Biarritz va-t-elle être contrainte de rebaptiser le nom du quartier de La Négresse ?
La ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) sera-t-elle contrainte par la justice de débaptiser le quartier de la Négresse ? A la suite d’une audience en appel, jeudi dernier devant la cour administrative de Bordeaux, le rapporteur public a en tout cas reconnu la « connotation insultante » du terme, admis qu’il « peut porter atteinte à la dignité humaine », et préconisé d’abolir la décision du tribunal administratif de Pau, qui avait rejeté en première instance la demande de l’association Mémoires & Partages.
Celle-ci se bat depuis plus de cinq ans pour faire retirer ce nom du quartier de la Négresse, qu’elle considère comme raciste. Mais le 21 décembre 2023, le tribunal administratif de Pau avait rejeté sa requête, indiquant que cette appellation « était certes péjorative mais n’était pas une atteinte à la dignité de la personne ».
« Il ne s’agit pas de renier l’Histoire »
Le directeur et fondateur de l’association, Karfa Diallo, estime aujourd’hui que « l’on peut se réjouir [de l’audience en appel], tout en restant prudent ». « Le fait que le rapporteur public ait indiqué que cette appellation était non seulement péjorative mais surtout attentatoire à la dignité de la personne donne de l’espoir quant à la prochaine abrogation des délibérations, explique-t-il. Pour nous, il ne s’agit pas de renier l’Histoire, mais de refuser que des noms insultants et oppressifs continuent de structurer notre espace public. »
Depuis une délibération municipale de 1861, suivie par une autre de 1986, la ville de Biarritz autorise cette dénomination pour ce quartier et une rue, proches de la gare, faisant référence à une femme esclave noire, qui aurait servi dans une auberge du quartier au début du XIXe siècle.
Le nom de « négresse » inscrit sur de nombreuses signalisations
Le nom de « négresse » se retrouve ainsi sur de nombreuses signalisations, une dizaine d’établissements commerciaux, le péage autoroutier de Vinci et des représentations caricaturales de femmes noires. « A la suite de plusieurs tentatives vaines de sollicitation de la municipalité de Biarritz, le réseau Mémoires & Partages s’est vu contraint de déposer un recours administratif demandant l’abrogation des délibérations municipales en cause », rappelle l’association.
« La persistance de cette dénomination raciste pour ce quartier de Biarritz est une injure au vivre-ensemble et à la reconnaissance de la composante noire de l’histoire de France », estime encore l’association. La municipalité, qui n’avait pas encore répondu ce lundi aux sollicitations de 20 Minutes, estime de son côté que ce terme fait partie de l’Histoire, et envisagerait d’installer une plaque commémorative et explicative dans le quartier, pour faire œuvre de pédagogie.
La cour administrative d’appel de Bordeaux rendra sa décision le 6 février.