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Biathlon : « Quand on sent un point de rupture »… Les entraîneurs des Bleus lâchent l’affaire

Au bout d’un hiver loin des standards auxquels ils avaient habitué, les Bleus et leurs entraîneurs ont atteint « le point de rupture », et Vincent Vittoz et Patrick Favre ont annoncé vendredi qu’ils s’en iraient à la fin de la saison.

« Aujourd’hui, force est de constater qu’on n’est plus en phase avec nos athlètes. On sent qu’ils ne sont pas à même d’entendre certains de nos discours », a expliqué Vittoz à la poignée de journalistes français présents à Oslo, pour la dernière étape de la Coupe du monde de biathlon. « On était prêt à continuer, clairement. Mais aujourd’hui, il y a une rupture dans ce discours », a ajouté l’ex-fondeur, visiblement ému.

Vittoz et Favre avaient pris les rênes du groupe masculin il y a cinq ans, après les JO-2018, et choisi de repartir pour une nouvelle olympiade après les JO-2022, les plus réussis de l’histoire du biathlon français, notamment grâce aux cinq médailles amassées par Quentin Fillon Maillet (deux en or et trois en argent).

« On sent qu’il n’y a plus cette confiance »

Mais, au bout d’une saison post-olympique bien fade -à l’inverse de celle des Bleues, dans le sillage de Julia Simon-, « QFM », Emilien Jacquelin et les autres ne sont plus sur la même longueur d’ondes que leurs entraîneurs. « On avait beaucoup d’idées (pour rebondir) mais elles ne collent pas (avec les leurs). L’entraînement se base beaucoup sur la confiance, aujourd’hui on sent que cette confiance manque, a repris Favre. Forcer les choses, ce n’est pas une bonne chose. »

Tout au long de l’hiver, les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Au point que les Bleus risquent d’achever la saison dimanche sans la moindre victoire individuelle, ce qui n’est plus arrivé depuis 26 ans (1996/97).

Déjà, pour la première fois depuis 14 ans, juste avant la grande époque Martin Fourcade, ils ne sont montés sur aucun podium individuel aux Mondiaux à Oberhof (Allemagne) en février. Ils y ont néanmoins été sacrés champions du monde du relais devant la Norvège de Johannes Boe.

« Quentin s’est trompé de lecture »

« Il va falloir réfléchir tous ensemble à ce qu’on doit faire évoluer en équipe, staff comme athlètes, pour ne pas refaire une saison comme ça », estimait alors Jacquelin. Fillon Maillet, lui, a répété tout au long de l’hiver son envie de « nouveauté ». Si bien que, finalement, ce divorce n’est pas tellement une surprise.

Pour expliquer le triste hiver de ses troupes, Vittoz avance lui « une spirale négative » et « surtout, la faillite de nos deux leaders ». « Quentin (Fillon Maillet), il n’a jamais voulu entendre les messages d’avertissement (disant que) ça ne serait pas une année comme les autres. Il voulait montrer à tous ceux qui lui disaient que ça allait être une année plus difficile que, lui, ça ne l’atteindrait pas, parce que c’est une machine. Il s’est trompé un peu de lecture, développe-t-il. On a essayé de le mettre en garde. Notre tort, c’est peut-être de ne pas avoir assez impacté. »

Quant à Jacquelin, qui a mis un terme anticipé à sa saison après Oberhof, c’est « un athlète dépressif depuis un an et demi, qu’on a accompagné, on a fait plus que ce qui était possible, on a mis toute notre énergie, peut-être trop à certains moments, peut-être qu’on a trop cherché à essayer de le ramener dans le droit chemin, explique Vittoz. On n’était peut-être pas les bonnes réponses non plus, mais on l’a maintenu autant qu’on a pu. »

Les Bleus ne totalisent que cinq podiums individuels en Coupe du monde depuis le début de la saison : un seul pour QFM, trois pour Jacquelin, et un pour le jeune Eric Perrot.