France

Armée : Pour la patrie ou pour gagner des sous, les Français sont-ils prêts à investir dans le livret « spécial défense » ?

Entre la menace russe et le désamour de l’allié américain, l’Europe a prévu de consacrer 800 milliards d’investissements militaires, histoire de peser dans le game diplomatique. Mais comme l’argent ne tombe pas du ciel, pour financer le réarmement du pays, le gouvernement français va lancer une sorte de livret d’épargne accessible à chaque citoyen, avec un ticket d’entrée à 500 euros.

Alors qu’on ne connaît pas tous les détails de ce fameux produit d’épargne, les lecteurs de 20 Minutes sont tout de même plus d’une centaine à avoir répondu à notre appel à contributions. Alors, sont-ils prêts à investir leurs économies pour financer l’augmentation des dépenses militaires ?

Les patriotes tout court

Cet appel du gouvernement a révélé – ou réveillé – la fibre patriotique de la majorité des répondants. Parce que oui, beaucoup ont dit « banco » avant même de savoir les conditions de rémunération de ce livret d’épargne. « Sans l’ombre d’un doute et sans aucune hésitation, je placerai tout ce que je possède (env 15k) quel que soit le taux », se réjouit Pitchopingo, 46 ans. « Si personne ne se sent concerné, il sera trop tard pour réagir si la guerre arrive sur notre pays. C’est donc un geste patriotique que je ferais et non pour intérêt financier », renchérit Thomas, 22 ans.

Lucas, 25 ans, estime que « cela fait des années que ça aurait dû être mis en place ». Il va plus loin, affirmant que « l’Etat devrait le faire d’office sur le livret existant ». Au contraire, Ivan, 35 ans, salue le principe « du volontariat » plutôt que de se faire « ponctionner ». Et son épargne, le trentenaire se plaît à la voir utilisée pour « maintenir la souveraineté de la France ».

Daniel y voit « un investissement sur notre proche avenir ». A 60 ans, cet ancien militaire se demande à quoi bon investir « dans l’éducation nationale ou pour des retraites à 60 ans si c’est pour se retrouver avec un dirigeant russe auto-proclamé, plus de retraite, et plus d’avenir pour nos enfants ». Patrick, 66 ans, imagine déjà le pire. « J’ai passé l’âge de combattre. Tout ce que je peux faire est d’aider à l’effort de guerre, pour rattraper notre immense retard », lance-t-il. Idem pour Philippe qui, s’il était « plus jeune », n’hésiterait pas « à prendre les armes ».

Les patriotes intéressés

On peut aussi être d’accord sur le principe tout en espérant un retour sur investissement minimum. Comme Isabelle, qui « souhaite connaître la rémunération avant toute décision ». Alain et Patrick, eux espèrent au minimum un « placement au taux du livret A ».

A 75 ans, Jacques est plus pragmatique. Il n’est prêt a y aller que si la durée d’immobilisation de son épargne « est de deux ans seulement » (contre les cinq ans annoncés) et qu’avec un « taux d’intérêts au-dessus de 4 %, exonéré d’impôts ». Un rendement « de 4 % minimum net » aussi pour Denis, 64 ans, qui reconnaît être « patriote mais pas seulement ». Un poil plus gourmand, Jules estime qu’à « plus de 6 % par an », cela devient « intéressant ».

Professionnel libéral, Grégory, 52 ans, ne réclame pas un taux particulier mais souhaite plutôt « un placement défiscalisable ». Isabelle, 50 ans, a pour seule condition que son épargne serve à acheter « des produits fabriqués en France » et uniquement pour « la stricte défense » du pays. Une autre condition est posée par Lio, 65 ans : elle est prête à lâcher son épargne uniquement si « Macron démissionne ».

Les patriotes pacifistes

Sinon, on peut être patriote sans avoir envie que ses économies finissent dans les poches des marchands d’armes. Et José le dit bien fort : « Je ne souhaite pas financer des armes pour aller tuer des enfants et des gens ». Bruno, 67 ans, « refuse de manière plus que drastique » que son argent soit utilisé pour ça. « Je pense que le patriotisme devrait être en priorité de s’occuper de son pays et de l’ensemble des choses qui dysfonctionnent et qui nuisent à la qualité de vie de beaucoup de nos compatriotes », insiste-t-il.

Michelle le suit un peu sur ce coup-là. Ses sous ne financeront pas d’armes, en revanche, « faire la même chose pour la recherche médicale, je suis d’accord », assure la septuagénaire. Idem pour Jean-Paul, qui trouve « honteux » de « financer l’achat d’armes alors que les hôpitaux s’écroulent, que les écoles sont vétustes, que les infrastructures publiques sont à refaire ».

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D’autres refusent par principe. Ce même Jean-Paul qui lance un « non aux armes, non à la guerre ». Ou Sébastien, dont l’argent ne servira pas à « fabriquer des bombes » parce qu’il refuse de « tuer indirectement » quiconque, « quelle que soit sa nationalité ».