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Betclic Elite : Victor Wembanyama marque-t-il le pas, à trois mois de la draft NBA ?

A l’Astroballe (Villeurbanne),

On connaît une flopée de joueurs professionnels qui rêveraient de présenter une ligne de stats avec 15 points, 11 rebonds et 3 contres dans un choc de Betclic Elite face au triple champion de France en titre. Sauf qu’on parle ici de Victor Wembanyama, le futur premier basketteur français de l’histoire à devenir le first pick d’une draft NBA. Après avoir longtemps écrabouillé de la tête et des épaules le championnat de France avec Boulogne-Levallois et Vincent Collet, comme en atteste toujours sa place de leader de la ligue aux points marqués, aux rebonds, aux contres et à l’évaluation, « Wemby » traverse un léger coup de moins bien.

Le phénomène de 19 ans et 2,21 m ne carbure ainsi plus à 31 points de moyenne comme cela avait été le cas en novembre dernier. Bloqué à 15 unités contre l’Asvel en janvier, le polyvalent intérieur a encore pioché face à son précédent club mardi, et cette fois sans signer la claquette dunk de la victoire qui avait sauvé son match à Marcel-Cerdan (84-83). Non, dans une Astroballe à guichets fermés (5.560 places), rien que pour sa présence ou presque, Victor Wembanyama a d’emblée semblé dans un jour sans, comme contre Nancy vendredi (14 points). Efficace aux lancers francs (8/8), parfois grâce à des coups de sifflet généreux, l’international tricolore a ainsi eu besoin d’attendre la 12e minute de jeu pour inscrire son premier panier (24-14).

« On s’est fait casser la figure »

La jeune star des Mets a en effet été secouée dans les duels par la doublette de remplaçants Youssoupha Fall-Yves Pons, excellents des deux côtés du terrain (28 points et 12 rebonds cumulés en seulement 31 minutes). « Ça ne concerne pas uniquement Victor mais ce soir, on s’est fait casser la figure, soupirait Vincent Collet après la large défaite concédée à l’Astroballe (86-69). Quand je vois qu’on était menés 30-10 aux rebonds à la mi-temps, ça montre à quel point on a vraiment été dominés dans l’agressivité et l’engagement. » Une critique qui peut parfaitement valoir pour Victor Wembanyama, trop soft lors de ce rendez-vous entre le 2e et le 4e de Betclic Elite. Surtout face à un Yves Pons aussi bondissant qu’au match aller… et qu’au concours de dunks du All-Star Game. D’ailleurs, son ultime envolée mardi valait quasiment son coup d’éclat au-dessus du géant de Boulogne-Levallois en plein concours.

« On sait que toute l’attention est sur Victor, qui est l’un des meilleurs joueurs du monde à son âge, résume Yves Pons. Comme j’aime bien le challenge, j’adore jouer contre lui. » Pour autant, et même si « Wemby » a fini avec un 3/13 aux tirs qui pique les yeux, il s’agit de la photographie d’une soirée. Une soirée durant laquelle l’Asvel a enfilé son meilleur costume d’Euroligue pour étouffer un concurrent direct à la deuxième place en vue des play-offs. « C’est irréel de jouer avec Victor, révèle son nouveau coéquipier TaShawn Thomas. Ce que je respecte beaucoup chez lui, c’est sa manière de dédier sa vie à ce sport, et d’être par exemple le premier à prendre la parole dans le vestiaire après la défaite de ce soir. »

« Jouer une seule fois par semaine, c’est facile »

Un leadership qu’on n’aurait guère pu imaginer la saison passée, lorsque l’ancien Nanterrois traversait sa première véritable année professionnelle avec une grande discrétion à Villeurbanne (9,4 points et 5,1 rebonds en 18 minutes de moyenne). Son ex-coach à l’Asvel TJ Parker s’est justement livré mardi soir à une analyse très précise sur l’évolution de Victor Wembanyama, qui a donc fait le choix l’été dernier de ne pas opter pour une saison à plus de 70 matchs (avec l’Euroligue).

Victor Wembanyama a peiné à porter son équipe des Mets, mardi soir à l'Astroballe.
Victor Wembanyama a peiné à porter son équipe des Mets, mardi soir à l’Astroballe. – JEFF PACHOUD / AFP

On peut voir à quel point Victor a progressé ces derniers temps. Mais il s’était déjà beaucoup développé chez nous. Il avait connu une saison difficile à cause de ses nombreuses blessures, et ce n’est pas facile de trouver du rythme dans ces conditions. Il a désormais plus de responsabilités et je pense que le fait de ne jouer qu’une seule fois par semaine est peut-être mieux pour lui afin de minimiser le risque de blessures. On respecte son choix d’être allé à Boulogne-Levallois, je pense qu’il a pris une bonne décision pour son avenir. Ensuite, il faudra voir comment il arrive à gérer l’enchaînement des matchs. Jouer une seule fois par semaine, c’est facile. Disputer 82 rencontres par saison, ce n’est pas la même chose. »

Un amateur de basket venu exprès de Venise

C’est ce challenge XXL qui attendra Victor Wembanyama outre-Atlantique, en octobre prochain. D’ici là, il tentera de devenir champion de France pour la deuxième fois consécutive, même si l’AS Monaco et l’Asvel paraissent nettement mieux armés que le Mets. Il n’a pas encore fini de découvrir de folles histoires de fans prêts à tout pour le voir avant son grand départ. Y compris à affronter des tarifs jusque-là jamais vus à l’Astroballe, avec de nombreuses places vendues (en moins d’une journée) entre 75 et 375 euros, contre une billetterie n’excédant en général par les 70 euros pour affronter les meilleures équipes d’Euroligue.

Andrea (19 ans) est venu spécialement de Venise pour voir pour la première fois de ses propres yeux Victor Wembanyama sur le parquet.
Andrea (19 ans) est venu spécialement de Venise pour voir pour la première fois de ses propres yeux Victor Wembanyama sur le parquet. – J. Laugier/20 Minutes

Il en faudrait plus pour dissuader Andrea de se farcir 800 km depuis Venise afin de venir observer le géant tricolore à l’Astroballe, tout en portant un tee-shirt avec la fameuse Une de Slam consacrée à « Wemby ». Parti seul mardi matin en train jusqu’à Turin, puis en car jusqu’à Lyon, cet Italien de 19 ans fan des Spurs a remis ça dans la nuit de mardi à mercredi. « Ça peut sembler fou mais je mourrais vraiment d’envie de voir au moins une fois ce phénomène avant qu’il ne file en NBA », sourit Andrea. Ça ne nous étonnerait pas qu’il organise d’ici la fin de l’année 2023 un voyage à San Antonio pour suivre les premiers pas en NBA de Victor Wembanyama avec sa franchise de cœur, who knows.