Attentat de Mulhouse : La France envisage de restreindre la délivrance de visas aux Algériens
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Cela fait déjà plusieurs mois que les relations entre Paris et Alger sont exécrables. Et la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt après l’attaque mortelle au couteau samedi à Mulhouse. Le principal suspect de cet attentat est un Algérien de 37 ans en situation irrégulière en France et également fiché au FSPRT, le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français mais l’Algérie a « refusé à dix reprises » de le reprendre sur son territoire, a affirmé samedi soir Bruno Retailleau au 20h de TF1.
Après ce nouveau camouflet pour Paris, la France prévoit de durcir le ton avec l’Algérie. « On n’est pas obligé d’avoir des visas en quantité aussi importante », a estimé ce lundi la porte-parole du Gouvernement Sophie Primas sur RTL, suggérant aussi de « cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations franco-algériennes et ne plus leur donner de visas ». Ces deux mesures seront « sur la table » d’un conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi, qui concernera également « d’autres pays avec lesquels on a des problèmes de retour » pour les étrangers en instance d’expulsion du territoire.
Cibler « la nomenklatura algérienne »
Le député macroniste David Amiel (Renaissance) a abondé dans le même sens sur Franceinfo, estimant que « la priorité absolue à court terme » était de « remettre en cause l’accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa », afin de « faire pression sur le régime » en ciblant « la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires ».
Le vice-président du RN Sébastien Chenu a pour sa part jugé sur BFM TV que « le nombre de visas est excessivement important » et qu’on « pourrait aller jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun visa ». Le député RN du Nord a aussi listé d’autres leviers comme « les transferts de fonds, le fait de soigner des dirigeants algériens dans notre pays », ainsi que la révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie, qui est réclamée par le président Abdelmadjid Tebboune.
« Changer la loi » sur la rétention de sûreté
Sophie Primas a par ailleurs plaidé pour un durcissement de la loi sur la « rétention de sûreté », toujours en lien avec l’attentat de Mulhouse dont le suspect avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme. « Il faut réfléchir à changer la loi », a estimé la porte-parole du gouvernement, tout en rappelant que les dernières tentatives en ce sens ont été « à chaque fois retoquées par le Conseil constitutionnel ».
« La rétention de sûreté est un débat qu’on doit ouvrir », a également souligné Sébastien Chenu, proposant d’en « faire évoluer » les critères pour cibler davantage « des gens qui ont des potentiels de dangerosité avérée ou qui sont de possibles récidivistes ».