Baisse du Livret A : Assurance-vie, SCPI, « supercomptes », … Quatre alternatives plus rentables (mais souvent plus risquées)
«Le Livret A n’est pas un investissement ». La sentence de Yann Darwin, expert financier et directeur de GreenBull Group, peut sembler sévère pour le compte épargne préféré des Français. Bien sûr, son succès ne vient pas de nulle part « Il est très facile d’utilisation, ne demande aucun effort ou suivi, et il permet de reprendre son argent en cas de besoin », soutient Marc Tempelman, co-fondateur de Cashbee.
Mais alors que son taux d’intérêt baisse – à 2,4 % en ce 1er février –, il suffit à Yann Darwin de sortir la calculette pour démontrer sa théorie. Même avec un Livret A rempli au maximum, à 22.950 euros, votre gain ne dépassera pas 5.500 euros sur dix ans… « A ce rythme, autant faire des heures supplémentaires, c’est plus rentable ».
Pourtant, d’autres solutions d’épargne existent, soutiennent les experts économiques interrogés par 20 Minutes. Mais lesquelles ?
Le fonds en euros de l’assurance-vie, le Livret A en mieux ?
En utilisant des fonds garantis en euros, l’assurance-vie offre les mêmes qualités que le Livret A. « Sans risque et liquide – on peut la récupérer quand on veut si on a une urgence financière », vante Marc Tempelman. Méfiance tout de même au niveau de l’imposition, les retraits sont fiscalisés. L’assurance-vie possède aussi la force d’être sans plafond, l’un des défauts du Livret A. « Il est techniquement possible de mettre des millions d’euros dessus », précise l’expert.
Autre avantage des fonds en euros, les intérêts qu’ils génèrent chaque année sont capitalisés pour donner encore plus d’intérêt l’année suivante. Et les intérêts, justement ? Tout dépend de l’assurance-vie que vous contractez. « Les rendements peuvent aller de 2,50 à 3,50 nets de frais », estime l’expert. Soit mieux que le Livret A actuel, sans avoir de vraies faiblesses par rapport à lui.
Attention toutefois, en passant par un banquier traditionnel, ce dernier peut vous demander des frais de dépôt et de sortie, ce qui forcément rogne sur vos bénéfices. D’où l’intérêt, selon Marc Tempelman, de passer par des sites en ligne et sans frais, « sans citer forcément le mien pour ne pas faire ma publicité, évidemment ». Evidemment.
Si vous êtes un peu plus joueur, il est possible de ne pas prendre que des fonds garantis en euros. Vous pouvez miser sur des unités de compte, « plus risqués, avec des chances de perte, mais qui peuvent permettre un vrai boost de votre assurance-vie », soutient Patrick Thiberge, directeur général de Meilleurtaux Placement. La différence ? Les premiers sont constitués majoritairement d’obligations d’état et privées, extrêmement sécurisées (le remboursement par l’Etat est plutôt garanti), les deuxièmes sont investis pour vous sur des marchés financiers, fatalement plus volatiles. « Vous pouvez sécuriser une partie de votre épargne sur le fonds en euros et investir le reste en unités de compte pour rechercher une meilleure rentabilité », explique Patrick Thiberge. « Il est ainsi possible de facilement booster son assurance-vie avec des unités de compte ayant un rendement de 5 à 6 % ».
Les « super-comptes »
Rien de plus simple, on va donc survoler un peu. Vos banques peuvent parfois proposer des comptes épargnes avec des intérêts plus élevés que le Livret A, mais souvent sur une durée limitée (quelques mois, un an, deux). Ces petits bijoux de rentabilité se nomment « super-comptes » et peuvent notamment figurer à l’arrivée d’un nouveau client, renseigne Patrick Thiberge.
Attention à vous renseigner sur les conditions de ce compte – notamment sur le retrait possible ou non d’argent – avant d’y placer vos précieuses économies.
Pour les foyers les plus précaires (22.419 euros de revenu fiscal annuel pour une seule personne), il existe pour chaque banque (hors certaines banques en ligne) la possibilité du Livret d’épargne populaire, dont le taux est fixé à 3,5 % au 1er février 2025. Par contre, le plafond est seulement de 10.000 euros, on ne peut pas tout avoir.
La société civile de placement immobilier (SCPI), la pierre à moindre coût
Depuis votre enfance, Mamie vous dit qu’il faut investir dans la pierre. Mais vous n’avez jamais eu les fonds pour vous acheter, même avec un emprunt, le moindre logement vu le prix de l’immobilier ?
Les SCPI sont faites pour vous. Il s’agit de placer une partie de vos économies dans un organisme de placement collectif, qui gère des immeubles à la location. Une partie du revenu du loyer que ses biens génèrent vous revient ensuite. Magique ? Attention. « Ce n’est pas un placement totalement sécurisé et sans risque », prévient Marc Tempelman, notamment en cas d’effondrement de l’immobilier. Même s’il l’assure, « les revenus générés sont très peu volatils. »
Deuxième défaut : contrairement au Livret A et au fonds en euros, la liquidité n’est pas garantie. Le marché immobilier étant parfois exsangue, la SCPI ne peut pas toujours vous rendre les sommes que vous avez placées dessus, contrairement à un Livret A où la reprise de votre argent est automatique. Avantage tout de même, « les SCPI affichent des intérêts entre 6 et 7,5 % par an », soutient Marc Tempelman.
Le PEA, pour les aventuriers de la finance
Bon, c’est bien beau tout ça, mais on s’endort un peu, non ? Si vous voulez commencer votre carrière de Loup de Wall Street en herbe, il existe une option : le PEA (plan d’épargne en action). Alors bien sûr, c’est beaucoup plus risqué. « Contrairement aux options précédentes, il y a un vrai risque de perte, et de potentielle grosse perte », avertit Marc Tempelman.
Mais à un moment, il faut bien jouer, plaide Yann Darwin. Qui croit en des risques limités : « Il faut miser sur de l’ETF capitalisant (Exchange-Traded Fund, ou fonds négocié en bourse en français) pour surperformer. » Et s’il n’existe pas de valeur sûre en bourse, certaines places fortes sont quand même considérées comme assez fiables. « En moyenne, les plus grosses entreprises européennes – celles sur qui on peut capitaliser avec un PEA – ont en moyenne un taux d’intérêt de 8 % par an depuis dix ans. A long terme, c’est quasiment toujours rentable, ».
L’avantage de ces ETF, c’est qu’il s’agit d’une « gestion 100 % passif ». Vous pouvez donc encore « rajouter un peu de sel », aux yeux de Yann Darwin, avec de la crypto. « Ceux que comprennent très bien les gens, c’est que la crypto est très volatile et très risquée… Mais ils passent souvent à côté du fait que les gains peuvent être énormes par rapport aux pertes. »
« Mon conseil, ce serait donc de mettre seulement une partie de son épargne dessus. Si vous placez 10.000 euros dans votre PEA, 1.000 peuvent être dévolus aux cryptos. Ainsi, dans le pire des cas, vous limitez les pertes. Par contre, si ça fait x 5 ou x 6, ça fait beaucoup de rentabilité. »