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Baisse de libido, fatigue, déprime… Vous souffrez peut-être d’andropause, la « ménopause masculine »

En ce moment, vous vous sentez fatigué, un peu déprimé, vous vous rendez compte que vous avez de moins en moins de libido et de plus en plus de problèmes d’érection. Vous vous dites sûrement : « c’est normal, je vieillis, je dors moins bien et puis ça fait un moment qu’on est ensemble… » Oui, peut-être. Mais peut-être aussi traversez-vous une andropause.

Ce terme est couramment utilisé pour désigner la version masculine de la ménopause, mais les médecins lui préfèrent le terme de « déficit androgénique lié à l’âge » (Dala). Car si la ménopause, qui touche toutes les femmes, marque l’épuisement de leur réserve ovarienne, les rendant stériles, il n’en va pas de même chez les hommes. Car seule une partie d’entre eux connaîtra une baisse, progressive et très majoritairement partielle, de production de testostérone. S’il est difficile de mesurer sa prévalence en raison de son côté tabou, l’andropause toucherait entre 1 et 5 % des hommes âgés de 40 à 50 ans, et entre 20 à 50 % de ceux de plus de 70 ans.

Quels sont les symptômes ?

« La plupart des hommes qui me consultent sont préoccupés par leur dysfonction érectile », assure le docteur Vincent Hupertan, urologue, sexologue et créateur du podcast Prostate Minute. Ne pas réussir à obtenir ou à maintenir une érection satisfaisante lors d’un rapport sexuel, le tout accompagné d’une baisse de libido, pousse des hommes à franchir la porte d’un cabinet. Mais les symptômes du déficit androgénique lié à l’âge ne s’arrêtent pas là : baisse de tonus, troubles du sommeil, irritabilité, bouffées de chaleur, sudation importante en dehors de toute activité physique, prise de poids, perte de masse musculaire, fragilité osseuse, douleurs musculaires et articulaires, régression de la pilosité.

Comment être diagnostiqué ?

Le problème de l’andropause, c’est que ses symptômes sont très peu spécifiques. Il est fréquent de se sentir fatigué, courbaturé ou déprimé… Avant de pencher vers une andropause, Stéphane Droupy, professeur d’urologie au CHU de Nîmes et à l’Université de Montpellier, vérifie que son patient a au moins un symptôme spécifique (telle qu’une baisse de libido, une dysfonction érectile ou une ostéoporose) et deux symptômes non spécifiques (fatigue, perte de la force musculaire, trouble de l’humeur, insomnie, anémie, diminution pilosité).

Pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une Dala, l’urologue prescrit ensuite un test sanguin afin de vérifier le faible taux de testostérone. « Le taux normal pour un homme est de 3 à 8 nanogrammes par millilitre », poursuit le médecin. Le diagnostic tombe donc quand le chiffre est inférieur à 3.

Quel est le traitement ?

« Comme on manque de testostérone, on va en remettre, tout simplement », explique le professeur Droupy. Pour ce faire, il existe deux méthodes. La première consiste à s’appliquer quotidiennement un gel au niveau de l’épaule, mais ce procédé n’est pas remboursé. Le deuxième, remboursé cette fois, prend la forme d’une injection intramusculaire au niveau du fessier, à effectuer toutes les trois semaines, puis toutes les six semaines. « Une piqûre intramusculaire à réaliser tous les trois mois vient également d’être remboursée », ajoute le professeur. Ce type de traitement est toutefois à éviter chez les personnes ayant un risque élevé de cancer de la prostate, ce cancer étant hormonodépendant.

L’urologue et sexologue Vincent Hupertan conseille également à ses patients de revoir leur mode de vie. « Parmi les hommes touchés par cette baisse de testostérone, beaucoup souffrent de diabète de type 2, d’obésité ou de maladies cardiovasculaires. L’activité physique est donc très conseillée. » Pour le médecin, il ne s’agit pas d’une question de bien-être, mais d’un vrai sujet de santé publique.