« Bloquons tout le 10 septembre » : La mobilisation va-t-elle se maintenir si le gouvernement Bayrou tombe ?

«Le 10 septembre, bloquons tout ». Depuis le mois de juillet, cet appel circule sur les réseaux sociaux, porté par des collectifs anonymes, puis soutenus ou non par des syndicats et des partis politiques. Un mouvement né d’un rejet du projet d’économies massives présenté par François Bayrou au début de l’été. Qui pourrait ne plus être aux manettes le jour J : le Premier ministre vient d’engager la confiance du gouvernement à l’occasion d’un vote prévu le 8 septembre prochain, soit deux jours avant le grand blocage annoncé. Si son gouvernement tombe, ce qui semble être le scénario le plus probable pour l’instant, la mobilisation va-t-elle se dégonfler ?
Une mobilisation en cas de démission, « ça a le sens du maintien d’un rapport de force, si tant est que le 10 septembre, le rapport de force se construise », décrypte Stéphane Sirot, spécialiste du syndicalisme et des conflits sociaux, interrogé sur France Info ce mardi. Selon lui les deux cas de figure sont possibles : un gouvernement démissionnaire n’a aucun impact sur la mobilisation ou, au contraire, ce scénario pourrait perturber « la volonté ou la détermination » de ceux qui avaient le projet de se mobiliser.
Pour l’instant, la démotivation ne semble pas au programme. « Le gouvernement s’enfonce. L’opinion gronde. Les premiers aveux de faiblesse sont là. Mais rien ne change », a assuré le compte « Bloquons Tout ! – 10 septembre 2025 » sur X, qui se présente comme la page officielle du mouvement. « Le 8 septembre, les députés peuvent les faire tomber, le 10 septembre, le pays va s’arrêter », poursuit le texte, qui se prépare à se mobiliser « jusqu’au bout ». Un appel aux élus est même lancé. « Il ne peut pas y avoir de neutralité. Si vous ne votez pas contre, vous serez complices », explique le mouvement dans un autre message. Avec un avertissement : « Le peuple vous regarde ».
Surplus de motivation
Le pari risqué du Premier ministre se révèle même être un moteur pour certains, à l’instar des syndicats qui soutiennent le mouvement. « Cela nous motive encore plus », assure à 20 Minutes Sofia Tizaoui, présidente de l’Union syndicale lycéenne (USL), qui appelle aux blocages des établissements scolaires le mercredi 10 septembre. « C’est une première étape, une sorte de victoire que François Bayrou s’autocensure d’une certaine manière », ajoute-t-elle.
« Cela renforce notre conviction et la possibilité que nous avons de gagner », abonde Fabien Villedieu, contacté par 20 Minutes, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail, troisième syndicat de cheminot et soutien du mouvement « Bloquons tout ». « Si le gouvernement Bayrou tombe, son plan d’austérité tombe avec lui », se réjouit-il.
La mobilisation du 10 devient alors un moyen de maintenir la pression. « On se concentre d’abord sur le 10 pour construire une mobilisation sur la durée, souligne Sofia Tizaoui, qui souhaite que les lycéens se fassent entendre notamment sur les sujets de santé mentale ou de rythme scolaire. On ne peut pas continuer de subir la politique de Macron et de ses gouvernements successifs. »
« La probabilité d’un nouveau gouvernement avec des orientations libérales reste très forte », imagine Fabien Villedieu. Et d’ajouter : « Rien ne nous dit qu’on ne se retrouve pas avec une nouvelle purge sociale. » Pour le syndicaliste, cet appel à la grève générale est une occasion de faire passer un message clair : il faut changer de politique.
« Faire tomber Macron »
Le plan d’austérité de François Bayrou a été l’étincelle du mouvement citoyen. Mais si le Premier ministre est hors jeu, une autre cible pourrait concentrer toutes les colères : le président de la République, Emmanuel Macron. De nombreux messages en ce sens ont d’ailleurs été partagés sur le groupe Facebook « Indignons-nous », appelant à la fin du macronisme.
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Une ambition partagée par La France insoumise, qui avait appelé à participer à la journée de blocage. « Le 8 septembre, on vire Bayrou, le 10 septembre, on fait tomber Macron », clame un message repartagé par plusieurs cadres du mouvement ce mardi, dont Manon Aubry et Sophia Chikirou.
Sur France Inter, ce mardi matin, Jean-Luc Mélenchon a affirmé son « souhait que soit maintenue l’idée du 10 septembre. » Tout en martelant un message : « Macron doit partir ».

