Bordeaux : Bardella et Le Pen offrent un sursis à Lecornu
Le Rassemblement national a promis de contraindre Emmanuel Macron à appuyer sur le bouton dissolution de l’Assemblée lors d’un meeting dimanche à Bordeaux. Jordan Bardella a affirmé que le parti doit se préparer à gouverner et a déclaré : « Cette fois-ci nous allons gagner. »
Pour le Rassemblement national, le temps de Sébastien Lecornu à Matignon touche à sa fin. C’est en tout cas la promesse faite aux électeurs de ce parti lors d’un meeting dimanche à Bordeaux. La direction du RN – qui souhaite forcer Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée – a d’ailleurs veillé à donner à cet événement des allures de précampagne législative.
Le nouveau Premier ministre n’ayant même pas encore formé son gouvernement, le RN se réjouit déjà de sa chute. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont en effet affirmé à leurs militants que la censure du gouvernement surviendrait « dans quelques semaines ou quelques mois ».
« Lorsque ce gouvernement sera censuré […] vous serez à nouveau appelés aux urnes (et) vous aurez le pouvoir de faire de Jordan (Bardella) votre Premier ministre », a ainsi déclaré Marine Le Pen devant plus de 6.000 militants. Cette échéance a été réitérée en fin de discours, devant une assistance très mobilisée : « Dans quelques semaines, vous aurez à travers nous le pouvoir d’engager le grand redressement tant attendu. »
La rencontre entre les deux leaders du RN et Sébastien Lecornu n’est toujours pas programmée. Peu importe, car Marine Le Pen ne s’attend à rien du nouveau locataire de Matignon, qui a lui-même déclaré ne pas rechercher un « accord politique avec le RN ». Au sommet du parti, tous ne parlent déjà que du « retour aux urnes » et d’une nouvelle dissolution. Même si la base en demande davantage, comme l’attestent les nombreux « Macron démission » lancés depuis les tribunes.
« Nous avons un devoir : nous préparer à gouverner », car cette fois « nous allons gagner », a déclaré Jordan Bardella, président du mouvement. Le jeune dirigeant, qui vient de fêter ses 30 ans, a présenté à ses troupes galvanisées le programme qu’il entend mettre en œuvre une fois au pouvoir : suppression de l’aide médicale d’État, de l’aide publique au développement, privatisation de l’audiovisuel public…
« C’est incroyable tout ce que l’on peut faire en étant Premier ministre », a souligné Marine Le Pen, tout en précisant que leur « première priorité sera naturellement le rétablissement des comptes publics ». Sans oublier ses thèmes de prédilection, du pouvoir d’achat à la sécurité, la triple candidate présidentielle a martelé quatre mots aux accents de slogan de campagne : « Demain, nous le ferons. »
Cependant, en interne, la ligne n’est pas encore claire et les débats sont animés sur ce qu’il faut promettre, ou pas, pour les 18 mois restants jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Au cœur de cette agitation, les élections municipales de mars 2026 ont été peu évoquées. Un détail révélateur : Jordan Bardella n’en a fait qu’une seule mention, tandis que Marine Le Pen n’en a pas parlé du tout.

