France

Bébés agressés à Montreuil : « Chaque jour qui passe est un jour de torture », les parents de victimes s’impatientent

L’attente est insoutenable pour les familles des potentielles victimes du drame du service de néo-natalité de l’hôpital André Grégoire de Montreuil. « Les enfants de mes clients ont-ils été victimes ? », se questionne Me Guedj Benayoun alors que le doute continue de planer sur l’ensemble des familles dont les nourrissons ont été hospitalisés entre décembre 2024 et janvier 2025.

Dans cette affaire, une infirmière est soupçonnée d’avoir commis des agressions sexuelles filmées sur au moins deux bébés. Dans l’attente de l’identification de tous les nourrissons concernés, une quinzaine de familles ont demandé à se constituer partie civile devant le juge d’instruction. « Les parents ne peuvent pas se demander toute leur vie si leur enfant a été victime », déclare l’avocate dont certaines familles ont saisi la justice dans le but d’obtenir « la vérité et d’accéder au dossier d’instruction ».

« Chaque jour qui passe est un jour de douleur »

En faisant cette démarche, les familles espèrent trouver des réponses, et vite. « Les parents sont des victimes indirectes avec un préjudice d’anxiété énorme depuis trois semaines », confie Me Maghrebi-Mansouri, représentante de sept familles concernées. « Chaque jour qui passe est un jour de torture et de douleur », ajoute-t-elle, alors qu’« aucune n’a reçu à ce jour son dossier médical ».

Dans l’attente de la réponse du juge d’instruction, Me Guedj Benayoun, qui représentait déjà des victimes lors du procès Le Scouarnec, dénonce les failles du système judiciaire en matière de pédocriminalité. et notamment un manque de « moyens ». Ce que soutient sa consœur : « Les faits sont de plus en plus nombreux, de plus en plus fréquents et graves. La France doit intervenir urgemment en matière de pédocriminalité ».

Mémoire traumatique

Selon le parquet, « deux mamans ont en l’état identifié leur enfant » sur deux vidéos dont la justice dispose. Sur l’une, l’infirmière met deux doigts dans la bouche d’un enfant. Sur l’autre, elle touche le sexe d’un second sous forme de caresses et d’un pincement, avait-il été précisé à l’audience. « Les nourrissons ont aussi une mémoire traumatique » même s’ils ne se souviennent pas de la violence dont ils ont été victimes, rappelle Me Guedj Benayoun. « Au procès Le Scouarnec, 290 victimes sur 299 ont recensé des séquelles » de ce type malgré les anesthésies générales.

Dans le dossier de la maternité de Montreuil, une psychiatre accompagne les familles, le rôle de ces experts sera de « se prononcer sur cette mémoire traumatique », confirme Me Maghrebi-Mansouri. En grandissant, les enfants concernés pourront porter plainte dans un délai de prescription, « les parents pourront faire la démarche à leur place en tant que représentant », évoque l’avocate, dans la mesure où d’autres faits seraient avérés.

Maintenus sous contrôle judiciaire

Pour rappel, l’infirmière Juliette S., 25 ans, s’était elle-même rendue le 30 juillet au commissariat pour se dénoncer à la suite de mises en cause sur les réseaux sociaux. Elle est soupçonnée d’avoir agressé sexuellement au moins deux bébés sous l’emprise de son ex-amant. Redouane E., aujourd’hui âgé de 28 ans aurait avoué « fantasmer sur des enfants ». Cet homme avait été interpellé le 30 juillet chez lui et son matériel informatique saisi. Tous deux avaient été mis en examen le 2 août.

Les dernières actualités judiciaires

Le parquet de Bobigny a demandé leur placement en détention provisoire. Mais les deux individus ont été maintenus sous contrôle judiciaire par la chambre de l’instruction à Paris le 14 août.