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Au Canada, l’Alberta dévorée par les flammes attend la pluie

Depuis le début du mois, l’Alberta crame. Dans la seule région de « l’Oilberta », qui produit 82 % du pétrole canadien, plus de 800.000 hectares de forêt sont partis en cendres. Samedi, 2.500 pompiers y affrontaient encore 87 feux de forêt et de broussailles, dont 23 considérés comme non maîtrisés. Pire, les incendies se propagent à d’autres régions, provoquant un véritable « Canada drame », comme l’ont titré nos confrères de Libération.

Les feux touchent désormais le Saskatchewan, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest, rapporte Bill Blair, ministre canadien de la Sécurité publique. Des milliers de personnes ont été évacuées, à l’image de Debra Chambaud. « La maison me manque. J’espère la retrouver mais on m’a dit qu’elle avait brûlé », confie cette autochtone à la télévision publique CBC. Il y a deux ans, elle avait déjà perdu sa maison et son fils dans un autre incendie. « Je ne veux pas trop y penser mais c’est difficile », souffle-t-elle, depuis le refuge à 500 kilomètres de son village.

Sécheresse, chaleur et vent violent

Le Canada est particulièrement sensible au changement climatique. Le pays se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne du globe, et est régulièrement frappé par des évènements climatiques extrêmes depuis quelques années. En Ontario, plus de 780.000 hectares avaient brûlé en 2021, un record. Le même été, la Colombie-Britannique avait été écrasée plusieurs jours sous un « dôme de chaleur » par des températures approchant les 50 degrés.

« On a eu de la neige jusqu’aux chevilles seulement » cet hiver, a confié Cheryl Harris à Libération. D’ordinaire, la gérante du camping d’Entwistle s’enfonçait dans la poudreuse au moins jusqu’à la taille. A cet hiver trop doux a succédé un mois d’avril particulièrement sec, puis le mois de mai est arrivé avec des vents violents et des températures record. Cocktail parfait pour les incendies monstres, majoritairement causés par l’activité humaine.

La pluie arrive enfin

Pour combattre au mieux les flammes, le Canada s’est tourné vers l’aide internationale, Etats-Unis, Mexique, Australie et Nouvelle-Zélande en tête. Les parcs de la province de l’Alberta, qui a déclaré l’état d’urgence, ont par ailleurs été fermés au public ce week-end férié de mai pour réduire le risque de nouveaux départs de feu. « Compte tenu de la quantité d’incendies que nous observons actuellement, il faudra des mois avant qu’ils ne soient maîtrisés, à moins d’un changement météorologique important qui apporterait beaucoup d’humidité », expliquait le 18 mai Josée St-Onge, porte-parole des secours en Alberta parlant d’une « longue bataille ».

Ses prières semblent avoir été entendues. Alors que cette fin de semaine, les températures ont de nouveau été au-dessus des normales saisonnières, autour de 28 degrés, « nos prévisionnistes suivent un front qui arrive à partir de demain dans la province », a indiqué ce dimanche Christie Tucker, du service de lutte contre les incendies de l’Alberta. Ce phénomène météorologique « devrait apporter des températures fraîches essentielles, de l’humidité et même de la pluie » pendant « quelques jours ». Et d’ajouter : « Tout dépend où cette pluie tombera exactement… Mais dans la zone où nous l’attendons, cela devrait faire une grande différence. »