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Autriche : L’extrême droite échoue à prendre le pouvoir

Le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) ne va finalement pas avoir les manettes de l’Autriche. Ce parti d’extrême droite a été contraint mercredi de renoncer à former un gouvernement avec les conservateurs, mettant fin à plusieurs jours de tensions et d’invectives.

« Malgré d’intenses efforts, il n’a pas été possible de parvenir à un accord », a constaté le chef du FPÖ Herbert Kickl, appelant à « de nouvelles élections au plus vite ». Il avait informé plus tôt le président Alexander Van der Bellen de son échec, « remettant le mandat » qui lui avait été confié le 6 janvier.

L’ÖVP fustige l’« intransigeance » de Kickl

Les conservateurs de l’ÖVP ont eux blâmé « sa soif de pouvoir et son intransigeance ». « Il n’était pas prêt à faire des compromis et à établir un partenariat d’égal à égal, développant des fantasmes de toute-puissance ». « Autriche forteresse », « asile zéro »… le FPÖ n’a en effet pas reculé d’un pouce sur sa volonté de renverser la table, faisant fi d’un système parlementaire basé sur le compromis.

Les négociations avaient débuté il y a un peu plus d’un mois entre le FPÖ, arrivé pour la première fois en tête avec près de 29 % des voix aux législatives de fin septembre, et l’ÖVP (26,3 %), à la suite de l’échec des précédentes discussions.

Après le coup de tonnerre du scrutin, la droite avait d’abord tenté de former une coalition « tout sauf Kickl » avec la gauche et les libéraux, mais sans succès. L’ÖVP affaiblie avait alors tendu la main à son ennemi mais les tensions ont rapidement affleuré, Herbert Kickl brusquant cette formation habituée au pouvoir depuis 1987.

Des liens problématiques avec la Russie

Le FPÖ voulait le ministère de l’Intérieur, une exigence inacceptable pour les conservateurs qui leur avaient cédé ce portefeuille fin 2017 et sont échaudés par l’expérience : les services de renseignement occidentaux avaient à l’époque pris leurs distances en raison des liens du parti d’extrême droite avec la Russie. Elle avait donc proposé de confier à Herbert Kickl uniquement les domaines de l’asile et de la migration. Une répartition des tâches « vouée à l’échec », selon le FPÖ. Autre problème de taille : la droite réclamait un positionnement clair de la coalition contre Moscou.

« Si mon objectif avait été de devenir chancelier, alors oui, j’aurais pu saisir l’occasion maintes fois. Il aurait suffi que je trahisse les électeurs », a lancé Herbert Kickl pour justifier l’échec des discussions.

Les spéculations s’accumulent désormais sur les scénarios déjà venir. Nouveau vote, reprise de pourparlers pour former une coalition majoritaire, gouvernement minoritaire, cabinet d’experts : le président Van der Bellen va « s’entretenir dans les jours à venir avec les responsables politiques » et esquisser une sortie de crise.

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Dans les sondages, le FPÖ a par contre accentué son avance : il est crédité de 35 % des intentions de vote. L’ÖVP a chuté à environ 18 % et se trouve maintenant en troisième position, derrière les sociaux-démocrates.