Assemblée nationale : Avec son « sentiment de submersion » migratoire, Bayrou menacé par la censure du PS
Alors que le gouvernement de Michel Barnier est tombé sur le budget, celui de François Bayrou va-t-il connaître la même fin mais cette fois sur l’immigration ? La question est posée alors que la pression monte sur le Premier ministre après ses propos controversés lundi soir sur ce dossier.
Ne choisissant pas de jouer la carte du mea culpa mais plutôt celle de l’explication de texte, le Premier ministre n’a pas du tout éteint la controverse. Il a en effet maintenu mardi devant l’Assemblée nationale son idée d’une « submersion » migratoire tout en la restreignant à Mayotte et à certains autres départements. Cette expression chère au Rassemblement national a divisé son camp et choqué la gauche, jusqu’à provoquer l’annulation d’une réunion des socialistes avec le gouvernement sur le budget et une éventuelle non-censure.
Le vocabulaire de « l’extrême droite », selon le PS
La France « approche » d’un « sentiment de submersion » en matière d’immigration, avait déclaré le locataire de Matignon lundi soir sur LCI. Le lendemain au Palais Bourbon, répondant au chef de file des députés socialistes Boris Vallaud qui l’accusait d’avoir « sciemment emprunté (ce vocabulaire) à l’extrême droite », il a expliqué qu’il voulait parler de Mayotte et de plusieurs autres départements, mais sans éteindre la colère de la gauche.
Un ancien ministre macroniste considère pour sa part que le chef du gouvernement « veut neutraliser le RN avec son expression », car il « considère désormais que la dynamique de censure se trouve plus à l’extrême droite qu’à gauche ». Mais il risque de faire « la même erreur que Michel Barnier », renversé en décembre, « il sous-estime la volonté de rupture de Marine Le Pen et celle de mettre à bas la caste politique », ajoute ce responsable. « Ce n’est pas avec un mot comme ça » que la « dynamique électorale du RN […] sera cassée », a jugé de son côté sur LCI le politologue Jean-Yves Camus.
Panot fustige « l’offensive raciste de Retailleau »
Et le tollé est donc général à gauche. Cela pourra-t-il influencer la décision du groupe socialiste de voter la censure du gouvernement sur le budget qui pourrait être soumis la semaine prochaine à l’Assemblée via l’article 49.3 de la Constitution ?
Le PS, qui cherche des concessions de François Bayrou en échange d’une non-censure, a annoncé l’annulation d’une réunion prévue mardi avec le gouvernement. « Ce qui s’est passé cet après-midi ne va pas dans le sens d’un accord de non-censure », a estimé le député PS Laurent Baumel. « Ne pas censurer le gouvernement Bayrou, c’est laisser continuer l’offensive raciste de Retailleau », a affirmé pour sa part la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain avait, elle, déjà prévu de voter la censure avant même de fustiger cette polémique.