Bordeaux : Des télécabines relieront-elles bientôt les deux rives de la Garonne ?

Que pensez-vous d’un transport par câble entre les hauteurs de Cenon/Lormont et le secteur Bacalan/Achard ? Séduit ou opposés au projet, il est en tout cas possible de partager votre avis de façon argumentée jusqu’au 13 février prochain en ligne ou d’écrire directement dans les registres de concertation disponibles en mairies de Cenon, Lormont, Bordeaux, à la maison écocitoyenne et à Bordeaux Métropole. Neuf tracés possibles qui ont émergé après des études de faisabilité.

La métropole est maître d’ouvrage sur ce projet et sera décisionnaire, à l’issue de la concertation, organisée par la Commission nationale du débat public. Le projet doit contribuer à désengorger le trafic sur la métropole à partir de 2028, alors même qu’une croissance de 44 % des déplacements journaliers entre Lormont Cenon et la rive gauche est pronostiquée en 2030 (par rapport à 2020) sous la pression des différents projets urbains.

Téléphérique ou télécabines ?

« Compte tenu des caractéristiques du projet (fréquentation attendue, nécessité d’un virage et d’une gare intermédiaire) le téléphérique  » va et vient  » a été écarté dès le début des études de faisabilité au profit de télécabines », explique Bordeaux Métropole. Le téléphérique propose une à deux cabines de grande capacité (jusqu’à 200 places) qui circulent en va-et-vient. « Il est très performant sur des distances assez courtes », précise un technicien des services de Bordeaux Métropole. La longueur des tracés varie de 1.790 à 2.340 m dans le cas bordelais.

On préférera au téléphérique des télécabines, avec des capacités de 10 à 35 places selon qu’elles sont monocâbles, bi-câbles ou tri-câbles. Elles se succèdent sur le câble en circulant en boucle, dans un mouvement unidirectionnel. La tri-câble limite le nombre de pylônes mais oblige à des stations plus imposantes avec, à la clé, un surcoût de 50 millions d’euros. Pour l’agglomération bordelaise le choix entre ces différentes technologies des télécabines n’est pas encore tranché.

« Des coûts et délais raisonnables »

Le coût des projets est estimé entre 53 et 75 millions d’euros, selon les tracés. En comparaison, un kilomètre de tram coûte 25 millions d’euros. Et la capacité de transport du câble est importante (entre 3.000 et 4.500 voyageurs par heure et par sens selon les technologies) contre un peu plus de 4.000 voyageurs par heure et par sens pour un tramway court (source Cerema). Le nombre de voyageurs serait compris entre 9.000 et 16.500 par jour avec le projet de télécabines. En fonction des tracés, la durée des trajets varie entre 6 à 10 minutes et la fréquence estimée entre 30 secondes et deux minutes.

« On a encore un besoin en franchissements de la Garonne et les coûts et délais sont raisonnables pour les télécabines, commente Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. Il n’y a pas de solution unique pour diminuer la circulation automobile mais c’est une solution alternative supplémentaire ». Jean François Egron, maire de Cenon (rive droite) y voit aussi un intérêt économique, pointant que « 70 % des emplois sont sur la rive gauche ».

Les stations envisagées rive gauche seraient à Achard ou à la Cité du vin, celles dites intermédiaires dans le quartier Lissandre (Lormont) et trois terminus sont envisagés à La Buttinière, Le Rocher de Palmer ou les Quatre Pavillons. Des correspondances avec les trams A, B et les bus seront prévues. La délégation élargie dévolue à Keolis pour 2023-2030 a intégré de façon anticipée ce transport par câble.

Avec un voyage à 70 mètres de haut au-dessus de la Garonne et des panoramas sur la ville historique, le survol pourrait aussi séduire les touristes en visite à Bordeaux.