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Attention, le temps que vous passez aux toilettes peut nuire à votre santé

Ils sont devenus une extension de nous-mêmes, collés à nos mains et captant toute notre attention jusque dans nos lits. Au quotidien, nous sommes capables de passer de longues heures sur nos smartphones et autres tablettes, absorbés par tout un tas de vidéos souvent dispensables sur les réseaux sociaux. Et si on est honnêtes, beaucoup d’entre nous emportent aussi leur smartphone jusqu’aux toilettes, le temps de faire leur grosse commission.

Une habitude « cracra » qui, en plus de couvrir votre smartphone de bactéries, décuple le temps que l’on passe aux toilettes, ce qui n’est pas sans effets délétères sur la santé. Par quels mécanismes ? Et quelles en sont les conséquences ? 20 Minutes vous explique.

Trop de temps sur le trône

En moyenne, nous devrions passer cinq à dix minutes aux toilettes pour déféquer, selon le Dr Farah Monzur, professeure adjointe de médecine et directrice du Centre des maladies inflammatoires de l’intestin de Stony Brook Medicine à Long Island, aux Etats-Unis, citée par CNN. Or, les Français passent environ 45 minutes par jour aux toilettes, selon une enquête OpinionWay pour la compagnie des Déboucheurs publiée en 2023. Voire plus d’une heure chez certains sondés.

Pourtant, passer trop de temps sur le trône peut nuire à la santé. « Lorsque les patients se présentent à moi avec des plaintes, l’un des principaux domaines sur lesquels nous devons nous pencher en profondeur est le temps passé aux toilettes », indique à CNN le Dr Lai Xue, chirurgien colorectal au Centre médical Southwestern de l’Université du Texas à Dallas. Car rester en position assise de manière prolongée sur les toilettes est associé à « un risque accru d’hémorroïdes et d’affaiblissement des muscles pelviens ».

Pourquoi ? D’abord, être assis sur le siège de toilette comprime le postérieur et maintient le rectum dans une position plus basse qu’à la normale, ce qui affecte la circulation sanguine : les veines et les vaisseaux sanguins entourant l’anus et le rectum inférieur se dilatent et se gorgent de sang, ce qui augmente le risque d’hémorroïdes.

Se concentrer plus et forcer moins

Un phénomène dont Céline a fait la douloureuse expérience. « J’ai un transit capricieux, et j’ai pris cette mauvaise habitude d’aller aux toilettes avec mon smartphone, ce qui me fait tomber dans le trou noir des réseaux en me faisant rester aux toilettes bien plus longtemps qu’il ne le faudrait, confie la jeune femme de 33 ans. Pendant ce temps-là, je ne suis pas vraiment « concentrée » sur ce que je fais. A la longue, je me suis rendue compte que je poussais plus qu’il ne le fallait, et il y a quelques mois, au moment de la défécation, j’ai senti que « quelque chose sortait » et j’ai eu hyper mal. C’était une sorte de grappe de veines au niveau de l’anus. J’ai réussi à obtenir un rendez-vous avec une gastro-entérologue qui m’a dit qu’il s’agissait d’une crise hémorroïdaire, et que beaucoup de patients la consultaient pour le même problème, causé par la même mauvaise habitude : le smartphone aux toilettes ».

Si les écrans sont à bannir des chambres, ils devraient aussi l’être du petit coin. En pratique, scroller assis sur la cuvette des toilettes peut transformer ce qui devait être une pause stratégique de vidange de moins de cinq à dix minutes en séance interminable sur le trône. Et comme le soulignait Céline, se concentrer sur la tâche à accomplir quand on est sur le trône est important. Et il faut savoir ne pas forcer. Si la nature n’opère pas, mieux vaut retenter plus tard quand l’envie se fait sentir. Car forcer la poussée peut également causer des hémorroïdes. Mais parfois, il arrive que l’on passe trop de temps assis sur la cuvette à cause d’un autre problème de santé. Si le transit intestinal est régulièrement et durablement affecté, la constipation pourrait être le signe d’une autre pathologie, auquel cas il ne faut pas tarder à consulter un professionnel de santé pour établir un diagnostic.

De son côté, pour sortir de sa crise hémorroïdaire, Céline s’est vu prescrire « un traitement veinotonique, qui favorise le retour veineux, et surtout d’éviter de rester trop longtemps assise aux toilettes pour éviter la récidive. Inutile de dire que la spécialiste m’a conseillé de bannir le smartphone des toilettes ! Au total, cela a mis environ deux semaines à se rétablir, mais j’en ai chié, plaisante la jeune femme. J’ai eu vraiment mal ! Maintenant, le smartphone aux toilettes, c’est terminé ! »

Faciliter les opérations

Outre les écrans bannis du petit coin, passer moins de temps aux toilettes se prépare. Outre le smartphone, la constipation est une cause majeure responsable de l’allongement du temps passé aux toilettes. Pour lutter contre ce problème de santé, cela passe en premier lieu par l’assiette : « Une alimentation pauvre en fibres (pauvre en céréales complètes ou légumineuses) associée à une consommation insuffisante d’eau favorise la survenue d’une constipation », prévient l’Assurance maladie. Ainsi, « une alimentation équilibrée est un facteur qui peut vous libérer de la constipation. Consommez des aliments riches en fibres alimentaires pour augmenter la fréquence des selles et améliorer leur consistance. Les fibres ont un effet sur le transit par leur capacité à augmenter l’arrivée d’eau dans le côlon, par un effet stimulant direct sur l’intestin ». Au quotidien, il est ainsi recommandé de « privilégier les légumes verts et les fruits frais, de consommer de façon progressive du pain au son ou aux céréales complètes ainsi que de légumineuses », préconise l’Assurance maladie.

En bout de chaîne, certains détails sont aussi importants. Dans son ouvrage, le best-seller Le charme discret de l’intestin (éd. Actes-Sud), Giulia Enders a très largement étudié le microbiote intestinal et ce qu’elle nomme de manière peu conventionnelle et sans chichis « l’art du bien chier ». Et pour faciliter les opérations, la médecin allemande préconise d’adopter la position qui permettra d’atteindre « l’angle ano-rectal » optimal. Pour cela, il s’agit d’adopter la position accroupie. En pratique, pas besoin d’installer des toilettes turques à la maison : assis sur la cuvette, « il suffit de poser les pieds sur un petit tabouret bas et de pencher légèrement le buste en avant », préconise Giulia Enders. Un petit changement simple et efficace, pour un « largage » deux fois et demie plus rapide, sans douleurs ni difficultés.