France

Bordeaux : Entre 2018 et 2022, la pollution automobile a baissé d’environ 30 % sur les boulevards

Il ne s’était pas privé de dégainer ce chiffre à l’occasion de ses vœux. Le maire écologiste Pierre Hurmic (EELV) avait avancé une baisse de 20 % de la pollution sur les boulevards bordelais depuis la mise en place d’une voie pour les transports doux (bus et vélos) en 2021. A la lumière de l’étude réalisée par l’observatoire de la qualité de l’air Atmo Nouvelle-Aquitaine et à laquelle le maire de Bordeaux fait référence, on voit que la baisse des concentrations en dioxyde d’azote, le polluant traceur du trafic routier, est en fait même plus importante, de l’ordre de 30 %, si on compare les mesures réalisées à l’hiver 2018/2019 et celles enregistrées entre le 16 février et le 13 avril 2022.

« Un grand coup de 2022 »

« Les aménagements de la métropole et de la mairie ont occasionné une baisse de trafic, ce qui a contribué à cette baisse, commente Emilie Palka, l’ingénieure d’étude qui a rédigé l’étude « Qualité de l’air aux abords des boulevards bordelais et d’autres axes routiers de la métropole », publiée en septembre 2022. Mais le parc automobile est aussi renouvelé au fil des années et il y a de plus en plus de véhicules moins polluants, cela joue également. » La baisse est aussi à nuancer au regard des conditions météorologiques qui peuvent influencer les résultats et dont on ne peut pas assurer qu’elles sont exactement les mêmes lors les deux campagnes de mesures.

Du point de vue de l’observatoire c’est « une baisse assez significative » et du point de vue de l’élu bordelais, dont le groupe pour les municipales s’appelait « Bordeaux respire », c’est une petite victoire politique. « Un grand coup de 2022, cela a été les boulevards, avec +75 % de cyclistes et je ne pense pas qu’il y ait de report ailleurs, expliquait Pierre Hurmic. Ce n’est pas une génération spontanée de cyclistes, ce sont des gens qui, avant, prenaient la voiture et ont changé de mobilité, et c’est bien ce que l’on veut provoquer. »

Il rappelle qu’il y a eu une levée de boucliers au départ et qu’on lui a expliqué que c’était un itinéraire routier, qu’il le veuille ou non. « Mais ça marche », glisse-t-il avec satisfaction. Il n’y avait pas eu de concertation avant la mise en place des voies cyclables mais, au titre de l’urbanisme tactique, un retour en arrière était possible d’un coup de pinceau. Loin d’un rétropédalage, l’idée est plutôt de répliquer ce type d’infrastructures cyclistes.

D’autres polluants à surveiller

Il faut préciser que si les seuils réglementaires d’émissions fixés par l’organisation mondiale de la santé (OMS) n’ont pas été dépassés, les seuils recommandés, mis à jour en 2021 et rendus plus restrictifs, ont, eux, été dépassés sur l’ensemble des sites étudiés. Si les concentrations en dioxyde d’azote sont bien à la baisse, celles des particules en suspension (PM10) sont stables sur la période étudiée. Elles proviennent de sources différentes, moins évidentes à tracer : en majorité (42 %) du secteur résidentiel/tertiaire (chauffage), à 36 % des transports et à 20 % de l’industrie.

L’étude de l’Atmo montre une diminution globale de la pollution au dioxyde d’azote sur l’ensemble des points étudiés (station fixe Grand Parc, station mobile du Port de la lune, en plus de celle, fixe, des boulevards). Il faut dire que ces trois dernières années, le nombre de cyclistes a augmenté de 40 % sur le secteur intraboulevards.