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Autoroute A69 : Entre grosse fiesta et dispositif policier, que peut-il se passer ce week-end entre Toulouse et Castres ?

Direction Saïx, même si certains oublieront volontairement le tréma pour faire des blagues. C’est officiel depuis ce jeudi, cette petite bourgade du Tarn, située tout près de Castres, abritera ce week-end le camp de base de l’opération « Sortie de Route ». Des camping-cars y convergent déjà, et les bénévoles s’activent pour monter le chapiteau et installer les toilettes sèches. Le but : protester contre le démarrage du chantier de l’A69 entre Toulouse et Castres. Un projet de 52 km, vieux de trente ans. Les Sud-Tarnais espèrent qu’il va enfin les « désenclaver », les opposants – des petits maires, des agriculteurs, des riverains – pensent que son heure est passée et qu’il est devenu totalement « anachronique ».

Depuis fin janvier, le concessionnaire de l’autoroute, le groupe Atosca, fort de l’obtention des autorisations environnementales, a commencé les préparatifs du chantier et coupé les premiers arbres. Cette concrétisation, après trois décennies de flottement, a eu le don de tendre la situation. Des « écureuils » d’Extinction Rébellion s’y sont perchés pour empêcher les coupes, les « vieux » opposants du collectif « La voie est Libre (LVEL) ont multiplié les actions, et le camping militant des Platanes a fait son apparition dans des labours de Vendine, une commune dont l’alignement de platanes bicentenaires est menacé.

« Sortie de route » doit être le point d’orgue de cette mobilisation. Avec au programme des concerts, des débats, des acrobates, un grand concours de slogans. Et une « course de bolides », en caisses à savon ou en chariots, dont le vainqueur gagnera ironiquement 17 euros, soit le prix, du futur péage aller-retour entre Toulouse et Castres. « Il y aura aussi un vrai débat de fond avec des prises de parole importantes », se félicite un membre de LVEL, allusion à la présence samedi du très écouté climatologue Christophe Cassou ou l’économiste altermondialiste Geneviève Azam. Juste avant la fameuse « marche déterminée », dont pas grand-chose ne perce.

« Les phrases » du ministre de l’Intérieur

Le week-end s’annonce à la fois studieux et festif. Mais pas que. Il flotte aussi un parfum de Sainte-Soline. En premier lieu parce que, comme dans le Deux-Sèvres, le collectif Soulèvements de la Terre figure dans la liste des quatre coorganisateurs, aux côtés de LVEL, de la Confédération paysanne, et d’Extinction Rébellion. Ensuite parce que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur en personne, a clairement fait monter la pression.

Le 5 avril, il a cité devant l’Assemblée nationale, l’autoroute Toulouse-Castres comme un des chantiers où il y a des volontés d’installer des ZAD et « d’organiser des manifestations extrêmement violentes contre les forces de l’ordre ». Sans compter la note inquiétante des renseignements territoriaux qui a fuité chez RTL cette semaine et qui fait état de la possible présence « d’une centaine d’éléments radicaux » et d’un risque d’affrontements violents. Dans ce climat, beaucoup s’inquiètent sur les différents forums d’opposants de savoir s’ils doivent venir avec les enfants.

Et ce climat a le don d’agacer du côté de LVEL.  « On en est là parce que Darmanin a fait des phrases au lendemain de Sainte-Soline », lâche un porte-parole, clairement agacé par la question. « Depuis le temps, ça se saurait si on était de dangereux écoterroristes », ajoute-t-il. Un « dialogue constructif » a même été noué avec François-Xavier Lauch, le préfet du Tarn. Ce dernier confirme avoir reçu « dans les délais, une déclaration de manifestation au nom de la Confédération paysanne du Tarn et d’Attac Tarn » et propose « au collectif d’échanger sur cet événement dans un objectif commun de bon ordre public ».

 Interrogée sur le dispositif policier prévu, la préfecture de région indique que « comme pour chaque événement important », il « sera proportionné et adapté à la situation ». Un arrêté préfectoral interdit le transport « d’armes par destination » sur plusieurs communes et les survols par drone qui ne sont pas opérés par les forceq de l’ordre Les contrôles de police et de gendarmerie sont nombreux ce vendredi, en Haute-Garonne comme dans le Tarn. Mais Comme le dit LVEL, « Jusqu’ici, tout va bien », pas de sortie de route.