« Bistronomia » explore l’univers intense et passionnant de la gastronomie.
La série « Bistronomia », disponible ce jeudi sur France TV et bientôt sur France 2, plonge le spectateur dans le monde exigeant de la gastronomie au début des années 2000. Cette série en neuf épisodes de 30 minutes suit la destinée de trois jeunes, issus de milieux différents, mais animés par la même passion vorace, prêts à tout pour déclencher une révolution culinaire.

Dans la chaleur de la cuisine, loin de l’ambiance intime de la salle, règnent sueur, cris et larmes. Bistronomia, diffusée ce jeudi sur France. TV et prochainement sur France 2, plonge le spectateur au cœur du monde exigeant de la gastronomie au début des années 2000. Cette série de neuf épisodes de 30 minutes suit le parcours de trois jeunes de milieux différents, mais unis par une même passion dévorante, prêts à tout pour initier une révolution culinaire. Ensemble, ils construiront une nouvelle gastronomie, plus démocratique, accessible et affranchie de l’académisme : la bistronomie.
En octobre 2005, des émeutes éclatent à Clichy-sous-Bois. Alors que des jeunes de son quartier préparent des cocktails Molotov, Johanna (Yowa-Angélys Tshikaya) prépare une délicieuse soupe. Cette cheffe prometteuse fait face chaque jour au racisme et au classisme dans le restaurant étoilé où elle travaille en tant que chef de partie à la rôtisserie.
Amandine (Louise Labèque), fille d’un chef célèbre, exerce comme serveuse dans le même établissement que Johanna. Diplômée de Sciences Po, elle doit jongler entre les avances de son supérieur et les blagues salaces de ses collègues. De son côté, Vivian, aspirant critique culinaire, travaille dans un bar.
Une hiérarchie très forte
Ces trois personnages illustrent plusieurs thématiques spécifiques au monde de la gastronomie au début des années 2000. « Il y a une hiérarchie ultra-forte en cuisine. On commence en tant que commis et on grimpe les échelons. Si l’on ne passe pas par la viande, le Graal en cuisine, on ne peut pas devenir chef. C’est ce qui m’a inspiré le personnage de Johanna », indique la créatrice de la série, Marie-Sophie Chambon, lors d’une conférence de presse au Festival de la Fiction de La Rochelle où son équipe, comprenant Judith Havas, Anaïs Carpita et Camille Pierrard, a reçu le prix Stéphane Strano du scénario.
« Beaucoup de questions n’étaient pas encore complètement posées à cette époque. Les thèmes abordés dans le parcours d’Amandine, comme celui du consentement, prennent un sens nouveau parce que nous sommes dans l’ère post-MeToo », souligne Marie-Sophie Chambon. Pour préparer son rôle, Yowa-Angélys Tshikaya a effectué un stage de commis dans les cuisines de la cheffe Foulématou Bangoura : « J’ai découvert l’endurance nécessaire. Le service est très violent. La cuisine, c’est une autre dimension ! Tout cela m’a énormément inspiré pour mon interprétation ! »
L’ébullition d’une petite révolution culinaire
« Le journalisme a également fait un bond dans les années 2000 avec Internet et les blogs », rappelle la scénariste de la série. De l’union de nos trois héros naît un projet de restaurant qui servirait une cuisine accessible, raffinée et inventive dans un cadre convivial. « Il y avait l’idée qu’Internet permettait d’échapper aux guides », commente Charles Gillibert, producteur de Bistronomia. L’écriture s’est libérée parallèlement à ces jeunes chefs un peu rebelles, qui brisaient eux-mêmes les barrières économiques et générationnelles. C’est une période moderne pour l’art culinaire. »
La série retrace l’émergence de la « bistronomie », un mouvement porté par de jeunes passionnés de gastronomie, déterminés à dynamiser une profession considérée comme trop rigide. « Avant les années 2000, il y avait d’un côté de grands restaurants gastronomiques, de l’autre, des bistrots et des restaurants chinois. Il n’y avait pas de compromis », se rappelle Marie-Sophie Chambon.
Le scénario, nourri de nombreuses interviews de chefs et d’un échange avec Nora Bouazzouni, auteure de Violences en cuisine : Une omerta à la française, publié en mai 2025 chez Stock, a été élaboré sous l’impulsion de Marine Bidaud et Alexandre Cammas, cocréateurs de Le Fooding, un guide gastronomique alternatif qui a théorisé cette petite révolution culinaire.
La passion des saveurs au cœur du festin
La série a été filmée dans les cuisines de Paul Bocuse à Lyon. « La quasi-totalité des personnes visibles dans les scènes de cuisine sont de vrais cuisiniers », s’enthousiasme l’un des réalisateurs, Anthony Jorge, qui a conçu une mise en scène nerveuse et dynamique à la manière de The Bear.
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L’authenticité est également renforcée par la présence de l’expert Yves Camdeborde, considéré comme le « pape de la bistronomie », et les conseils de Marine Bidaud. « La nourriture était un enjeu essentiel de la mise en scène. Marine nous a guidés pour s’assurer que nous présentions des plats à la fois apétissants et fidèles à la gastronomie de cette époque-là », précise Anthony Jorge.
Bistronomia révèle des saveurs complexes : la douceur d’une amitié sororale, la note salée d’un milieu où le dépassement de soi frôle le sacrifice, l’amertume d’un bouillon toxique où la quête des étoiles Michelin engendre des violences systémiques, et l’acidité piquante de ces quelques années d’effervescence, pendant lesquelles toute une génération de jeunes chefs a émergé. Un véritable délice !

