. L’accusé n’a jamais été condamné pour violences conjugales. Sa mère et son compagnon rentrent chez eux, en Espagne, fin juin, et Sandra est tuée le 2 juillet.
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Me Elsa Crozatier, défend la famille de la victime : sa mère, le beau-père et son demi-frère, qui se préparent à vivre avec ce procès « un moment attendu et redouté. » La famille attend de comprendre ce qui s’est passé le matin du drame, d’autant plus que la version de l’accusé « n’est pas cohérente avec certains rapports d’expertise, notamment d’autopsie », ajoute maître Crozatier. Le parquet rapportait, au moment de l’ouverture de l’information judiciaire, que le mis en cause évoquait un « trou noir » lors de l’altercation, dont l’issue a été mortelle pour Sandra.
« Tout s’est effondré » pour la fille du couple
La petite fille de la victime, âgée de 7 ans aujourd’hui, est aujourd’hui représentée par Maître Josiane Morel Faury. « Tout s’est effondré pour elle ce jour-là. Des assistantes sociales sont venues la chercher en lui expliquant que sa mère ne le pouvait pas, et l’ont emmenée dans une famille d’accueil. Elle y a passé dix jours avant de rejoindre sa grand-mère. » Celle-ci a obtenu depuis une délégation d’autorité parentale totale. « Dans le cadre du placement, l’expertise menée a montré qu’elle est très insécurisée, collée à sa grand-mère avec un sentiment abandonnique très fort », rapporte maître Josiane Morel Faury.
Une procédure distincte pour « faute lourde » est en cours contre l’État, puisque la victime avait déposé plainte à plusieurs reprises avant de perdre la vie sous les coups de son ex-compagnon.