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« Avant on avait une F1, là, ce nouveau bateau est un 4×4 pour aller chercher le Vendée Globe », espère Thomas Ruyant

De notre envoyé spécial à Lorient (Finistère),

Un bateau qui fend les airs avant d’être posé délicatement dans l’eau du port de Lorient. Ce jeudi, Thomas Ruyant a mis à l’eau son nouvel Imoca baptisé For People. « Il ressemble à la 3D sur les ordis. Il est un beau et un beau bateau, ça va vite », lance en souriant le skipper nordiste. Le foiler est le résultat de 50.000 heures de travail, cinquante personnes ont œuvré dessus. Dans l’eau mais pas encore au large. Les voiles ne seront hissées que « dans dix ou quinze jours » pour effectuer avant cela de nombreuses vérifications. Puis viendra le temps d’accueillir Sam Goodchild, marin anglais qui récupère son précédent voilier LinkedOut et qui rejoint sa structure TR Racing avec l’ambition d’aligner les deux bateaux sur le Vendée Globe 2024.

Sous le soleil breton de la mi-mars, un œil sur son nouveau bateau, Thomas Ruyant a répondu aux questions de 20 Minutes.

Thomas, la mise à l’eau d’un nouveau bateau, est-ce comme récupérer les clefs d’une maison dont on a fait les plans, qu’on a fait construire et dans laquelle on emménage ?

C’est un peu ça. C’est un peu ma maison une partie de l’année (sourire). C’est excitant des journées comme ça, c’est le résultat de beaucoup d’heures, de jours, de mois et d’année de travail. Le bateau qui rejoint son élément liquide, c’est un moment important.

Êtes-vous impatient de le prendre en main ?

Clairement. Je n’ai pas navigué depuis l’arrivée de la Route du Rhum [le 21 novembre]. J’étais impatient de cette mise à l’eau. Là, on enfile les drisses, les écoutes, les bouts, les circuits de manœuvre. Je me suis retrouvé dans le cockpit, derrière la colonne à faire tourner les winchs, lever les bouts, ça donne envie de rapidement naviguer. On a encore pas mal de tests avant ça : finir d’armer le bateau, d’installer les voiles. Mais on n’est pas loin d’une première navigation d’ici dix ou quinze jours.

Un nouveau bateau, doit-il comme une voiture être rodée ?

Non, il y a beaucoup de choses à tester pour vérifier que les pièces sont bien construites, qu’il n’y a pas de mauvaises surprises. Ce sont des bateaux qui sont très puissants, la navigation peut être assez violente, c’est important d’y aller par étapes.

Thomas Ruyant, lors de la mise à l'eau de « For People » son nouvel Imoca, à Lorient, le 16 mars 2023.
Thomas Ruyant, lors de la mise à l’eau de « For People » son nouvel Imoca, à Lorient, le 16 mars 2023. – Pierre Bouras

Qu’est-ce que le « For People » a gardé de votre ancien bateau « LinkedOut » ?

Il y a beaucoup de systèmes mécaniques liés aux foils dont on tire l’expérience de LinkedOut. Il y a le cockpit et son organisation, la vie à bord, les circuits de manœuvre. Ce sont des choses qui ont bien fonctionné sur le premier bateau et qu’on a récupérées en les améliorant à la marge. Le jeu de voiles est très proche. Au niveau carène [partie de la coque qui est sous l’eau], on est radicalement différent.

Qu’avez-vous cherché à avoir en plus ou en moins entre les deux bateaux ?

Ce n’est pas plus. Ce bateau n’est pas plus rapide que le précédent. On ne cherche pas à être les meilleurs de la baie de Lorient, on veut un bateau de large. La carène est la plus grosse différence. Elle nous permettra de passer moins de temps à la régulation, d’augmenter les vitesses moyennes, de mieux passer la mer. On avait une Formule 1, là on a fait un 4×4 pour aller chercher le Vendée Globe.

Votre précédent bateau passe dans les mains de Sam Goodchild. Est-ce que ça fait quelque chose de lâcher un voilier que l’on a construit, avec lequel on a gagné ?

C’était bizarre de quitter le bateau à l’arrivée de la Route du Rhum car je savais que c’était la dernière course avec lui. Aujourd’hui, je viens de mettre à l’eau ce nouveau bateau donc je suis très centré dessus. Je suis ravi au contraire que le bateau ait une belle suite, qu’il récupère un bon marin comme Sam. Et c’est le début d’une histoire commune. On va essayer de collaborer au maximum pour être plus performants que les autres marins.

Votre voile change au niveau du message. Vous étiez avec LinkedOut qui œuvre pour réinsérer des personnes éloignées de l’emploi. Aujourd’hui, il n’y a pas de marque ni le nom d’une association dessus, c’est un message global : For People. Qu’y a-t-il derrière ?

Avec For People, on va continuer de soutenir Entourage qui portait le dispositif LinkedOut. Seulement Entourage, ce n’est pas que de la réinsertion par l’emploi, c’est aussi par le sport, la culture, le voisinage. C’est une association qui a pris de l’ampleur, grossit grâce à nous avec l’aide de notre coup de projecteur. Maintenant, il va y avoir d’autres initiatives à booster. La course au large a cette puissance médiatique pour porter des initiatives à impacts sociétales.