France

Au Festival de Cannes, la CGT manifeste contre la réforme des retraites

Une nuée de parapluies abritant presque autant de manifestants que de journalistes devant le Carlton. Une banderole pour dire « non » à la « réforme des retraites ». Mais, ni slogan, ni musique. « Vous voyez, nous ne sommes pas bruyants. Il y a une conférence de presse d’Harrison Ford et on ne veut pas le déranger. Il est client à l’hôtel. On n’est pas là pour perturber le Festival de Cannes. On est juste là pour faire porter notre voix. »

Ange Romiti, représentant CGT du mythique cinq-étoiles de la Croisette était en tête d’un mini-rassemblement organisé ce vendredi, à la mi-journée, dans la zone pourtant interdite à toutes manifestations par le préfet des Alpes-Maritimes. Le syndicat a trouvé la parade en s’installant sur le parvis de l’établissement, une parcelle privée, et donc forcément exclue du périmètre défini par les services de l’Etat. « On comprend bien qu’il y a des questions de sécurité mais il faut que la démocratie soit préservée, justifie le syndicaliste. Le Festival de Cannes, c’est aussi la liberté d’expression avec beaucoup de films qui traitent de la question du social. »

Une manifestation coincée entre deux structures publicitaires

Avant une prochaine manifestation prévue dimanche, sur le boulevard Carnot, en dehors du périmètre interdit, le rendez-vous était donc donné sur un petit carré pavé du Carlton. Avec la bénédiction des responsables de l’hôtel. « On n’a pas organisé de débrayage pour ne pas pénaliser l’activité de l’hôtel. Alors on nous a laissés faire », a encore précisé Ange Romiti. Le spot en question, un espace de quelques dizaines de mètres carrés, est coincé entre deux structures publicitaires pour des productions un plus éloignées des considérations sociétales, l’une à la gloire du prochain volet des aventures d’Indiana Jones et l’autre pour faire la promotion des derniers blockbusters de Paramount.

Et, au doigt mouillé (par la pluie qui s’est abattue sur Cannes ce vendredi), une vingtaine de salariés du « secteur de l’hôtellerie-restauration et des cafés » s’y étaient réunis. Selon Céline Petit, la secrétaire générale adjointe de l’Union CGT des Alpes-Maritimes, également sur place, ils sont venus « réaffirmer que l’abrogation de la réforme des retraites est toujours exigée, mais pas que ».

Les conditions de travail dans l’hôtellerie-restauration

Ce rassemblement « est aussi l’occasion de dénoncer la dégradation des conditions de travail que ces employés subissent depuis de nombreuses années et la pénibilité qui va aller encore en s’accentuant avec cette réforme », a-t-elle expliqué. « Il y a aussi la question des salaires qui ne bougent pas malgré l’inflation. Certains sont encore payés à des niveaux inférieurs au Smic », s’est-elle aussi emportée.

« C’est pourtant tout un secteur qui fait fonctionner le festival, pestait encore à ses côtés Ange Romiti. A cause des salaires, des horaires, parce que ce sont des métiers pénibles, on a du mal à trouver du personnel. On est en pénurie, y compris dans les grands hôtels. Mais ça se comprend. Le cadre actuel n’est pas suffisant pour encourager les gens à se porter candidat. » Autre volet des revendications affichées sur place, beaucoup plus local celui-ci, la CGT dénonce également « les conditions de travail d’une centaine de salariés du Carlton, sur un total de 600, privés de lumière naturelle dans le sous-sol » de l’hôtel qui a rouvert après près de trois ans de travaux. L’inspection du travail a été saisie.