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Avec son nouveau podcast « Backstory », Spotify explore l’histoire à travers le rap

Dans le rap francophone, les références à l’histoire ne manquent pas. De Médine à Meryl, en passant par Dosseh et Disiz, les paroles des artistes ont quelque chose à raconter de notre époque, mais aussi de celles passées. Après des années à potasser cette idée dans sa tête, l’auteur et réalisateur Gloire Savula Mbongo a décidé d’en faire un podcast, appelé « Backstory », une production originale Spotify avec Binge Audio. Un an et demi de travail plus tard, l’épisode pilote avec le rappeur Disiz voyait enfin le jour ce mardi.

Pour Spotify, qui produit déjà ses propres contenus comme « Canapé six places » de Léna Situations, l’idée faisait sens. « Nous produisons des documentaires, des fictions, mais jamais de contenus liés à la musique. Ça n’était pas logique », avoue Claire Hazan, en charge de la stratégie des podcasts et des productions originales de Spotify en France et au Benelux. Le pitch de ce nouveau podcast ? « Des artistes musicaux viennent éclairer les références » historiques évoquées dans leurs textes.

De Gold à Médine

L’idée a émergé dans la tête de Gloire Savula Mbongo depuis quelques années déjà. Dès le collège plus précisément. Dans ses cours de musique, Gloire Savula Mbongo comprend le lien entre « la grande histoire » et la musique. A l’époque, son professeur leur montre par exemple les paroles du groupe Gold et ses références à la guerre du Liban.  « Mais tes murs de sable rose ont perdu leur éclat. Sous les ombres noires des soldats. Ville de lumière, qu’ont-ils fait de toi ? ». Dans ce titre sorti en 1986, Ville de lumière, le groupe rendait hommage à Beyrouth, ravagée par la guerre civile.

Quelques années plus tard et une street cred’ en plus, le podcast « Backstory » veut justement explorer les faits historiques, sociologiques et littéraires à travers les lyrics et surtout le regard des artistes. L’idée ici, c’est de montrer qu’à travers chaque carrière et chaque trajectoire personnelle d’un rappeur, il existe un « fil rouge » lié l’histoire. Dans l’épisode pilote avec Disiz, il sera par exemple question des mouvements non-violents et celles de personnalités telles que Malcolm X, Angela Davis, Gandhi, Tolstoï ou encore Martin Luther King.

Le jeune public dans le viseur

Toutes les deux semaines, chaque épisode – d’environ trente minutes – sera rythmé par le travail en interne de l’équipe du podcast, composée de Gloire mais aussi de ses fidèles alliés, le journaliste Sofian Choumane et l’universitaire Emmanuelle Carinos. Tous les épisodes commencent en effet par des vocaux échangés dans une même conversation WhatsApp où les trois passionnés s’échangent leurs différentes découvertes de références historiques dans le rap. Une fois répertoriées dans ce groupe d’amis, les références historiques sont commentées par l’artiste.

Pour Gloire, le but est avant tout d’ouvrir l’histoire à tous, « pas forcément celle que nous trouvons dans nos livres scolaires ». Le tout n’est pas de réécrire l’histoire, mais de l’expliquer à travers l’œuvre d’un artiste reconnu par son public. « Pour le choix des artistes, nous souhaitions nous tourner vers ceux écoutés par la jeune génération et je me suis demandé quels sont ceux que mon petit frère pourrait affectionner », explique Gloire Savula Mbongo.

« Une porte d’entrée ludique »

Une bonne chose pour Spotify qui ambitionne également d’élargir son public aux plus jeunes. « Avec « Backstory », nous voulons proposer aux plus jeunes une porte d’entrée ludique et éclairée vers des savoirs souvent jugés trop « académiques ». Une grande partie de nos utilisateurs ont entre 18 et 25 ans, fans de rap et de pop, et Spotify est donc la parfaite plateforme où proposer cette approche qui mêle musique et culture, savoir et divertissement », précise Claire Hazan.

A l’avenir, l’auteur et réalisateur Gloire Savula Mbongo confie même sa volonté d’ouvrir son podcast à des artistes plus pop qui auraient également un regard sur une histoire qui leur est propre.