Arrestation de Mohamed Amra : Comment est sécurisée l’extradition par avion du narcotrafiquant ?

Mohamed Amra bientôt de retour en prison. Le fugitif, qui s’est évadé il y a neuf mois, est extradé ce mardi depuis la Roumanie où il a été arrêté samedi après-midi. Malgré sa décision de faire appel de sa détention, le narcotrafiquant va être remis à la France dans les prochaines heures. Un transfert à hauts risques, pour lequel l’administration pénitentiaire a sollicité l’aide du GIGN. Selon nos informations, une équipe du groupe d’élite de la gendarmerie nationale est partie récupérer Amra sur le tarmac de l’aéroport de Bucarest.
« C’est un travail commun en termes de sécurisation. Pour les détenus comme lui, qui sont dans le haut du spectre, il y a toujours dans le convoi des personnels de l’administration pénitentiaire et de la police ou de la gendarmerie », explique à 20 Minutes une source place Vendôme. Un fuyard arrêté à l’étranger peut être renvoyé en France de plusieurs manières. « En général, ils sont transportés par avion. Ils peuvent voyager sur des vols commerciaux en étant escortés par une équipe en civil qui a fait le déplacement. Parfois, ils sont juste réceptionnés par les autorités françaises à l’arrivée », poursuit cette source.
« Nous avons l’expertise de ce type de mission »
Les détenus les plus dangereux peuvent être renvoyés dans l’Hexagone à bord d’un avion militaire ou d’un autre appareil affrété par la République. Ils sont confiés aux Eris, les équipes régionales d’intervention et de sécurité de l’administration pénitentiaire, composées de personnels « armés et spécialement formés » pour ce type d’intervention.
Concernant Mohamed Amra, les autorités n’ont voulu prendre aucun risque en sollicitant l’assistance du GIGN. « Nous avons l’expertise de ce type de mission, nous avons effectué les escorts de Salah Abdeslam et de Rédoine Faïd, nous avons démontré notre compétence », insiste auprès de 20 Minutes une source proche du groupe d’intervention, ne souhaitant pas donner plus de détail sur l’opération en cours pour des raisons évidentes de sécurité.
Les gendarmes, qui ont été mis en alerte lundi soir, ont préparé cette mission en très peu de temps. Ils escorteront ensuite le narcotrafiquant jusqu’à son lieu de détention. « Les itinéraires, les axes empruntés » ont été repérés.
Quartier d’isolement
La procureure de Paris, Laure Beccuau, a indiqué ce mardi sur franceinfo qu’une réunion a eu lieu lundi pour étudier dans quelle prison française Amra serait incarcéré à son retour. Le ministre de la Justice « a demandé que Mohamed Amra soit placé dans un quartier d’isolement, dans un établissement pénitentiaire présentant un très haut niveau de sécurité », a fait savoir à la presse l’entourage de Gérald Darmanin. « Le juge judiciaire peut s’il le souhaite procéder à une mise à l’isolement judiciaire. Le ministre peut également décider d’un isolement administratif au regard de la dangerosité de la personne détenue », précise cette source.
Le narcotrafiquant doit aussi être présenté à un magistrat. Un rendez-vous qui se tient habituellement dans le bureau du juge au tribunal. Mais ce trajet est particulièrement sensible sachant qu’Amra s’est évadé, le 14 mai 2024, après avoir été extrait de sa cellule en Normandie pour être amené à un juge d’instruction.
Entendu par visioconférence par le magistrat
Depuis, l’ancien garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a souhaité développer « le recours à la visioconférence pour les présentations aux magistrats et certaines audiences » afin de limiter les risques d’évasion et d’agressions pendant les transferts. Amra pourrait donc retourner derrière les barreaux directement en descendant de l’avion, sans passer par le tribunal,